Opinions of Saturday, 20 July 2024

Auteur: Arlette Framboise Doumbe Ding

Taux de réussite au Baccalauréat 2024 de 27,55% : à qui la faute ?

Taux de réussite au Baccalauréat 2024 de 27,55% : à qui la faute ? Taux de réussite au Baccalauréat 2024 de 27,55% : à qui la faute ?

Le Cameroun fait face à une situation préoccupante dans le domaine de l'éducation suite à l'annonce des résultats du baccalauréat 2024. Avec un taux de réussite de seulement 27,55%, le pays enregistre l'une des performances les plus faibles de la dernière décennie, suscitant de nombreuses interrogations sur la qualité de l'enseignement et le niveau des élèves.

Ce chiffre alarmant signifie que plus de 70% des candidats n'ont pas réussi à obtenir la moyenne de 10/20 requise pour décrocher leur diplôme. Une exigence qui marque un tournant par rapport aux années précédentes, où des moyennes de 8 ou 9 pouvaient suffire pour réussir l'examen. Cette nouvelle norme, bien qu'apparemment plus stricte, révèle des lacunes profondes dans le système éducatif camerounais.

La faiblesse du niveau scolaire se manifeste de diverses manières, allant au-delà des simples résultats chiffrés. Des observateurs notent une détérioration significative des compétences fondamentales chez les élèves, notamment en matière d'expression orale et écrite. Les conversations avec les lycéens, même ceux en classe de terminale, laissent souvent transparaître un niveau de langage inapproprié, mêlant argot, expressions familières et fautes de grammaire élémentaires.

Plusieurs facteurs sont pointés du doigt pour expliquer cette situation :


1. L'influence des réseaux sociaux : De nombreux élèves passent un temps considérable sur des plateformes comme TikTok ou WhatsApp, au détriment de leurs études. Ces distractions constantes nuisent à leur concentration et à leur capacité d'apprentissage.

2. Le manque de discipline : On rapporte des cas d'élèves menaçant leurs enseignants ou pratiquant l'école buissonnière. Ce comportement témoigne d'un désintérêt flagrant pour l'éducation et d'un manque de respect envers l'institution scolaire.

3. Les loisirs inadaptés : Certains élèves privilégient les salles de jeux et les snack-bars aux bibliothèques et aux séances de révision, s'adonnant parfois à des activités peu recommandables pour leur âge.

4. L'omniprésence de la musique : L'habitude d'écouter de la musique en permanence, y compris sur le trajet de l'école, peut nuire à la concentration et à la capacité de réflexion des élèves.

5. La qualité de l'enseignement : Bien que moins souvent évoquée, la question de la formation des enseignants et des méthodes pédagogiques employées mérite d'être examinée.

Face à ce constat alarmant, il est impératif que toutes les parties prenantes - parents, élèves, enseignants, responsables d'établissements et autorités éducatives - se mobilisent pour trouver des solutions durables. Plusieurs pistes de réflexion peuvent être envisagées :

- Renforcer l'encadrement parental : Les parents doivent être davantage impliqués dans le suivi scolaire de leurs enfants, en limitant notamment l'usage excessif des smartphones et des réseaux sociaux.

- Revaloriser l'importance de l'éducation : Il est crucial de sensibiliser les jeunes à l'importance des études pour leur avenir, en mettant en avant des modèles de réussite issus du système éducatif camerounais.

- Améliorer les méthodes d'enseignement : L'introduction de techniques pédagogiques modernes et interactives pourrait stimuler l'intérêt des élèves pour les matières enseignées.

- Renforcer la discipline scolaire : Sans tomber dans l'autoritarisme, il est nécessaire de rétablir un cadre disciplinaire propice à l'apprentissage.

- Investir dans les infrastructures : La création d'environnements d'apprentissage stimulants, équipés de bibliothèques bien fournies et de matériel pédagogique moderne, pourrait contribuer à motiver les élèves.

- Former et motiver les enseignants : Des enseignants bien formés et motivés sont la clé d'un enseignement de qualité. Il faut donc investir dans leur formation continue et améliorer leurs conditions de travail.

Le faible taux de réussite au baccalauréat 2024 doit servir de signal d'alarme pour l'ensemble de la société camerounaise. L'éducation est le pilier du développement d'une nation, et il est crucial que le Cameroun prenne des mesures concrètes pour redresser la barre. Le défi est de taille, mais avec une volonté collective et des actions ciblées, il est possible d'améliorer significativement la qualité de l'enseignement et les performances des élèves dans les années à venir.

L'avenir du Cameroun dépend de sa capacité à former une jeunesse éduquée, compétente et capable de relever les défis du 21e siècle. Il est temps pour tous les acteurs de l'éducation de se mobiliser et d'oeuvrer ensemble pour un système éducatif performant, à la hauteur des ambitions du pays.