L’arrivée de ces conducteurs de moto de saison entrave le travail des chauffeurs des engins à 4 roues dans la ville de Douala.
Plus de 10.000 motos dans la ville. Ajouté à cela les jeunes conducteurs de motos qui, pendant les vacances exercent cette activité, malgré la non maitrise de cet engin à deux roues. Il est environ 10h30, ce samedi 25 juillet. Le lieu-dit rond point Dakar, dans l’arrondissement de Douala 3e, est bondé de conducteurs de moto. Chacun attend un éventuel client.
C’est le cas de Joseph Ngamo, qui vient juste de se garer au marché Dakar, l’endroit de stationnement des motos taxis servant à la ligne de Ndokoti. De grosses gouttes de sueur coulent de son visage. Le jeune homme, âgé de 21 ans vient de déposer une dame en provenance d’Akwa. Le sourire aux lèvres, il perçoit de sa cliente la somme de 500Fcfa. Lunettes de soleil aux yeux, Joseph Ngamo travaille sans destination précise : «J´exerce cette activité uniquement pendant les vacances et c’est depuis deux ans. Je suis tenu d’économiser au mois 3500 Fcfa chaque jour si non je ne pourrais pas avoir de quoi payer ma scolarité», confie-t-il.
Tout comme lui, nombreux sont ces jeunes qui exercent cette activité de moto pendant la saison des vacances, afin de subvenir à leur besoin. C’est aussi le cas de Martial Franck, élève en classe de première A4 allemand. Tous les matins, il démarre sa moto que lui a offerte son oncle, à la recherche du précieux sésame. Malgré les intempéries, il n’a pas de destination « Chaque vacance j’utilise ma moto pour le transport interurbain. Je travaille sans destination car les professionnels exigent les chasubles et les pièces. Si je dois remplir ces conditions cela va me coûter les yeux de la tête, voila pourquoi, je n’ai pas de destination », révèle-t-il.
Non loin de ce rond point, plus d’une dizaine de taxi sont stationnés. Un coup d’œil à l’intérieur d’un taxi, on y aperçoit un chauffeur qui a cassé son siège et dort paisiblement. D’autres par contre se distraient la gueule avec la bière, en attendant le client. C’est après plusieurs heures sur place, que le taxi parvient à faire le plein. Pour cause, une nouvelle catégorie de conducteur de moto à envahi la ville et a augmenté l’effectif des conducteurs de moto. Selon les informations recueillies, il s’agit des élèves et étudiants qui pour la plupart sont âgés entre 20 et 25 ans. Ces derniers n’ont aucune maitrise parfaite de la conduite de la moto, leur seul objectif est de se lancer dans ce domaine afin de mieux préparer le retour des classes.
Partout dans les artères de la capitale économique on les retrouve. Notamment dans les grands carrefours : Rond point Dakar, carrefour Ndokoti, village, feu rouge Bessenguè, ancien troisième. Ainsi leur présence constitue une menace forte pour les taximen, qui depuis les vacances sont presqu´en chômage. «Ces jeunes conducteurs commencent à nous poser d’énormes problèmes. Ils ne sont même pas identifiés et s’infiltrent partout. Ils ne payent pas les pièces demandées par les autorités», révèle un taximan.
Baisse des recettes
Pour les conducteurs de voiture jaune, il est très difficile de joindre les deux bouts car, les jeunes conducteurs ont envahi tous les coins. Bien plus, ils n’ont pas de destination précise. Obéir au client est leur devise. Ainsi, la recette journalière de certains taximen qui s’élevait à 7000Fcfa, est revue à la baisse. «Je ne parviens plus à faire 5000Fcfa par jour, il ya d’abord le fait d’attendre que le taxi fasse le plein avant le déplacement, ce qui n’est déjà pas facile, en outre, parfois pour ne pas abuser de la patience des clients, on est obligé de se déplacer avec seulement trois clients, espérant faire le plein en cours de route. Ce qui n’est pas évident pour nous», explique Koumalou.
En effet, après 5 heures d’activité l’état de caisse du taximan ne lui garantit pas un bénéfice journalier de plus de 1.500 Fcfa apprend-on. Bien plus, ces derniers se retrouvent parfois, avec 2.000 Fcfa en poche. «C´est le maximum que nous gagnons depuis que les jeunes vacanciers sont là. Les mauvais jours, On ne parvient même pas à verser la totalité de la recette au patron du véhicule .ce qui l’amène à retrancher le manquant sur le salaire mensuel, qui est de30.000 Fcfa, sans aucune assurance de continuer le travail». Révèle un taximan.
D’après Herbert Tchokouali, taximan depuis 25 ans sur l’axe Deido-Bonamoussadi, le travail devient de plus en plus décourageant, surtout pendant les vacances. «Les nuisibles», encore appelé jeunes vacanciers sont près à se rendre partout ou faire se peut, afin de satisfaire le client. «Les usagers préfèrent emprunter les motos qui vont les laisser à destination et même à domicile. Du coup, nous taximen sommes coincés. Pas de client, pas de recette», révèle t-il.
Les risques d’accident
Plus personne n’est à l’abri des accidents dans la ville de Douala. Pour cause, l’apprentissage de la conduite de l’engin à deux roues se fait en un temps record apprend-on. Pas besoin connaitre le code de la route et la posture que doit avoir un conducteur de moto. «C’est mon grand-frère qui m’a appris à conduire. Nous sommes allés sur un stade non loin de la maison. Cela m’a pris trois jours pour m’adapter, c’est ainsi qu’il m’a fait confiance en me donnant sa moto pour ces vacances», révèle Japhet K. Ainsi, ceux –ci lancent un défie aux taximen et usager en violant même les feux de signalisation. Ils sont plus intéressés par les recettes que par les clients qu’ils transportent.
En roulant de vive allure. Un taximan indique en outre que dans sa zone au lieu-dit carrefour cité dans l’arrondissement de douala 3e, au moins cinq risques d’accidents occasionnés par ces jeunes motos taxis, sont enregistrés chaque semaine, «Nous sommes vraiment dépassé par la présence abusive de ces jeunes. Dès lors qu’ils ont un client sur la moto ils roulent à vive allure afin de gagner en temps et en argent », explique un taximan. «Ces jeunes ne respectent aucun code, il ya l’un d’entre eux qui a même voulu défier le cortège du gouverneur. Malheureusement pour lui, il a été très vite chassé par les routiers », poursuit-il.