Opinions of Sunday, 8 September 2024

Auteur: Bossadi Géraldin

Samuel Eto'o de retour devant la justice

Samuel Eto'o Samuel Eto'o

L’affaire opposant Samuel Eto’o fils, Président de la Fécafoot et un modeste hôtel de la ville de Yaoundé, le Massao Palace hôtel, sera de nouveau appelée le mardi 10 septembre 2024 au tribunal de première instance du centre administratif de Yaoundé. Lors de la dernière audience le mardi 09 juillet 2024, après l’identification du représentant du Massao Palace hôtel, les avocats de Samuel Eto’o qui venaient de se constituer avaient demandé le renvoi de l’affaire, ce qui leur avait été accordé. Au cours de cette audience, la partie plaignante avait été agréablement surprise de constater que la Fécafoot avait constitué deux brillants avocats pour plaider sa cause. Elle était d’autant plus heureuse de la présence de ces artistes du droit pour défendre le grand 09 que depuis le début de l’affaire, la Fécafoot et le sieur Eto’o avaient brillé par leur absence à tous les niveaux de la procédure, faisant preuve d’arrogance, de mépris et de condescendance vis-à-vis des représentants d’un petit hôtel qui a offert des prestations à la Fécafoot et qui ne demande depuis deux ans rien de moins que son dû pour un service effectivement rendu.
Rappel des faits
En rappel, le sieur Eto’o fils Samuel est poursuivi dans cette affaire pour complicité de filouterie d’hôtellerie. En sa qualité de Président de la Fecafoot, il a logé au Massao Palace Hôtel situé à Tsinga à Yaoundé deux clubs de football, Colombe du Dja et Lobo et Stade Renard de Melon du 5 mars 2022 au 7 mai 2022. Sur une facture d’environ 12.000.000 (douze millions de francs), Monsieur Samuel Eto.o avait ordonné le paiement d’une première avance de 700.000 (sept cent mille francs) en espèces, et une seconde avance de 1500.000 ( un million cinq cent mille francs) par virement direct du compte de la Fecafoot à celui du Massao Palace Hôtel.
Puis, plus rien. En vain, le Massao Palace Hôtel a épuisé les voies de l’amiable en inondant la Fécafoot et son célébrissime président de courriers tous polis et courtois. Des centaines de promesses ont été faites sur le même refrain : « seul le Président peut ordonner le paiement de votre facture. Pour le moment, il n’a encore rien dit. » Deux ans que le Massao Palace Hôtel patiemment.
Pour ceux qui savent comment fonctionne la gestion hôtelière, tout se paie sur place et avant. D’un point de vue purement managérial, aucun directeur d’exploitation d’hôtel, si riche soit la structure, ne peut laisser dans les poches d’un client la somme de 12.000.000 ( douze millions de francs) pendant deux ans.
Voilà donc une toute petite entreprise hôtelière familiale qui emploie une quinzaine de Camerounais à qui elle paie les salaires pour faire vivre leurs familles dans un environnement où l’hôtellerie a été sinistrée par la crise du covid depuis 2020 et peine à se relever de ce choc si violent, dans un pays de moins en moins attrayant pour les visiteurs et les investisseurs étrangers.
Voilà une toute petite entreprise familiale qui tire le diable par la queue et qui se trouve aujourd’hui obligée de recourir à la justice, de sacrifier temps, argent et argumentaires pour recouvrer son dû confisqué par une fédération qui, dit-on, brasse des milliards, dont le président, affabulateur, narcissique, adepte du clinquant et fasciné par les lumières de la caméra et sa beauté sublimée par ses fantasmes, voyage en jet privé avec sa famille et fait des largesses à coups de millions à gauche et à droite pour sa gloriole.
