Cette année, la semaine des martyrs se commémore au Cameroun du 13 au 20 septembre. C’est la période consacrée aux Camerounais tombés pendant la lutte pour l’indépendance. Dans son numéro du 16 septembre, La Nouvelle Expression a choisi sept lettres pour expliquer la commémoration.
A comme archives
La visite d’Etat le 3 juillet 2015 du Président Français François Hollande au Cameroun avait permis d’évoquer les relations franco camerounaises durant la période de « maquis ». Une évocation qui avait en outre débouché sur l’annonce de la déclassification des archives notamment sur la période allant de 1945 à 1960. Un projet qui traîne en longueur même si en janvier 2016, le quotidien Mutations’indiquait que les autorités françaises se penchaient déjà sur le sujet à travers des réunions et le regroupement desdites archives.
C comme commémoration
La semaine des martyrs s’étend traditionnellement du 13 septembre (date commémorative de l’assassinat de Ruben Um Nyobe) au 20 septembre. Une période qui au-delà de réveiller la fibre « upciste » des militants et sympathisant du parti du Crabe, intéresse également de nombreux Camerounais. Ainsi, au cours de ladite célébration, il est question de rappeler à la conscience collective, les efforts et sacrifices faits par les indépendantistes pour l’accession à l’indépendance du pays. Un rappel qui passe dès lors par des meetings, des conférences-débats, des recueillements et autres activités socioculturelles.
D comme division
Il est un secret de polichinelle, les « héritiers » de Ruben Um Nyobe ne filent pas le parfait amour. Pour preuve les différentes tendances nées au fil des ans. On a la faction de Louka Basile, Charly Gabriel Mbock, celle qui a eu la reconnaissance du Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MINATD). On a également celle de l’Honorable Robert Bapoh Lipot qui au gré du contexte noue et dénoue des alliances avec son pair de l’Assemblée nationale Sendé Pierre. Ce dernier se réclamant également (à ses heures) Secrétaire général de l’UPC. Une autre tendance. La liste ne s’arrête toutefois pas là. On a également la tendance de Vincent Onana, l’UPC des fidèles, celle du Pr. Jean Bahebeck en est une autre. Parler du MANIDEM (le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie) d’Anicet Ekanè ne serait pas rédhibitoire. Ce parti politique se réclamant de l’UPC. Un vrai panier à Crabe.
F comme France
«La guerre cachée de la France en Afrique» titrait le journal le Nouvel Observateur en Janvier 2011. Ainsi, qui dit semaine des martyrs-UPC dit France. L’Hexagone n’est en effet pas oublié au cours de la célébration de la semaine des martyrs. Depuis la reconnaissance par le Président Français François Hollande des massacres en pays Bassa et Bamiliké, au cours de sa visite éclair au Cameroun en juillet 2015, les militants de l’UPC, du moins en partie, sont passés à des réclamations autres que la reconnaissance du massacre perpétré par l’ancienne puissance coloniale. En effet, certaines factions ne cessent de réclamer des dividendes pour les familles des victimes des troupes françaises. L’on se rappelle par exemple que la tendance de Jean Bahebeck s’était livrée il y a environ un an à cet exercice.
H comme héros
Véritable épicentre de la semaine des Martyrs. Le plus adulé, Ruben Um Nyobe, tombe le 13 septembre 1958. Il était le Secrétaire général de l’UPC crée en 1948. Un autre, Felix Moumié, médecin, meurt empoisonné à Genève le 3 novembre 1960. Ernest Ouandié quant à lui, est fusillé le vendredi 15 janvier 1971. Ossendé Affana, est tué le 15 mars 1966 à l’âge de 36 ans, pas loin de la frontière congolaise. Voici quelques noms des hommes qui sont célébrés par les militants de l’UPC et les Camerounais de tous bords. Des indépendantistes dont certains ont été proclamés « héros nationaux » le 27 juin 1991et réhabilités le 16 décembre 1991.
M comme massacres
La France a mené au Cameroun durant 7 ans (1955-1962) une « guerre totale », pour emprunter aux théoriciens de la doctrine de la guerre révolutionnaire. Dans « Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) », Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa présentent le lourd bilan de la répression du Maquis par les troupes de la « Zone de pacification du Cameroun (Zopac », dans la Sanaga maritime et en pays Bamiléké. Selon les données contenues dans un article du journal français « le Nouvel observateur », le nombre de victime varient d’une source à une autre. « 20 000 morts pour la seule année 1960, selon le général Max Briand, chef des opérations militaires ; 20 000 à 100 000 morts entre décembre 1959 et juillet 1961, selon la revue Réalités ; 61 300 à 76 300 civils tués de 1956 à 1964, selon les archives britanniques citées par l’historienne Meredith Terretta ; 120 000 morts pour les trois années d’insurrection en pays Bamiléké, selon André Blanchet, journaliste au Monde citant une source anonyme ».
R comme réconciliation nationale
Les évènements survenus au cours de la période pré et post coloniale divisent encore le Cameroun de nos jours. Une vision reposant sur «un Cameroun fier de son histoire et capable de projet d’avenir » et une autre qui « se sent héritière du pouvoir colonial…prône le silence et l’occultation de l’histoire de la libération nationale » soutient le Secrétaire général de l’UPC, Louka Basile. Selon ce dernier, il est nécessaire de passer par un processus de « réconciliation nationale » pour aboutir à une véritable démocratie au Cameroun. Une idée dont la pertinente questionne l’éclatement du Crabe. La réconciliation nationale c’est bien, celle des différentes factions de l’UPC devrait également être pensée.