Opinions of Friday, 24 July 2015

Auteur: Denis Nkwebo

Terrorisme: Frappes au coeur du dispositif sécuritaire

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Avec les attentats de Maroua, les insurgés portent la guerre près des commandements Alpha et Emergence 4.

Après le double attentat de Fotokol en date du 12 juillet 2015, trois autres kamikazes se sont fait exploser hier mercredi 22 juillet. De source sécuritaire, à Maroua comme à Fotokol, les charges explosives ont probablement été activées aux moyens automatiques.

D’où des explosions simultanées ayant déchiqueté les kamikazes et tué une dizaine de civils, à en croire les autorités, même si certains médias étrangers affirmaient tard hier soir qu’il y avait eu plus de 25 victimes. Des témoins ont affirmé que les kamikazes ne portaient pas de burqa, qui jusqu’ici constituait le signalement connu selon la légende populaire.

Les bombent humaines d’hier, a-t-on appris, se comportaient comme des malades mentaux et des mendiants, ne s’attirant de ce fait aucune attention particulière. Ceux qui ont commandité les attentats de Maroua ont vraisemblablement voulu adresser un signal fort à la communauté nationale.

A savoir que la guerre et la terreur sont autour de nous, qu’il ne s’agit plus de simples « incursions sporadiques des membres de Boko Haram en perdition », que Boko Haram n’est pas fini comme l’a affirmé le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, ou anéanti à 87% comme l’a soutenu le président Idriss Deby du Tchad.

Les attentats de Maroua ont eu lieu à « un pas » du quartier général de l’opération Emergence 4 de la coalition sous régionale, avec les forces tchadocamerounaises en première ligne, et non loin du commandement Alpha composé des commandos du Bataillon d’intervention rapide (Bir) dont les actions ont été déterminantes, pour contenir les assauts des insurgés sur la ligne frontalière.

Selon toute vraisemblance, les frappes courageuses des forces camerounaises n’ont pas touché le coeur du dispositif opérationnel ennemi, malgré les nombreuses pertes enregistrées dans ses rangs, si on s’en tient aux différents bilans communiqués par l’armée nationale.

Aussi, la menace insurrectionnelle a-t-elle opéré une métastase pour devenir une menace terroriste réelle, avec pour effets probants, la coordination électronique des attentats kamikaze, la présence signalée de cellules dormantes non seulement à l’Extrême-Nord mais aussi à travers d’autres coins stratégiques du pays.

Dans sa nouvelle dimension, la menace sécuritaire qui ensanglante le septentrion, et plane sur d’autres villes camerounaises, doit être prise au sérieux, et commande une mobilisation urgente. Cette nouvelle donne impose aux autorités camerounaises d’ouvrir la lutte en cours à l’implication de toutes les forces vives nationales.

La cohésion de la lutte en question passe par la mise en place urgente d’un commandement opérationnel mixte, avec un état-major unique de crise.