Le Cameroun, comme tous les pays en voie de développement, est atteint de la maladie infantile de la réunionnite de concertation à propos de tout et de rien.
A quelques trois mois de la fin d’année 2015, ce serait un exercice périlleux d’essayer de dénombrer les séminaires, colloques, ateliers, forums, symposiums, tables-rondes, panels, conférences, assemblées générales, congrès, sommets et autres occasions de retrouvailles dont l’objectif principal était de réfléchir sur une question liée au développement du pays.
Quand on pense que certaines de ces rencontres mesurent leur succès au nombre de leurs participants, il y avait de quoi faire bouillir le chaudron du développement économique et social du Cameroun.
Les slogans parlent d’eux-mêmes : cent, trois cents, mille, trois mille, des représentants de toutes les Régions, toutes les couches sociales du pays... Naturellement, avec de tels records, il est évident que tout le monde ne puisse pas prendre la parole au cours de ces messes et meetings et que 99% desdits participants ont fait de la figuration, du remplissage en d’autres termes.
Et à propos d’images, la parfaite illustration est celle des reportages de la chaîne du plaisir partagé, contrainte malgré elle de servir à longueur d’édition de ses JT les affligeantes scènes des ouvertures et clôtures aux scénarios (ou scénarii pour les puristes) immuables : un parterre d’invités et de participants sagement rangés par rangées d’importance décroissante de l’avant-scène vers le fond de scène faisant face à un présidium d’orateurs.
Avec pareil décor, la caméra n’a d’autre choix que de faire un incessant ballet champ contre champ, panorama, plan large, gros plan. Les têtes défilent et on se surprend à voir qui est là et qui n’est pas là.
Evidemment, ils ne sont pas nombreux ceux qui prêtent attention au résumé du journaliste narrateur ou aux extraits des discours de circonstance de bienvenue, d’exhortation au travail, de fausses promesses de mise en oeuvre des conclusions des travaux qui s’ouvrent et enfin, l’éternel remerciement à « l’illustre chef de l’Etat, président de la République, chef suprême des armées, Son Excellence… », nous vous laissons terminer.
Tous ceux qui ont honoré de leur présence la cérémonie n’ont d’ailleurs comme préoccupation que de s’assurer qu’ils seront vus le soir à la télé. Les femmes en tête, s’ingénient comme des speakerines à s’endimancher dans des sapes rares et des coiffures surréalistes, au point de ressembler à des extraterrestres lorsqu’elles descendent dans le Cameroun d’en bas pour rencontrer leurs mères et soeurs condamnées à vivre de fonds d’appui à des activités rémunératrices.
La télévision, plus que tout autre média, montre à quel point la position privilégiée des décideurs du Cameroun est la position assise. Pas de mouvements, rien que la morgue d’auditeurs passifs, et des orateurs qui peinent à lever les yeux de leur texte.
Ces images-là ne sont pas des images d’un Cameroun au travail ; parce que des travailleurs debout il y en a dans les champs, dans les unités industrielles, dans les services, sur les chantiers, des armées dont les activités ne font pas l’objet de couvertures médiatiques mais qui auraient reflété le progrès en marche...