Dans une tribune, Martin Camus Mimb dit que les vrais experts du ballon rond sont séquestré par une horde de 'kamikazes' sur les réseaux sociaux.


"Ce qui se passe en ce moment dans notre univers est particulièrement génocidaire sur le plan intellectuel. Les Experts, ceux qui savent, qui peuvent parler avec autorité de leurs domaines, sont dans la peur du terrorisme dès qu’ils vont émettre une idée. Une horde de kamikazes ont envahi les réseaux sociaux et l’opinion pour opérer à la catégorisation et à l’étiquetage au moindre avis. Les experts ont choisi donc de se taire. Les plus téméraires ont décidé d’être suicidaires, quitte à mourir avec la stigmatisation. Au moindre sujet, on forme deux rangs, on veut que chacun s’aligne dans un rang et dit la science, pour conforter les fanatiques qui ne sont pas intéressés par les développements, mais de la couleur de ton bulletin de vote. Tout est donc dans l’obligation que la masse impose à la science. Et des experts outillés pourtant, ont choisi de verser dans le populisme et n’ont même plus la froideur qu’impose la science, parce que apeurés d’être pris en sandwich, comme si les réseaux sociaux étaient l’amphithéâtre de reconnaissance de leurs expertises.

Comment aucun spécialiste de la communication n’a choisi de parler du Communiqué de presse de la CAF et de montrer qu’il s’agissait de tout sauf de ce qu’il faut faire dans ce que la science de la communication appelle Communiqué de presse? Il y’a la peur d’être catégorisé et l’obsession de garder son image intacte. Comment aucun spécialiste du droit de sport n’est monté au créneau pour expliquer les décisions du Tas et les réalités de la procédure ainsi que ses conséquences ? Il faut éviter de donner l’impression qu’un camp a gagné. La rue comble donc le vide en injure et calomnies de toutes sortes parce que les vrais experts sont en brousse.

Mais tout cela a une origine, les Médias. On ne fait plus des castings pour permettre à l’opinion de comprendre les enjeux, on les fait pour voir qui peut s’opposer à qui et produire des clashes. Un plateau de débat n’a pas forcément pour objectif d’avoir le pour et le contre. Il a surtout pour objectif de permettre à l’opinion de cerner les enjeux d’une situation. Mais qu’est-ce qui se passe? Pour toutes les questions, mêmes celles des combats de coqs ou la querelle des chevaux, il faut qu’on ait sur le plateau les représentants du Rdpc, MRC, PCRN, SDF, UNDP…. Qui eux aussi ne déléguent pas leurs spécialistes de ce type de questions, mais des gens qui ont la verve de s’opposer à tout prix à l’autre et de vanter les mérites de leur leader. On a plombé le débat public.
On a réussi à mettre la politique au cœur même d’une défaite des Lions Indomptables. Pendant ce temps, les « spécialistes » du football sont dans les réseaux sociaux, pour animer les débats sur les faits divers. Parce que les Experts ont choisi le silence de prudence. Quand allons nous arrêter cela?

Un match arrive face au Burundi, personne ne parle du profil des joueurs, ne fait de débats sur les performances, ils discutent du Tas à la place des experts, et attendent la liste de Rigobert SONG pour crier haro sans rien comprendre. Et le dimanche, les politiques vont venir s’installer pour débattre de ce qu’ils ne comprennent pas. Si les experts ne se mouillent pas et continuent de laisser l’espace aux blagueurs juste parce qu’ils savent crier, même la tranquillité qu’ils espèrent avoir dans leur cachette douillette, sera bientôt au cœur d’un bouillonnement sauvage. Réveillez vous !"