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Opinions of Wednesday, 23 August 2017

Auteur: Patrice Nouma

Une autre magouille des Officiers dans l'armée dévoilée

Les colonels camerounais Les colonels camerounais

Une note à l'attention du ministre de la Défense Joseph Beti Assomo sur la pratique de l'achat des diplômes militaires. Une lettre écrite par Patrice Nouma.

Monsieur le Ministre,
Permettez moi une petite intrusion dans l'univers dit-on sacré du corps dont vous avez l'honneur de porter la lourde charge aujourd'hui en votre qualité de Ministre Délégué à la défense.

Je ne serai pas très long. Je voudrais aujourd'hui m'arrêter sur quelque chose qui a tendance à s'ériger en règle générale au sein de l'armée camerounaise aujourd'hui, à savoir la pratique de L'ACHAT.

La pratique de l'achat consiste à tout acheter dans l'armée. Du recrutement ou du concours en passant par le changement de grade, l'alignement, les affectations, les stages, jusqu'aux missions, tout y passe ! On achète tout. Tout se vend au sein de l'armée camerounaise.

Depuis votre arrivée à la tête de ce département, cette pratique de l'achat semble ne pas avoir disparu. Car les réseaux tentaculaires sont si puissants au point d'obliger les différents ministres de la défense soit à s'y engouffrer soit à s'y briser. À chaque fois qu'on lance un concours, la logique est toute simple. Si vous n'avez pas un proche parent bien placé dans l'armée, vous devez trouver un ''tuyau'' ou un ''réseau'' pour faire entrer votre rejeton.

C'est ainsi qu'à chaque concours ou recrutement lancé, on peut aisément constater que certains hauts gradés se comportent exactement comme en pleine saison cacaoyère chez les cultivateurs. Ces derniers fixent des taux, négocient, s'arrangent et taxent à leurs souhaits des familles entières qui désirent voir leurs enfants sortir la tête de l'eau.

Une fois entré dans le corps, un autre parcours de combattant attend le nouveau venu. Il faut acheter pour avoir un meilleur lieu d'affectation, et acheter pour commencer à percevoir votre solde, et acheter pour procéder aux différents alignements.

Une autre paire de manche commence si on veut bénéficier des stages ou même des missions. Il faut débourser d'importantes sommes, qui peuvent aller jusqu'au million de francs CFA.

A Yaoundé, au quartier général, c'est ce qui se passe au CISA (Centre d'instruction des spécialités des armées) en général, et en particulier dans le stage du BS1 (brevet spécial charpentiers) qui dure 7 mois. Le capitaine de frégate Awouma Meye Valentin Yves, commandant du CISA, ce capitaine sorti dans la spécialité administrateurs de l'école des administrations de Toulon en France, en a fait un haut lieu de corruption ouverte, sa cacaoyère personnelle.

Au BS1, 150 stagiaires étaient inscrits. Avec la corruption, le commandant capitaine de vaiseau Awouma Meye, chef de ce centre de formation, a demandé à chaque stagiaire de lui verser 50 000 francs CFA. Au milieu de la formation, il durcit les examens et les textes de mi-parcours. Une fois que les stagiaires sont frustrés comme il l'a planifié, il envoie leur représentant leur dire que chacun lui ajoute 30 000 francs CFA pour obtenir des examens plus faciles en fin du stage et leurs diplômes. Ainsi donc, le capitaine Awouma Meye a usé du chantage afin de vendre aux stagiaires des examens faciles. Nos militaires sont ainsi obligés par cet officier véreux d'acheter des examens faciles.

Monsieur le ministre de la défense, vous ne pourrez apporter des solutions effectives dans l'armée camerounaise que dans un nouveau gouvernement, pas dans celui de Paul Biya qui est inséparable des solides réseaux de corruption et de vol laissés par l'ancien Mindef Alain Mebe Ngo'o. Et il faut craindre que si vous persistez, ces réseaux pourraient même attenter à votre vie.

Plusieurs conséquences néfastes découlent de cet exemple du BS1: (1) Le militaire candidat paie l'enveloppe de corruption de 80 000 franca CFA au capitaine de vaiseau Awouma Meye avec ce qu'il n'a pas, et doit souvent se faire corrompre et voler à son poste pour réunir cet argent, (2) cette corruption développe l'incompétence, qui par ricochet conduit les militaires à la prostitution, femmes comme hommes aux ordres des chefs et commandants véreux selon leurs préférences sexuelles. Aucune armée ne peut servir d'exemple d'honneur et de fidélité dans ces conditions. Car, à tous les niveaux de l'armée camerounaise actuellement, on rançonne, on vole et on viole.

Un fils de pauvre peut il prétendre bénéficier d'un stage en France ou aux USA ? Difficile voire impossible, à moins d'être dans le bon tuyau ou réseau pour en faire partie.

Tous les petits chefs dans l'armée camerounaise aujourd'hui ont créé chacun son petit comptoir. Il faut payer et bien payer, sinon le militaire ne reçoit rien, et bienvenu le statu quo. Les femmes peuvent décider de payer en nature pour gravir des échelons et survivre. Et depuis quelques temps également, des homosexuels comme Didier Badjeck imposent également aux hommes le paiement en nature. On se comprend!!!

Conséquence, un ministère comme celui de la défense aujourd'hui devrait simplement s'appeler Ministère mercantiliste de la défense, tellement la corruption dégage à des kilomètres, tous ces corrompus s'étant résolus à rester dans les bureaux feutrés de Yaoundé ou aux alentours de quelques généraux sourds et aveugles. Les enfants des pauvres n'ayant pas pu payer des montants requis sont envoyés aux champs de bataille à Kolofata ou à Mora, sans avantages et côtoyant la mort au quotidien.

Ils y sont abandonnés des années durant longtemps après sans relève. Quand ils revendiquent leurs dues qui leurs reviennent de droit, ils sont attrapés et foutus à Kondengui sans autre forme de procès, comme c'est le cas avec les 27 militaires récemment emprisonnés innocemment.

Le problème de notre armée est aujourd'hui l'achat de tout. Voilà pourquoi notre armée devient beaucoup plus une armée de fonctionnaires ventriloques et budgétivores qu'une armée de métiers faite de ressources humaines de vocation.
Il faut en finir avec ces pratiques qui n'honorent pas notre armée !
Je sais que le changement arrive, TIC-TAC, TIC-TAC, TIC-TAC, car le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes.

En attendant, le combat continue
Et fait quoi, Fait quoi, Nous vaincrons.
Le diable a la montre, mais Dieu a le temps
Patrice Nouma
Fils de la Republique
(001)551 666 1027