Le cheminement du Cameroun depuis l’indépendance interpelle certaines couches de la société. En effet, aux lendemains de l’indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960 et de la Réunification le 1e octobre 1962, le pays bénéficiait d’une presse libre et florissante.
foisonnement des idées et les journaux essayaient de relater les faits sans parti pris avec une certaine dose d’objectivité. Les populations étaient informées et les nouvelles circulaient sans restriction aucune, ni censure administrative.
Il a fallu attendre 1966 pour aboutir à l’Unc (Union Nationale Camerounaise) qui avait réussi à phagocyter les autres partis, quand elle n’avait pas seulement décrété leur disparition.
Il existait beaucoup de partis politiques à l’instar de l’Union camerounaise d’Ahmadou Ahidjo, du Parti des Démocrates Camerounais Pdc d’André Marie Mbida, de l’Upc, du Kndp de la zone anglophone. On assistait donc au choc des idées.
A partir de la fusion intervenue en 1966, il n’y avait donc plus qu’un seul parti unifié, l’Union nationale camerounaise qui sonnait le glas du multipartisme. Dorénavant, il fallait parler d’une seule voix et aucune contradiction n’était plus de mise.
L’Unc créa donc son journal, l’Unité qui n’admettait plus aucun autre son de cloche. C’était le début de l’embrigadement moral, idéologique et civique. «L’Effort Camerounais», journal d’obédience catholique fonctionnait, mais avec des restrictions.
Il a fallu attendre le début des années 1979 pour voir apparaître Le Messager, Le Combattant, mais avec des restrictions. Il existait aussi le Courrier Sportif du Bénin, plus spécialisé dans les informations sportives, qui ne menaçaient en rien le pouvoir d’Ahidjo.
Lors de la prise de pouvoir de Paul Biya le 6 novembre 1982, d’autres journaux pointèrent le nez, mais on savait que c’était des journaux aux ordres : - Le Républicain d’Etende paraissant à Yaoundé, - Le Libéral d’Ebelle paraissant à Yaoundé.
Et qui recevaient des subsides du nouveau pouvoir. Lors de l’avènement de la démocratisation en 1989 ; d’autres journaux apparurent tels que Le Patriote, La Caravane et ceux de la Sainte Trinité paraissant à Douala.
C’est donc à ce moment, qu’Aurore, puis Aurore Plus apparut en 1992 et ce journal tient le coup jusqu’à ce jour soit 24 ans après. Le journal était d’abord hebdomadaire puis bihebdomadaire et chaque semaine, vous avez droit à deux éditons du bihebdomadaire malgré les coups bas et autres stratagèmes pour le faire sombrer.
J’arrive, bougre, à tenir le coup et à paraître toujours malgré les oiseaux de mauvais augure. Cependant, depuis le vent de la démocratisation, beaucoup de journaux sont nés et ont rapidement disparu car, les sponsors d?un jour avaient réussi à essaimer le mauvais grain.
Les sponsors d?un jour avaient réussi à atteindre leurs objectifs, mais malheureusement, ces journaux avaient fané comme la belle rose du matin. Cependant, avec le temps, on se rend compte que le pouvoir ne recule devant rien et tient toujours à semer la zizanie au niveau de l’opinion nationale et internationale.
L’actuel pouvoir, dans la naissance et la disparition des journaux porte une grande responsabilité dans la mesure où il s’agit de financer les journaux favorables au pouvoir et à couper les vivres par tous les moyens à ceux qui ne veulent point s’aligner. Je me rappelle de l’attribution de l’aide à la presse.
Celle-ci est d’ailleurs minable, que ceux qui arrivent à l’obtenir, doivent présenter patte blanche et s’engager à ne point contredire le pouvoir en place. En plus, depuis la création du Conseil National de la Communication (Cnc) et le choix de ses membres, et de ses dirigeants, beaucoup de journalistes qui étaient considérés comme des ultras sont devenus dociles parce qu’on leur a fait une place au soleil et ce sont eux aujourd’hui qui agitent le bâton et n’hésitent point à avoir recours à la suspension des journaux.
Je suis une entreprise de presse qui emploie des journalistes et un personnel administratif qui ont des familles à nourrir. Je m’époumone tous les jours à paraître après une recherche fouillée et minutieuse de l’information.
Chaque fin de mois, je dois payer ce personnel. En décidant donc de me suspendre, a-t-on pensé un seul instant à ces familles qui vont se retrouver dans la rue, sans subsistance aucune.
A mon humble avis, le Cnc ne doit pas se comporter comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des directeurs de publication. Avant la publication de toute information, je prends la peine et le soin de la vérifier à plusieurs sources comme le fait le journal Le Monde selon Hubert Beuve Mery de regrettée mémoire. Je ne publie point à la légère mes informations. « Quand on prend une décision, on hésite longtemps avant de la mettre en pratique et il faut se hâter lentement ».
Je suis donc abasourdi, KO debout, groggy à travers les décisions jugées parfois fantaisistes du Cnc dont le rôle devrait d’abord être éducatif, conciliant et non seulement punitif. Un maître qui ne comprend pas que l’élève ne comprenne pas est-il un bon pédagogue, un bon psychologue ? Je ne le pense point car le rôle du maître est de répéter avant toute forme de punition. Dans mon entendement, le Conseil National de la Communication est un organe de régulation, une sorte de catharsis pour concilier et tenter de le faire entre le plaignant et le journal.
En cas de non-conciliation, les deux parties ont la possibilité et la latitude d’avoir recours, en dernier ressort, à la justice camerounaise dont la décision sera irrévocable.
Ce ne sont que de simples propositions que je fais à toutes fins utiles. Je crois que cette contribution, loin d’être alarmante serait un début de point d’ancrage à mes confrères et consœurs pour une bonne marche de la profession.
Il convient cependant, toutes proportions gardées, de prendre en compte tous les avis et points de vue car, en droit, les débats sont essentiellement contradictoires.
Ce n’est pas parce que je suis l’accusé que je n’ai point le droit de me défendre, à me faire disparaître à tout prix et par tous les moyens. C’est juste une simple contribution dans l’effort de mieux asseoir les organes de régulation au sein de la presse où des réglages et des améliorations doivent être faits.