Opinions of Tuesday, 14 May 2024

Auteur: Haman Mana

Sous Ahidjo, il faillait changer son prénom chrétien pour mériter certains postes

L’enjeu à l’époque, c’est le remplacement des cadres français par les Camerounais L’enjeu à l’époque, c’est le remplacement des cadres français par les Camerounais

Parti de son Kaélé natal l’année de l’indépendance, mon père est entré à ce qui était alors l’Ecole Militaire Interarmes du Cameroun, et est sorti dans la deuxième promotion, baptisée «Réunification» en 1961, avec pour camarades de promotion Nkoa Atenga Camille et d’autres.

L’enjeu à l’époque, c’est le remplacement des cadres français par les Camerounais sur le théâtre des opérations, la «rébellion» en pays Bamiléké. Le jeune sous-lieutenant y fait donc ses classes en commandant des compagnies de la Garde Civique, supplétifs locaux de la jeune armée. Après une carrière faite de hauts et de bas, il était somme toute au sommet de ce à quoi pouvait aspirer un militaire de son parcours.

Mon père et moi avons toujours eu une relation d’homme à homme. N’ayant pas assuré ma prime éducation, homme tout en tact, il a su me donner par petites touches des clés pour résoudre les énigmes de l’existence. Nous avions de longues conversations au cours desquelles il se racontait à moi, un peu comme pour me permettre d’éviter certains écueils de la vie.

L’un des témoignages les plus édifiants sur sa vie concerne l’identité, le «rester soi même». L’histoire est la suivante : lorsqu’il était jeune capitaine, il fut approché par l’un des « chasseurs de têtes» du président Ahidjo, qui pour le cas d’espèce, recherchait un aide de camp.

L’intéressé lui avait signifié qu’il pourrait bien décrocher le poste, à condition qu’il se sépare de son prénom chrétien, « Michel». Mon père lui signifia qu’il n’était pas question qu’il se départisse de son identité, à aucun prix.

A l’époque, beaucoup de personnes l’ont fait. C’est à l’aune de ce trait de caractère de mon père que j’ai renforcé ma conviction et que je suis resté sur mes principes, convaincu que ce qu’il attendait de moi en cette situation, ce n’était pas de « protéger» une carrière...

Le lendemain, comme par enchantement, un gendarme vint à l’heure du déjeuner m’annoncer…”