Opinions of Tuesday, 9 August 2022

Auteur: Arlette Framboise Doumbé Ding

Succession de Biya: 'je dénonce les tentatives de manipulation de Dieudonné Essomba'

Dieudonné Essomba Dieudonné Essomba

L'analyse de Dieudonné Essomba à propos de la succession du chef de l'Etat Paul Biya dans un débat avec le Dr Fridolin Nké n'est pas partagée par l'activiste politique, Arlette Framboise Doumbé Ding. Dans une tribune, cette dernière démontre que Dieudonné Essomba se trompe.

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"Au cours d'un débat télévisé entre le Dr Fridolin Nke et Dieudonné Essomba sur une nouvelle chaîne TV dont le nom m'échappe, Monsieur Dieudonné Essomba dans une réflexion prospective à présenté divers scénarios de la succession à la tête de l'Etat du Cameroun.

L'exercice consistait pour lui à se projeter dans l'après Biya et de voir quels sont les scénarios de succession possibles et de dégager ensuite les scénarios les plus probables et ceux les plus improbables.

A cet effet, il à cité 6 scénarios parmi lesquelles :

la prise du pouvoir par l'opposition, la prise pouvoir par l'armée à la suite d'un coup d'État , la transmission du pouvoir du père au fils par le gré à gré, la transmission guidée du pouvoir à un autre proche de l'actuel Président de la République etc...

Selon Dieudonné Essomba, la transmission du pouvoir du père au fils fait partie des scénarios les plus probables.

Toujours selon lui, la prise de pouvoir par l'opposition est peu probable parce que l'opposition n'est pas unie et ne peut pas s'unir en raison des considérations liées au tribalisme.


Mon commentaire en 2 points.

Point 1 :

En évoquant l'hypothèse d'une transmission du pouvoir de père en fils ou la transmission guidée du pouvoir à un proche du régime. Dieudonné Essomba admet sans le dire que nous sommes dans une dictature au Cameroun et que les élections n'y servent à rien , du moins pas à grand chose.
Car en démocratie le débat porte sur les élections et on parle des programmes politiques, du parcours des candidats, de leurs états de service, de leurs visions pour le pays , de leur compétences et aptitudes intellectuelles, de la qualité de leurs prises de position sur les grands problèmes de la société, de leur moralité, de leurs études, de leurs aptitudes à repondre favorablement aux aspirations du peuple , de leur vie familiale, de leur qualité de père ou de mère ( car si vous ne pouvez pas gérer votre petite famille, il serait absurde de vouloir gérer un pays) etc.
Il n'y a que dans une dictature qu'on peut vous présenter quelqu'un qui n'a jamais parlé comme un favori pour diriger le pays. C'est de l'imposture.

Point 2 :

Dieudonné Essomba affirme qu'il est peu probable que l'opposition gagne les élections parce qu'elle n'est pas unie.

Un avis que je ne partage pas. Parce que s'il est honnête en tant que analyste politique, il devrait plutôt dire que l'opposition ne peut pas gagner les élections à cause des fraudes électorales. Car en réalité c'est par les fraudes électorales que le régime de Yaoundé se maintient au pouvoir depuis des décennies. Sur ce point précis, Dieudonné Essomba à fait preuve d'une remarquable myopie. Car il dit lui même que l'alternance à la tête du pouvoir peut se faire par la "transmission guidée" à un proche du régime. Ici la transmission guidée signifie une transmission antidémocratique.

Ce que je reproche à Dieudonné Essomba c'est de biaiser ses réflexions dès lors qu'il s'agit de la succession de Biya. Il redevient lucide dès qu'il faut parler du fédéralisme. Sujet qu'il traite avec une certaine pertinence. Mais ceci ne m'empêche pas de dénoncer les tentatives de manipulation de Monsieur Essomba qui au lieu de dénoncer les fraudes électorales qui empêcheraient l'alternance démocratique au Cameroun verse dans une sorte de charlatanisme qu'il appelle analyse. Je me permets de dire que sur point précis il ne s'agit pas d'une analyse. Mais de l'imposture de quelqu'un qui croit à tort pouvoir manipuler les masses populaires pour des raisons inavouées. C'est pour cela qu'il ne va jamais jusqu'au bout de la réflexion quand il parle de l'alternance au sommet de l'État.
Aller au bout de la réflexion signifie quoi pour un intellectuel ?

Cela signifie que après relever les problèmes, il faut esquisser les pistes de solutions. Et non se contenter de commenter les problèmes.

En clair , après avoir dit que la "transmission guidée" du pouvoir est un scénario probable de l'alternance. Il faut dire aux Camerounais que la transmission guidée du pouvoir n'est autre chose que la transmission du pouvoir à un proche au moyen de la tricherie. Or la tricherie est un problème qui peut entraîner notre problème dans l'implosion. Il faut faire très attention.

C'est ici que réside la grande faiblesse de l'analyse de Monsieur Essomba. Car face à la perspective de la tricherie qui se dessine, il ne s'indigne pas et ne propose aucune piste de solution. Pourtant la solution est simplement :
Pour une transition paisible à la tête de l'Etat du Cameroun, il faut absolument revenir aux fondamentaux de la démocratie. Autrement dit, il faut organiser des élections libres , équitables et transparentes. Ce qui est impossible avec le code électoral actuellement en vigueur au Cameroun.

Que faut-il donc faire concrètement ?
Pour moi il est évident que la toute première chose à faire c'est la réforme consensuelle du système électoral qui seule peut donner un cadre à des élections honnêtes, gage de la paix.

Mais on doit aller plus loin en libérant tous les prisonniers politiques pour décrisper le climat politique.

Je termine en demandant à Monsieur Essomba de cesser d'abrutir l'opinion avec des analyses biaisées. Aucun candidat du RDPC ne peut battre un candidat sérieux de l'opposition Camerounaise dans une une élection crédible. C'est vrai que l'opposition gagnerait beaucoup à être unie. Mais le problème de l'opposition n'est pas son unité.

Le problème de l'opposition ce sont les fraudes électorales. Car même désunies , cette opposition ne perdrait aucune élections face au candidat du régime RDPC qui cumule 40 ans d'échec à la tête de l'Etat. Vous croyez que quel Camerounais voudra confier son destin a un système qui à plongé un pays aux riches potentiel dans la pauvreté et le chaos ?

Pour qu'on se comprenne bien : je ne conteste pas les scénarios imaginés par Dieudonné Essomba , à l'exception d'une seule. Je lui reproche de ne pas tirer les conséquences qui découlent logiquement de ses propres analyses. J'estime qu'il le fait à dessein à des fins de manipulation .
L'unité ou non de l'opposition ne fait pas la démocratie. Ce qui fait une démocratie c'est le système électoral et la qualité des élections.. Et c'est ce qui devrait intéresser en dernier ressort un intellectuel qui a la prétention d'éclairer l'opinion en contexte de dictature".