Opinions of Monday, 18 June 2018

Auteur: 237online.com

Sans dauphin, Biya va finir comme deux anciens présidents africains les plus adulés

Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans

Quel fin pour le président Paul BIya, au pouvoir depuis plus de 35 ans? Paul Biya finir comme Eyadema ou Mobutu? Mourir au pouvoir ou en exil, voilà l’alternative qu’offrent les appels à candidature pour un nouveau bail de l’actuel président de la République du Cameroun à la tête de l’Etat.

Le journal Intégration lance son appel pressant au président Biya, en lui proposant une troisième option. Allégories contemporaines sur Eyadema et Mobutu. C'étaient des hommes de convictions qui, à des moments décisifs, savaient tenir bon.

Mobutu Sésé Séko du Zaïre, actuel RDC et Gnassingbé Eyadema du Togo (respectivement 32 et 38 ans aux destinées de leurs pays) avant de «quitter» le pouvoir, étaient aussi des champions d?alliances changeantes dans la géométrie variable. Ils ont toujours su faire taire les rumeurs sur leur état de santé déclinant, pendant que leurs dauphins attendaient impatiemment leur tour. Malgré leurs âges canoniques, ils n’avaient pas songé à nommer de successeur potentiel et assuraient pouvoir gouverner jusqu’à 100 ans.

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Et le même plaisir prométhéen de jouer avec les humeurs de leurs peuples comme s’il s’agissait des grandes orgues de Notre?Dame étaient leur hobby. Ils étaient des présidents aux multiples surnoms : «Léopard du Zaïre», «Léopard de Kinshasa», « Aigle de Kawele », « Dinosaure du Togo », « Requin de Lomé »… Ils célébraient les anniversaires de leurs arrivées au pouvoir par de multiples défilés populaires, et réjouissances civiles et militaires dans leurs capitales respectives.

Ils clamaient même qu’il fallait des élections propres dans leur pays. Les ayant enfin obtenues, dans les conditions de régularité qu?ils avaient longtemps vainement revendiquées, Eyadéma et Mobutu n'allaient pour rien au monde se laisser voler «leur» victoire. Et même avant les « scrutins », ils se vantaient de ne pas avoir besoin de sortir pour faire campagne. Ils clamaient que leurs compatriotes les connaissaient et savaient les juger.

«Malentendus»

Et si les Togolais et les Zairois ne comprenaient pas pourquoi Eyadema et Mobutu se portaient candidats à chaque fois, les malicieux hommes tournaient en argument à leur faveur les désordres ambiants. Et la réprobation du monde entier, les mises en garde de leurs pairs africains? Paris les battait froid, Washington les boycottait, la Banque mondiale suspendait ses crédits. Sous les masques présidentiels, perçait un tempérament coléreux.

Après, l'armature du Togo et celle du Zaire, jadis sollicité par Mobutu et Eyadema pour porter leur candidature, a volé en éclats, entre «rénovateurs», «barons» et le plus grand nombre» de «mendiants» du pouvoir ou de l'opposition. Tardivement, les deux grands hommes commençaient de se rendre compte qu?ils risquaient de se faire doubler.

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Pas par quelque dauphin, mais par la mort. Et la mort a fini par les enfoncer dans un coin. Et bonjour les désordres. Leurs décès semblaient avoir pris de court l’ensemble des appareils d’Etat. Au Togo où la constitution prévoyait «qu’en cas de vacance de la présidence de la République par décès, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l’Assemblée nationale...» Avant qu’une élection présidentielle soit organisée «dans les soixante jours de l’ouverture de la vacance».

Or, deux heures après l’annonce du décès d’Eyadéma, le général Zakari Nandja, chef d’Etat-major de l’armée togolaise, annonçait la nomination à la présidence du fils du président défunt, Faure Gnassingbé, en lieu et place du président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba Ouattara, présenté comme « absent du territoire national ». A Kinshasa, le scénario était différent. Mobutu avait quitté le pouvoir dans des conditions de fuites. Les Américains de la CIA lui avaient permis d’échapper in extremis à l’insurrection conduite par Kabila père.

Mobutu Sésé Séko s’en ira en exil... au Maroc, faute de mieux. Abandonné à lui-même dans une quasi indifférence, sans le moindre sou pour ses soins de santé, le dictateur déchu rendra l’âme quelque temps après. Il sera enterré dans son pays d’exil, sans tambours ni trompettes. Triste fin.