Il y’a des figures du journalisme au Cameroun qui ont suscité, par leurs talents, compétences et singularités, des vocations ; inspiré des carrières. Jean-Lambert Nang, en fait partie. Voix du sport télé dès la fin des années 80, parmi de preux professionnels, du temps où la Crtv détenait le monopole des grands-messes cathodiques, rivaient le pays tout entier dans des émissions et reportages d’évènement cultes. C’est ce que je savais de cette carrière remarquable dont les lampions ont été avivés, récemment encore, par le choix qui s’est porté sur lui, le désignant président du jury du Ballon d’Or Camerounais, relancé par la Fédération Camerounaise de Football.
Curieusement, j’ai été assez troublé, hier, en regardant le replay de l’émission de débat dominical, Club d’Elites, de la chaine Vision 4, par quelques approximations et déclarations, sous le feu roulant d’échanges vifs au sujet de l’actualité des Lions Indomptables sur le chemin de la Coupe du Monde Qatar 2022. Du coup, j’ai retenu de ce professionnel aguerri, ceci :
On peut très bien, du temps de sa pratique professionnelle reconnue, savoir prononcer des noms comme Sennen Andriamirado, Jacques Rabesandratana, des mots en français comme anticonstitutionnellement et ne pas pouvoir prononcer Ngapadombuet ou Souaibou.
Un footballeur, soupçonné de faits graves, pouvant compromettre la cohésion de l’équipe nationale, peut en être exclu sans que le sélectionneur, la fédération ou son organe de communication, n’éprouvent le besoin d’en informer le public et de clarifier la situation auprès de l’opinion. Soit, par un communiqué de presse ; soit, par une interview. Seul le propos outré du président de la fédération, devenu viral, capté au hasard des conclaves de vestiaires, tient lieu d’explication. Sans explication de texte…
On peut, délibérément, prendre un coup de sang de Zambo Anguissa, cador de l’équipe nationale, énervé par un geste antisportif, tacle sévère d’un adversaire burundais, pour une bagarre avec Michael Ngadeu, sans la moindre précaution, l’ombre d’un doute raisonnable, un effort de recoupement ( la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=whVBWjF8qHk)
La critique et l’analyse du travail d’un sélectionneur dépend de sa nationalité et de son origine : s’il est Camerounais, tel Rigobert Song, on observe silence et bienveillance ; s’il est Français, tel Paul Le Guen, open-bar de critiques et feu à volonté…
Quand on s’appelle Njoya, Mbombo, Mefire, Ngapout, bref quand on est Bamoun, du Noun, la moindre observation ou la moindre critique à l’égard de la gestion de la Fecafoot relève au choix de la « fixation, de la défense du frère du village ». Et, par analogie, donc, quand on est Bassa, il faut prendre faits et causes pour le frère en poste ?
Abed Nego Messang, de très regrettée mémoire, autre plume épique et inspirateur de talent, figure exaltante du journalisme et de sa déclinaison sportive, nous disait pourtant, un jour de 1997, au début de notre formation à l’Esstic, que « sans la liberté de blâmer, point d’éloges flatteurs ». Jean-Lambert Nang qui avait, hélas, reçu, un après, une gifle de Jacques Songo’o, portier des Lions indomptables, échaudé par sa critique au vitriol de ses prestations à la CAN, n’ignore pas la pertinence de cette citation reprise par son illustre confrère.