"Je dirais que, la constitution donne cette prérogative au chef de l’Etat. Elle est institutionnelle et ne peut pas s’éventer de cette considération morale, politique et civique. Nous sommes en désaccord avec cette grâce présidentielle, parce qu’elle ne correspond pas à l’orientation d’un pays comme le nôtre qui doit avoir vis-à-vis de ses ressortissants qui ont détourné de l’argent public.
C’est une incitation à détourner les deniers publics adressés à tous ceux qui ont pu obtenir bon gré, malgré la double nationalité. Il ya des milliers de camerounais qui sont dans les prisons et qui souffrent de massacre, et qui ne bénéficient pas d’une telle faveur consécutive au détournement de plusieurs millions Fcfa. Le pouvoir montre là qu’il est la Mercie des pressions de la France et des lobbies extérieures. Ici la cour suprême a confirmé toutes les condamnations prononcées par la juridiction antérieures. On ne peut pas parler d’honoraire, comme l’a dit le chef de l’Etat.
Il ne se fixe pas à des milliards Fcfa. Cela pose problème. Des lois camerounaises ont consacré la filouterie institutionnelle parce que maintenant, plus le montant que vous avez détourné est important plus vous avez les chances d’être lâché. Avec la fameuse disposition qui consiste à rembourser et s’en aller. Tous les jeunes camerounais qui n’ont pas d’avocat, et qui ont volé des millions Fcfa, s’ils ont la possibilité d’avoir la même disposition, cela confirme que cette justice est faite pour les riches, les plus nantis, et les pauvres n’ont que leur larme pour pleurer. Au Cameroun, les lois sont comme les toits d’araignée ou les petites mouches passent à travers.
Maitre Lydienne Eyoum n’a pas renoncé à sa nationalité camerounaise. Nous ne mettons pas en cause les pressions de la France. C’est normal qu’elle se démerde comme elle veut pour sauver ses ressortissants, mais ce n’est pas parce que la France fait pression qu’il faut absolument céder, alors que le Cameroun est dans ses droits. Ce que le chef de l’État a fait, c'est-à-dire en graciant maitre Lydienne, est plus qu’une faveur.
Cela a commencé avec Thierry Atangana, ça se poursuit avec Maitre Lydienne, maintenant l’Onu dit que Marafa Amidou Yaya est un prisonnier politique. Des milliers de camerounais sont morts dans les camps de concentration, rien n’a été fait. Au jour d’aujourd’hui, à cause de la puissance de l’argent et des réseaux sociaux plus ou moins mafieux, on veut nous faire croire que tous ceux qui ont volé l’argent de l’État ne l’ont pas fait. Ils sont en prison parce qu’ils sont des prisonniers politiques qui en veulent à Paul Biya. Un pouvoir qu’ils ont largement contribué à consolider."