Une bonne partie des militaires et civils qui ont déjoué le coup d’Etat de 1984 contre le régime de Biya ont connu des moments difficiles avant de rendre l’âme. Certains était privés de solde alors que d’autres sont mis en retraite anticipée. C’est le cas de Gabriel Elibi, homme qui a empêché les mutins de diffuser leur message sur tout l’étendu du territoire national. Franck Mensah Gampson revient sur son parcours dans cette tribune.
En poste au moment des faits, c’est en effet cet homme qui a coupé la diffusion des émissions hors de la capitale, Yaoundé, empêchant ainsi aux mutins de la Garde présidentielle et à leurs commanditaires de propager leurs messages à l’endroit de la population.
Passé à tabac par des militaires à sa prise de service au petit matin, il avait été conduit au centre des émetteurs qu’il fut contraint de mettre en marche, sous la menace des armes.
Ramené au centre de distribution de modulation, il avait usé d’un subterfuge pour décrocher les boutons permettant la diffusion à l’échelon national des émissions, empêchant ainsi aux mutins de diffuser leur discours victorieux et vengeur hors de Yaoundé et de ses environs.
Craignant disait-il pour sa sécurité, M. Ebili avait ensuite entamé un exil vers le Congo-Brazzaville, avant de retourner au pays .
Le président Paul Biya, ordonna en 2017 le déblocage pour la construction d’une résidence privée digne de ce nom de la somme de 40 millions de francs cfa à l’endroit du patriote Gabriel Ebili. Le chef de l’Etat également marqua par la suite son accord pour la reconstitution de sa carrière administrative. L’homme qui s’était brutalement retrouvé mis à la retraite en 1987 et ne jouissait pas des émoluments y relatifs.
A titre de rappel, Gabriel Ebili, alors en service au Poste national, avait courageusement dévié la diffusion du message des putschistes lors de leur tentative de coup d’Etat d’avril 1984, le bloquant dans un circuit fermé couvrant Yaoundé et ses environs. Grâce à ce subterfuge, le pays tout entier n’avait pu entendre le message qui annonçait l’accaparement du pouvoir par la force. Ce qui avait contribué à sauver le régime.