Sur la seule base de sa célébrité et de tout ce qui se disait autour du personnage qui serait aussi riche que Crésus, qui promettait de redorer le blason du football camerounais à coups de milliards « de sa poche », qui avait promis, du haut de l’immensité de sa fortune personnelle de ne « toucher aucun salaire durant son mandat », misérable pitance que paie la Fécafoot à son Président, l’hôtel avait accepté de tout pré financer, tout, y compris les repas des joueurs dont la liste du menu était fournie par leur nutritionniste.
Ayant épuisé les voies de recours pour un règlement amiable de sa facture, le Massao Palace Hôtel n’a pas eu d’autre choix que de porter l’affaire là où elle se trouve aujourd’hui.
Intimidations, menaces, hiboux, etc.
Depuis la mise sur la place publique de cette affaire, la milice du gourou ne cesse de proférer des menaces et d’intimider les témoins. C’est comme si le Massao Palace Hôtel avait provoqué un essaim d’abeilles. Sur les réseaux sociaux, le promoteur de l’hôtel est trainé dans la fange à longueur de journée par des profils qui se réclament de Samuel Eto’o fils. Le pauvre promoteur est affublé de tous les noms d’oiseaux dont notamment celui de hiboux, et accusé à tort d’être commandité. Par qui ? La direction du Massao affirme que cette affaire peut prendre fin ici et maintenant si sa facture est payée. Elle ne réclame ni plus, ni moins. Au lieu d’ordonner le paiement de cette facture qui attend depuis deux ans, l’on est surpris que ses partisans mobilisent des hordes de barbares pour téléphoner à la réception de l’hôtel et, sans décliner leur identités, proférer des menacent sur le personnel et sur l’infrastructure hôtelière. Cette horde de partisans hystériques qui se répandent sur les réseaux sociaux et dans les médias et dont certains comparent Samuel Eto’o à Jésus Christ et d’autres qui déclarent que « Être contre Samuel Eto’o c’est être contre Dieu » oublient de lui dire de payer sa facture, simplement. Rien de plus.
Cette meute qui se répand sur les réseaux sociaux a réussi, par ses agissements barbares et sauvages à contraindre à la démission un membre du personnel de l’hôtel et un témoin directement impliqué dans les opérations à la réception de l’hôtel au moment des faits. Craignant pour sa vie, ce jeune camerounais a préféré jeter l’éponge plutôt que de venir témoigner devant le tribunal contre Samuel Eto’o connu comme « L’homme aux bras longs de jour comme de nuit, l’homme à qui de nombreux magistrats, juges ou procureurs, obéissent au doigt et à l’œil ».
En effet, dans un article paru dans le journal ACTU Cameroun du 09 avril 2024 au titre révélateur : « Défiance de l’Etat par Samuel Eto’o : certains juges de Yaoundé mis en garde par le ministre de la Justice »
on peut lire ceci :
« La réunion tenue vendredi 5 avril 2024 à 14h au Parquet général de Yaoundé Centre administratif est un coup porté sur le réseau d’influence de l’ancienne star au sein de l’appareil judiciaire. En pleine polémique sur la désignation du staff technique des Lions indomptables et à la suite de la défiance de Samuel Eto’o vis-à-vis des instructions présidentielles, le ministre de la Justice, Laurent Esso a tenu à faire passer un message sans équivoque aux juges et procureurs », note le journaliste Boris Bertolt.
« Désigné pour porter le message, Jean Kleber Ntamark Fils, le procureur général de Yaoundé, a rassemblé les magistrats avant de leur répercuter l’avertissement gouvernemental. « La hiérarchie sait que Samuel Eto’o a des amis ici, ils sont parmi vous, a-t-il dit à ses interlocuteurs. Elle me charge de vous dire de lui passer le message de bien se tenir sinon c’est encore à vous qu’il reviendra de rendre justice », explique le journaliste et criminologue »
C’est dire la profondeur du mal et la raison pour laquelle ses nombreux autres créanciers, dont notamment des hôtels, des restaurants, des agences de voyages et autres rechignent à porter l’affaire devant les tribunaux. Les dés seraient pipés et la justice entièrement à ses ordres. C’est ce qu’on verra. Nous y sommes, nous y serons, nous irons là où il faudra pour que justice nous soit rendue.
