Opinions of Sunday, 3 April 2016

Auteur: camer.be

Sommes-nous en train de revenir de manière rampante à la dictature ?

Le lexique des termes juridiques définit les libertés publiques ou individuelles comme l'ensemble des droits de l'Homme reconnus, définis et protégés juridiquement.

Selon l'article 4 de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 ?"La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas autrui.
Ainsi l'exercice du droit naturel de tout homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits".

C'est simplement dire que la liberté de l'individu est relative et limitée ?et Bossuet l'affirmait fort à ce propos dans son œuvre « Discours sur l'histoire Universelle : Le fond d'un romain était l'amour de sa liberté et de sa patrie ...»

Au Cameroun comme dans plusieurs autres Etats à travers le monde, les libertés des personnes ont une valeur constitutionnelle ? Le préambule de la constitution de la république du Cameroun du 18 janvier 1996 lui dédie une large part.

La déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 dans son article 1er dispose : " Tous les êtres humains naissent libre et égaux en dignité et en droit ".

La charte africaine des droits de l'homme et des peuples adoptée le 27 juin 1981 à Nairobi en son article 6 dispose quant à lui que :"tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne.

Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans les conditions déterminées par la loi en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement ".

Malgré cet arsenal des dispositions légales et réglementaires, l'on constate pourtant dans la pratique de multiples cas de violation et de privation de ces droits soit du fait de la classe dirigeante, soit encore du fait d'une fraction de la société qui se revendique d'une certaine légitimité, soit enfin du fait de quelques personnes qui transgressent et violent volontairement ou involontairement les règles établies.

Ces atteintes multiformes revêtent de nos jours des aspects plus subtils, et ramifiés. Ainsi en est – il des atteintes à la liberté d'opinion, syndicale, d'association, de presse, d'association, liberté de conscience, le droit à l'instruction et à la santé ? Mais aussi des atteintes mentionnées par le code pénal camerounais notamment de l'article 291 à 294 qui traitent de l'arrestation et la séquestration, du travail forcé, de l'esclavage etc.

Le respect et l'exercice des droits de l'Homme paraissent des phénomènes mythiques certes, mais favorisent le développement économique, social, culturel, juridique, politique, psychologique etc. de tout un peuple.

Il faut donc, pour ce vingt­et­unième siècle, que toutes les nations modernes collaborent, négocient pour que triomphent le respect et l'exercice effectifs de ces droits dit de « l'Homme ». L'important n'est plus de rester uniquement sur la juridisation ou sur la légalité de ces droits mais à leur respect, à leur exercice.

Nous avons focalisé ces éléments pour le bénéfice du Cameroun parce que ce dernier est le pays le plus touché par le désastre de violation des droits de l'Homme.

Depuis quelques années, les violations de la liberté d’association et de manifestations publiques pacifiques s’intensifient au Cameroun. Désormais, toute manifestation publique, à partir du moment où elle ne correspond pas à un concert de louanges à M. Biya, n’a pas droit de cité.

Nous l'avons une fois de plus vécu la semaine dernière avec l’attaque brutale d’une conférence de presse de quelques partis politiques au siège du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) à Yaoundé.

Toujours la semaine dernière au Cameroun, une autre activité n'étant pas une manifestation politique, en hommage à des morts de Boko Haram au Cameroun a été interdite. Pour rendre hommage à des milliers de compatriotes morts, l'autorité administrative a interdit cette manifestation apolitique et louable.

Pour reprendre Haman Mana dans son éditorial paru dans le quotidien le Jour du 1er avril 2016, "l’interdiction de cette manifestation est­elle une volonté du pouvoir de laisser à leur anonymat ces hommes et femmes, vieillards et nourrissons qui sont morts et qui n’ont pas eu l’honneur d’une sépulture ?

Doit-­on comprendre qu’il y a une volonté claire d’empêcher désormais toute mobilisation citoyenne, en dehors du carcan Rdpciste ? Quelle est l’alternative que propose le pouvoir de Yaoundé aux citoyens qui ont besoin de s’exprimer, de vivre leur citoyenneté, mais en marge du folklore Rdpciste ?

Le pouvoir en place en proposant la force, rien que la brutalité face à la citoyenneté, a­t­il les moyens suffisants pour pouvoir imposer cette méthode à une rue où c’est visible, la colère sourd ?

Les événements de ces derniers temps interpellent la vigilance de tous les citoyens du Cameroun. Qui doivent prendre acte de ce que, tous les acquis en libertés publiques des années 1990 sont en train de fondre sous leurs yeux"