Opinions of Thursday, 30 June 2022

Auteur: www.camerounweb.com

Succession à Etoudi : fin de partie pour Franck Biya renié en public par un supposé grand allié

Droit de réponse de Fridolin Nke au journal Le Messager Droit de réponse de Fridolin Nke au journal Le Messager


• Qui succédera à Paul Biya ?

• Pour beaucoup, c’est Emmanuel Franck Biya

• Pas pour Fridolin Nke

Une série de lettres ouvertes avaient été publiées par Fridolin Nke. Dans celles-ci, il a parlé de la succession à la tête de la République camerounaise, en l’occurrence du fils du président Emmanuel Franck Biya que tout le monde voit comme le digne héritier. Le Dr estime que ses propos ont été suffisamment déformés, notamment par le journal Le Messager à qui il a envoyé un droit de réponse lisible ci-dessous.

DROIT DE RÉPONSE DE FRIDOLIN NKE AU JOURNAL LE MESSAGER

Le quotidien Le Messager, dans son édition du mercredi 22 juin 2022, no 6040, a écrit en grande Une « Proche du palais, loin du trône ». Dans le traitement de la question de l’alternance, Christian Tchapmi cite abondamment ma « Lettre ouverte à Franck Emmanuel Biya ». Mais dans l’article, la présentation de ma position sur cette affaire est biaisée, équivoque, voire contraire à mes opinions, notamment les insinuations du journaliste lorsqu’il écrit : « Suffisant pour appeler son interlocuteur à se présenter à l’élection présidentielle de 2025… ».

Je tiens à faire les précisions suivantes :

Je suis avant tout fermement opposé à une éventuelle candidature d'Emmanuel Franck Biya à la succession de son père, Paul Biya, à la tête de notre pays. Ma conviction est inébranlable : après quarante ans d’un règne d’inertie bulu, les Ekang doivent passer la main ! Biya père a réussi à distiller dans la conscience de la plupart des Camerounais(es) que son omniscience politique surprend le temps, dont il serait le souverain des horloges.

Il nous a tous aseptisés mentalement, spirituellement, intellectuellement ; il a frigorifié nos cerveaux et notre affectivité quasi mystiquement. D’où notre stérilité cognitive et politiquement plus qu’apparente. Biya Fils sera pire, pour deux raisons principales : d’une part, il a entretenu l’opacité suspecte dans ses rapports au pouvoir de Yaoundé et dans sa gestion du patrimoine forestier de notre pays ; d’autre part, il a gardé un silence complice, criminel, devant la misère, les souffrances du peuple et, surtout, la guerre civile entretenue par son père dans l’ex-Southern Cameroons.

De plus, sa candidature est portée par des groupes de soutiens constitués pour la plupart des suiveurs désespérés et d’autres griots partisans, à la fibre tribale très prononcée, malgré quelques saupoudrages. La stratégie autour de laquelle s’organise l’alternance est bien identifiée. Elle consiste en trois étapes :

1- D’abord, il s’agit de vendre (au peuple) la crédibilité de l’élu de la galaxie des réseaux mafieux qui gravitent autour du pouvoir et le structurent comme une organisation criminelle. Tout le monde devrait dire de ce personnage que c’est le gars qui pue la compétence et le sérieux, et que c’est le choix du peuple…

2- Ensuite, il faut enterrer le peuple en le discréditant en permanence et en le décrédibilisant aux yeux des citoyens ordinaires et du pouvoir en place, qu’on renforce symboliquement au passage, pour mieux faire passer la pilule du renoncement, de la vilénie et de l’inertie. Surtout, en nommant des brigands notoires, des tribalistes haineux, des malfrats cyniques et des bouffons assumés à des postes ministériels clés et à la tête d’organes de sécurité stratégiques, on travaille à décourager la moindre contestation sociale.

En fait, on sape méthodiquement le moral des gens lucides ; on tue la volonté d’agir des Indiscrets ; on divise les esprits trop entreprenants ; on dépouille les citoyens de leurs ressources et de leurs rêves, on prive ainsi la nation de ses énergies régénératrices ; on élimine le sentiment de la vie tout court ; on intimide les curieux trop bavards ; on efface le courage des cœurs généreux pour enraciner le cynisme improductif qui fait le lit du désespoir.

3- En brandissant ainsi l’épée de Damoclès que le Trône est brûlant, on consacre enfin le statut quo ainsi créé comme la garantie du caractère indépassable décrété du Successeur et on en fait le gage de la rentabilité pérenne de l’économie a-sociale et familiale (en tant que rentes privées à engranger) qui en découlera inéluctablement.

Je crains fort que le « Petit Franck » ait des choses dans votre cœur qui l’empêchent d’aimer l’humain, car autrement, en tant que Conseiller du Prince, il n’aurait jamais laissé prospérer un si épouvantable clientélisme, une telle répression policière ; il n’aurait pas laissé cette boucherie du Nord-ouest et du Sud-ouest se perpétuer. Il n’aurait jamais accepté que ses amis, ses frères, sœurs, oncles et tantes d’Ayos et du Dja et Lobo, accumulateurs compulsifs de la fortune publique, écument avec une telle frénésie les caisses de l’État. À moins de subodorer que le péché ne lui est pas insupportable.

L’alternance s’impose donc à nous comme une urgence absolue. Elle aura inéluctablement lieu. Devant la barbarie du régime en place, il ne nous suffira pas de faire quoi que ce soit contre eux, les enfants « très méchants » de Paul Biya ; il nous suffira d’être pleinement conscients, irrémédiablement présents, imperturbablement marquants, pour faire avorter leur sinistre projet politique de succession de père en fils. Nous aurons le dernier mot !