Un jour du mois d’octobre 2018. Assemblée nationale. Il pleut des cordes. Un nouveau président de la République vient de prêter serment. Il brave la pluie et sort de l’hémicycle. Sous la pluie, à pieds, des femmes chantent, dansent et chantent encore de plus belle la fin du Renouveau ; de ses tares et ses travers.
Elles sont comme dopées, délivrées de la captivité du Renouveau. Très enthousiastes, des jeunes gens exultent de joie, s’échinent à assurer la sécurité et le protocole du nouveau chef d’Etat. Aucune trace du Bir, de la garde présidentielle, ni de la garde rapprochée ; des stratégies de mystification, d’endurcissement, de conservation et de sécurisation du pouvoir, connues sous l’ancien régime.
Sur l’itinéraire qui conduit au palais de l’unité, le peuple camerounais, hors de lui célèbre avec de ferveur, l’arrivée d’un nouvel homme à la tête du pays. Un nouveau contrat social, doublé d’un pacte de confiance lie les Camerounais aux institutions et aux Hommes qui les incarnent. C’est le début de la IIème République. Dans son discours d’investiture, le nouveau président de la République, élu au terme d’un suffrage à la fois loyal et transparent trace une nouvelle voie ; explique comment il entend faire de la gestion des hommes et de la République, le ciment de son mandat à la tête de l’Etat.
Lorsqu’il annonce que la nouvelle gouvernance sera marquée par le sceau de la solidarité, l’empreinte de l’assainissement, la moralisation de la fortune publique et la bonne dépense, la joie est grande. Personne dans la foule, ne piaffe d’impatience. Le nouveau locataire d’Etoudi, affirme, affiche sa détermination et un devoir d’exprimer à ses compatriotes, avec solennité, sa reconnaissance au peuple camerounais. Il martèle sur l’option de transformer les programmes (annoncés dans ses discours de campagne), en des projets opérationnels viables et visibles. Le nouveau président de la République signale sa détermination à instaurer un plan Marshall pour le système éducatif camerounais ; par la mise en place d’un comité de sauvetage de l’école camerounaise.
A le croire, le développement et la modernisation de cette école qui doit relever de la responsabilité et de la charge de l’Etat (qui ne doit sous aucun prétexte se dérober), passe en urgence ; avant toutes les autres sollicitudes quelques fois ou trop souvent «frivoles». Le nouvel homme fort d’Etoudi, exprime la nécessité d’affranchir le pays en le sortant du collimateur colonial ; de 33 années de dérive managériale, 33 années d’abandon de souveraineté; 33 années de violations flagrantes de la Constitution, 33 années de violations flagrantes des droits élémentaires des citoyens et des libertés.
Il s’engage à tordre le cou : aux crimes rituels, aux assassinats non élucidés des intellectuels ; aux désastreuses régressions sociales. Il s’agit pour le nouveau président, d’inventer une nouvelle République qui fait de la justice sociale, l’équité et la juste répartition des fruits de la croissance, l’empreinte de la nouvelle gouvernance. Passé le temps des cérémonies d’investiture, le nouveau président de la République se met effectivement au travail. On le voit dans les couloirs des marchés, discuter, échanger avec les revendeuses, les «bayam-sellam» ; dans les grandes surfaces et les rayons de commerce, il fait des emplettes ; s’arrête un moment pour échanger avec des tiers sur la marche de la société, sur les perspectives. Il descend dans les Universités, les collèges et lycées ; échange avec son peuple ; renforce la proximité avec ses compatriotes. Il inaugure une nouvelle ère des rencontres régulières et permanentes avec la presse nationale.
Fait spectaculaire. Le nouveau président instruit, par le biais d’un décret, l’ouverture tous les 10 février, à la veille de la célébration de la fête de la jeunesse, les portes du palais de l’unité, aux représentants de toutes les couches sociales de la jeunesse. Il promet qu’à cette autre occasion de rencontre avec sa jeunesse, il sera amené à puiser dans les différentes résolutions pour écrire son discours à la jeunesse.
Force des choses ; la roue de l’histoire, le palais de l’unité, devient le palais du peuple. D’ici là, on voit des jeunes scander au cours d’un échange amical avec le nouveau président de la République: « Grand cop’s ! Camarade !!!, c’est toi qu’on attendait ». Et si ce rêve de tout le peuple camerounais désormais à la recherche d’un président citoyen devenait réalité… Miracle.