Dans un couurier adressé à Samuel Mvondo Ayolo, Jean Brun, pas très connu de l’opinion publique camerounaise et du monde des médias en France, fait le point sur la situation d’Africa 24 tout en lui demandant de payer une partie de l’argent que doit verser le gouvernement camerounais dans le cadre du contrat qui lie le groupe à la République du Cameroun. Selon le lanceur d'alertes Boris Bertolt, en réponse à cette correspondance, Samuel Mvondo Ayolo promet le payement de cet argent.
Les employés de la chaine Africa 24 annoncent une grève illimitée jusqu’au paiement de leurs trois mois d’arriérés de salaire. Pour l’instant les responsables de la chaine n’ont pas de solution car il n’y a pas d’argent.
Si depuis 2019, la chaine de télévision basée à Paris est détenue par le gouvernement camerounais, elle est officiellement sous le couvert de la société française A Media France SAS. C’est cette société qui a signé la convention de la chaîne avec le Conseil Supérieur de l’audiovisuel en France. Elle a aujourd’hui pour président délégué, le français, Jean Brun.
En date du 6 décembre 2021, Jean Brun, pas très connu de l’opinion publique camerounaise et du monde des médias en France adresse une correspondance à Samuel Mvondo Ayolo dans laquelle il fait le point sur la situation d’Africa 24 tout en lui demandant de payer une partie de l’argent que doit verser le gouvernement camerounais dans le cadre du contrat qui lie le groupe à la République du Cameroun. La réponse du cabinet civil est intervenue le 8 décembre 2021.
Dans sa correspondance, Samuel Mvondo Ayolo écrit : « J’ai bien reçu votre correspondance de référence donnant un compte rendu des activités de A Media France SAS, dans le cadre de votre contrat avec la République du Cameroun ». Preuve que la chaîne de télévision est effectivement passé sous le contrôle de l’Etat du Cameroun qui assure un contrôle éditorial. Pas surprenant que les violations de droits de l’homme, le tripatouillage de la démocratie, les massacres en zone en anglophone et les prisonniers politiques au Cameroun ne sont pas des sujets prioritaires pour la chaine.
Par la suite, le directeur du cabinet civil souligne : « Pour ce qui est du règlement de la deuxième tranche de votre facture en cours pour l’année 2021, je tiens à vous rassurer de ce que le paiement sera effectué cette semaine par le ministre des Finances qui a de nouveau été saisi à cet effet ». Problème : l’argent n’a pas été débloqué car les caisses de l’Etat sont vides.
Mais, les employés d’Africa 24 dénoncent également une gabégie et un management de prédation de l’équipe de gestion qui avait déjà été à l’origine du dépôt de bilan avant sa reprise par le gouvernement camerounais. Un cadre de la chaine prend par exemple le cas de Jean Brun et souligne : « Il vit principalement à Montpellier et vient au bureau d’Africa 24 à Paris quelques fois par mois. Le reste du temps, il croque les milliards du contribuable camerounais. Le montage qui été fait c’est que son entreprise a un contrat pour la gestion d’Africa 24. Il joue le rôle de président », contacté Jean Brun n’a pas souhaité s’expliquer sur ces accusations.
Rappelons au final que le tribunal de commerce de Nanterre soulignait dans son jugement que les difficultés de la chaîne étaient liées « au déséquilibre structurel du modèle économique bâti exclusivement sur les subventions d’Etat. La société était très fortement dépendante de la volonté des Etats actionnaires à poursuivre les subventions nécessaires à l’équilibre de l’exploitation ».
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