Le Président de la République s’affirme de plus en plus par son absence à des sommets internationaux. Une diplomatie dormante que nombre d’observateurs ont du mal à comprendre.
Le 29 mai 2015, le Président de la République s’est fait représenter par le vice-Premier ministre en charge des Relations avec les Assemblées, Amadou Ali, à la cérémonie d’investiture de Muhammadu Buhari nouveau président élu de la République fédérale du Nigeria.
Le 11 juin 2015, toujours au Nigéria, il s’est encore fait représenter par le ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, au sommet des chefs d’Etat de la Commission du bassin du lac tchad.
Le week-end dernier, c’est le ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, qui dirigeait curieusement la délégation camerounaise au 25e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine qu’organisait l’Afrique du Sud.
Les exemples de ce genre sont légion. Avec un cas très éclairant : devenu président en exercice de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à la faveur du sommet de ladite Organisation organisé à Yaoundé du 8 au 10 juillet 1996, Paul Biya n’avait pas fait le déplacement de Harare au Zimbabwe pour passer le témoin l’année d’après à son homologue Robert Mugabe. La diplomatie camerounaise, jadis dynamique, reste vieillissante, est devenue moribonde et est en panne d’imagination. Naturellement, les défenseurs de la thèse de la diplomatie de la discrétion, nombreux dans les couloirs du pouvoir, vont à coup sûr tenter, une fois de plus, d’expliquer que l’absence du chef de l’Etat à ce sommets et bien d’autres est finalement la meilleure méthode pour faire adhérer les positions de Yaoundé tant ils sont prêts à expliquer et à justifier toutes ses entreprises.
La considération et le respect dont jouissait le Camerounais en Afrique, et même au delà, a pris un coup. L’image du pays et de ses dirigeants en pâtit aujourd’hui. Dans la sous-région, le leadership camerounais est désormais remis en question. A preuve, le Cameroun et ses gouvernants sont de plus en plus la cible des tirs groupés des médias occidentaux.
Face à cela, il faut pourtant donner au Cameroun un souffle nouveau, une nouvelle identité diplomatique et médiatique. Une identité plus conforme à ce que nous sommes : un peuple pacifique, en quête de progrès économique et vivant dans un pays luxuriant, béni des Dieux.
Il faut que le Cameroun réenchante sa diplomatie avec des méthodes nouvelles, un message nouveau et des équipes familières des lieux de pouvoir en Afrique et en Occident. Et pour relever ce défi du développement et de la restauration de notre image, nos gouvernants doivent élaborer une diplomatie offensive et totalement axée vers le progrès économique et donc offrir la plus parfaite sécurité aux investissements nationaux et étrangers.
Bien évidemment, la cible prioritaire doit être la création d’emplois, la formation de la jeunesse aux technologies nouvelles et l’équipement massif dans le secteur de la santé publique et de l’accès à l’eau.
Cette diplomatie pédagogique de combat aura également à coeur de promouvoir le rayonnement international de la culture camerounaise. D’où l’urgence pour la présidence de la République à trouver par exemple au plus vite des solutions à la grave crise qui plombe la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical depuis mais 2008.
Ainsi, le Cameroun doit préparer la restauration de son image auprès des principaux décideurs politiques et économiques internationaux. Mais aussi auprès des bailleurs de fonds ou des prescripteurs touristiques. C’est à ce prix, et seulement à ce prix que notre pays pourra sans doute progresser et retrouver sa vraie place dans le concert des nations !