Dans le cadre de la journée mondiale de la liberté de la presse, un hommage mérité a été rendu à ce journaliste assassiné en 1988. L’assassinat de Martinez Zogo vient agrandir la longue liste de journalistes froidement assassinés au Cameroun.
Le Jeudi 27 octobre 1988, le corps sans vie de l’abbé Joseph Mbassi, rédacteur en chef du journal catholique “ L’Effort camerounais” est retrouvé dans son lieu de résidence à Yaoundé. Rien n’a été volé. Il s’agit d’un assassinat odieux visiblement prémédité.
Avant son assassinat, ce prêtre-journaliste travaillait sur une enquête sensible qui visiblement mettait en mal des puissants.
C’est l’un des prêtres avec qui il vivait qui fera la découverte macabre.
Ce prêtre va ouvrir la porte de la chambre du père Joseph Mbassi et va découvrir l’horreur : le corps sans vie de Joseph Mbassi gisant dans une mare de sang. La dépouille est couchée sur le ventre entre la salle de bain et la chambre.
Les prêtres habitant la résidence sont aussitôt alertés. L'abbé Etienne Ngué informe le vicaire général de l’Archidiocèse de Yaoundé. La police est immédiatement appelée. Elle débarque en trombe sur les lieux et commence les premiers constats.
La chambre du défunt est étonnement bien rangée. Le lit légèrement défait sur le côté , comme pour indiquer qu’il s’y était couché avant l’arrivée des assassins.
Tout est en ordre. Rien n’a été emporté. Des billets de banque sont retrouvés sur l’armoire.
Rien ne laisse transparaître des indices d’une bagarre. En dehors de l’endroit où se trouvait le corps, c’était à peine si on remarquait des traces de sang dans la pièce. Un travail de professionnels.
Une douille d’arme à feu est retrouvée dans une des chaussures de l’abbé. Serait-ce donc un assassinat par arme à feu ? L’autopsie le confirmera en partie.
On note aussi que son corps métamorphosé avait l'œil gauche crevé, la langue était ressortie, les yeux avaient été crevés, les bras fracturés, quelques côtes brisées, la tête presque cabossée; elle avait presque doublé de volume. Quelle cruauté !
La tristesse nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Elle est accueillie avec stupéfaction et émoi, rien ne laissait transparaître une triste fin pour ce jeune abbé rigoureux et ambitieux, promis à un bel avenir. Il avait à peine 36 ans. Les fidèles s'interrogent.
La double autopsie effectuée à la morgue du CHU révèle que l’Abbé Mbassi aurait été tué d’une balle ou d’un couteau à la nuque dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 octobre alors qu’il s’apprêtait à se coucher.
Comment a-t-on pu l’abattre sans éveiller l’attention des autres prêtres qui partageaient le couloir avec lui?
Comment est-ce que le ou les assassins ont-ils pu pénétrer et sortir de cette résidence pourtant gardée sans que personne ne le sache ?
Qui était l’Abbé Joseph Mbassi ? Qui l’a tué ? Pourquoi a-t-il été assassiné ?
Je raconte les circonstances autour de l’assassinat de l’abbé Joseph Mbassi dans mon livre: “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”