Au Cameroun, servir le parti au pouvoir pour certains, c’est passer des lumières du pouvoir à l’ombre carcérale de Kondengui ou de New Bell. Dans ce pays voisin du Tchad, en Afrique centrale, il n’est pas aisé de servir le parti au pouvoir sans se retrouver en prison à cause des accusations fondées ou pas de malversations financières.
Chef d’entreprise d’Etat, ministres, haut cadre de l’administration camerounaise : tout y passe. Sous la pression des bailleurs de fonds, Paul Biya, président de la république du Cameroun lance en 2006 une campagne d’assainissement de la fortune publique dite « Opération Epervier ».
Que ce soit Mohammed Iya, ancien directeur général de la Sodecoton condamné à 15 ans de prison pour gestion indécente de la Sodecoton, Ondo Ndong accusé de détournement de deniers publics et condamné à 30 ans de prison, Gilles Roger Belinga, ancien directeur général de la Société immobilière du Cameroun, condamné 20 ans de prison pour détournement de deniers publics, de coaction de détournement de deniers publics, Roger Ntongo Onguéné, condamné à 20 ans de prison pour des chefs d’accusation portant toujours sur un détournement de deniers publics, Zacchaeus Forjinda, ancien directeur général du Chantier naval et industriel du Cameroun, condamné en 2012 de la prison à vie, Alphonse Siyam Siwe, ancien ministre des Mines condamné à la prison à perpétuité, Yves Michel Fotso, ancien directeur général de la Camair, condamné à perpétuité, Ephraïm Inoni, ancien Premier ministre, condamné à 20 ans de prison, Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général de la présidence, condamné à 25 ans de prison, Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général à la présidence, condamné à 20 ans de prison, tous, bien que condamnés, crient à une injustice et récusent les faits qui leurs sont reprochés.
Parmi les « Eperviables », certains ont perdu la vie en prison
En 2009, la prison de Kondengui enregistre le décès de André Booto à Ngon, ex-ministre des Finances, écroué dans le cadre de l’affaire du Crédit foncier, sans oublier celui de Dieudonné Angoula, ancien directeur des télécommunications au ministère des Postes et télécommunications, mort lui aussi en détention à l’âge de 80 ans, le 12 février 2009. Cathérine Abena, ex-secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires meurt le 19 mars 2014.
Cette dernière est interpellée le 4 janvier 2010, puis écrouée à la prison centrale de Kondengui pour détournement de fonds publics. En 2012, elle est libérée, sans que les charges qui pèsent contre elle soient abandonnées, et décède par la suite. Le 8 mai 2014, Henri Engoulou, ancien ministre délégué en charge du budget au ministère de l’Economie et des finances meurt en détention à l’âge 60 ans. Jérôme Mendouga, l’ancien ambassadeur du Cameroun aux USA, coaccusé de Atangana Mebara dans le détournement des fonds destinés à l’achat d’un avion présidentiel, meurt le 15 novembre 2014.
D’autres « éperviables » ont pris la fuite
L’on peut citer entre autres Assene Nkou porté disparu depuis 2012, et condamné en son absence à 25 ans de prison ferme. Essimi Menye, ancien ministre de l’Agriculture et du développement rural, inculpé de détournement de deniers publics en coaction, lui aussi en fuite. Jean Marcel Dayas Mounoume, ancien directeur général du Port autonome de Douala, condamné à 15 ans de prison le 3 juillet 2015, se trouve en exil dans un pays inconnu.
Zeh Jean Blaise, billeteur de la Campost : en fuite, etc. L’opération « Epervier » lancée en 2004 au Cameroun a fait des victimes dans les hautes et basses sphères de l’administration camerounaise. Les victimes se comptent parmi les ministres et anciens ministres, les anciens diplomates, les ex-directeurs généraux des sociétés publiques, les fonctionnaires, etc. Les plus gros clients de cette « opération Epervier » sont des anciens ministres vu leur nombre élevé en détention.( A suivre)