Imposture
Incarnation de l’échec patente d’un jeunesse sans repère, Samuel Eto.o conduit ces milliers de jeunes qui le suivent à l’aveuglette comme des moutons de panurge tout droit au naufrage. Déboussolés et sans avenir, ils ont trouvé en cet imposteur leur veau d’or.
L’homme qui allait « redorer le blason du football camerounais »
L’on se souvient de l’arrivée triomphale de ce personnage à la tête de la Fécafoot, ponctuée par des promesses hyperboliques sur la « refondation du football camerounais ». Il était, nous disait-on, venu instaurer l’éthique et le professionnalisme dans la gestion du football camerounais, redorer son blason. Exubérant, monté sur ses ergots, le prométhée ne s’était pas privé de faire des annonces tonitruantes, toutes fondées sur sa supposée fortune « immense et inépuisable » selon un de ses zélotes. Puis, patatras. On découvre qu’il n’a payé ni les hôtels, ni les agences de voyage, ni les restaurants. Les dettes s’accumulent. Puis, alors qu’on s’attendait à ce qu’il sorte son chéquier, il demande les subventions de l’Etat. Il avait promis un bus neuf. Ses partisans filment le bus d’une société de transport et affichent partout qu’il vient de l’offrir aux Lions Indomptables. Mensonge ! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, écrivent les sages. C’est encore plus vrai avec un personnage comme Eto’o qui manipule à la perfection les consciences assoupies et les ventres affamée, et qui au passage, jette quelques miettes à des fanatiques à la gueule ouverte. Avec la rupture du contrat avec One All Sports, on atteint le summum de l’incompétence managériale moins de deux ans après tant de promesses.
Un enfant gâté
Le Président de la Fecafoot est un enfant gâté à qui les parents offrent des jouets à prix d’or qu’il casse les uns après les autres en sachant qu’il y en aura d’autres, et de plus beaux encore et encore qu’il cassera. Il y a eu la rupture abusive du contrat avec Concecao qui a coûté au contribuable camerounais près plus d’un milliard de francs cfa. Puis est venu celui de la rupture abusive du contrat avec le Coq Sportif qui n’a pas coûté moins de du milliard de francs cfa. Voici celui de One All sports. Ceux qui avaient déclaré à juste titre que One all sports est un prétexte et une boîte à lettre dont sert le goléador pour empocher quelques millions avaient-ils eu tort ?
Les limites de l’imposture
L’imposture a des limites. Le caractère ombrageux du personnage ne pouvait pas longtemps cacher sa vacuité. Footballeur, sur le terrain, il fut l’un des meilleurs. Capitaine de l’équipe nationale du Cameroun, il fut l’exemple parfait de la mauvaise gestion des hommes dans une équipe. L’histoire retiendra qu’il refusa la main tendue du Premier Ministre devant 50.000 spectateurs camerounais médusés et qu’il jeta par terre le brassard aux couleurs de la nation. Samuel Eto’o est un monstre créé de toutes pièces par nous-mêmes sur l’autel de la passion du football. L’imposture et l’arnaque ont des limites que Samuel Eto’o semble ne pas voir, aveuglé qu’il est pas les lumières vives de son image mentale et surtout l’illusion d’être un homme à part, un homme pas comme les autres, hors normes, maître de tous et tout, sorte de personnage de cinéma dont le rôle est sur joué dans un décor et sur un plateau de tournage qu’il croit avoir sous son contrôle.
La feymania a également ses grandeurs, ses splendeurs et ses limites, surtout lorsqu’on confond la capacité à marquer des buts sur un stade à celle de gérer une organisation de la taille de la Fécafoot. Surtout lorsque le constat est patent que depuis qu’il a raccroché les godasses, il a volé d’échecs en échecs dans ses affaires personnelles et qu’il vit arc-bouté sur un passé à jamais révolu et sur des «j’ai été... j’ai été...j’ai été... ». L’imposture a ses grandeurs, ses splendeurs et ses limites, surtout lorsqu’un quidam à l’égo surdimensionné écrit le scénario d’un film de fiction sur mesure dont il est à la fois l’acteur principal, une sorte de superman, le producteur, le réalisateur, le metteur en scène, l’éclairagiste, le producteur, l’ingénieur du son, et même le monteur et le distributeur.
Samuel Eto’o fils incarne le naufrage de la jeunesse camerounaise, sa fuite en avant sur l’autoroute de l’illusion, du factice et du semblant, sa descende dans les profondeurs abyssales de son anéantissement.
Samuel Eto’o est aujourd’hui le symbole d’un pays dont la jeunesse essoufflée et désorientée attend le Messie qui s’est présenté à elle sous la forme d’un feyman malhonnête qui vit au jour le jour grâce au mensonge et à la manipulation des consciences. Il représente une nouvelle génération de faymen qui séduit les jeunes avec un charme inexplicable, et dont l’horizon se construit sur le mensonge et la manipulation de la conscience d’une horde de pauvres gens candides.
Les sociétés défaillantes
En écoutant et en lisant les jactances des partisans de cet illusionniste dans leurs délires mortifères pour laudater ce luciférien qui zone aux frontières du néant , je me suis souvenu que lorsqu'on avait demandé à l'écrivain russe Anton Tchekhov quelle était la nature des sociétés défaillantes, il avait eu ces mots qui résonnent comme s’ils étaient écrits pour le Cameroun et son 09 national : "Dans les sociétés défaillantes, il y a mille sots pour chaque esprit éclairé, et mille paroles grossières pour chaque mot conscient. La majorité reste toujours ignorante, et l'homme raisonnable est constamment vaincu. Si vous voyez des sujets futiles dominer les discussions dans une société, et les sots occuper le devant de la scène, alors vous êtes en présence d'une société très défaillante... Par exemple, les chansons et les paroles vides de sens trouvent des millions de gens pour danser et les répéter, et le chanteur devient célèbre, connu et aimé. Au point que les gens prennent son avis sur les questions de la société et de la vie."
Nous sommes arrivés, dans ce pays, à un tel ensauvagent de l’exercice du pouvoir que ceux qui en exercent la moindre parcelle se sentent investis du droit de maltraitance vis-à-vis de leurs concitoyens. Monsieur Samuel Eto’o fils et ceux qui sont fait du même bois que lui considèrent le simple citoyen camerounais comme un butin de guerre.
Voilà un homme condamné ici et là pour des questions d’éthique qui se pose aujourd’hui en modèle. Pour quelle jeunesse ? Voilà un illusionniste de l’absolu qui s’est construit un personnage fictif qu’il joue à la perfection hors sol, dans un monde qui n’existe que dans ses fantasmes et dans les délires de ses partisans aveugles à ses errements et à son incompétence notoire.
Le fanatisme de ses partisans, caractéristique d’une société décadente et aveuglée par les lumières du mensonge et de la manipulation des consciences rappelle la mythologie du flutiste de Hamelin : « L'homme prit sa flûte et par sa musique attira les rats qui le suivirent par milliers jusqu'à la Weser dans les eaux de laquelle ils se noyèrent »
Ce qui est rassurant pour les nombreuses victimes de tels imposteurs, c’est que malgré leur pouvoir sur la police, sur les magistrats et sur les milieux mafieux, ils sont leurs propres ennemies de l’intérieur. Ils produisent par eux-mêmes et en eux-mêmes les substances chimiques nécessaires pour leur auto implosion.
Par Bossadi Géraldin