Opinions of Thursday, 3 December 2015

Auteur: carmer.be

Université des montagnes : Les milliards rendent des Bamiléké fous

Le clan des professeurs Lazare Kaptué, Jeanne Ngongang, André Ntonfo, Paul-Gérard Pougoué, Docteur Wandja, Jean-Pierre Chaungueu, Henri Njomgang … s’acharne sur Ambroise Kom, Marie Djuidjeu et les membres de la diaspora sans qui le projet n’aurait abouti ; cela sous les regards malheureux de Célestin Lingo, du professeur Fabien Eboussi Boulaga,  d’Innocent Futcha ... L’enjeu : le contrôle des milliards de Fcfa que gère l’association à la tête de l’Université des montagnes. L’institution est au bord de l’implosion entraînant parents et étudiants vers l’inconnu. Le tribunal de Bangangté a rendu un premier verdict hier.

L’Université des montagnes, qui fait la fierté des ressortissants de la Région de l’Ouest est au bord du précipice ; c’est le moins que l’on puisse en dire. Quelque chose qui devait réunir une zone géographique avant de s’étendre au-delà devient, comme tout projet commun à l’Ouest (banque, transport multimodal, coopérative…), une occasion pour des opportunistes de s’enrichir au détriment du plus grand nombre.

Le fruit de notre enquête va sembler favorable au professeur Ambroise Kom. La raison est simple : nous avons contacté le maximum de protagonistes de cette ténébreuse affaire. Face aux informations et documents en notre possession, seul le professeur Kom, pourtant en Europe, a daigné répondre à nos questions. Son ex-collègue Jeanne Ngongang ne l’a pas fait malgré un entretien téléphonique; quant au président Henri Njomgang, il était aux abonnés absents. Plus facile de signer des chèques que de faire face à l’adversité. Nous avons essayé de lui faire parvenir un questionnaire par le biais du docteur Shanda Tomne, avec qui il semble avoir des choses en commun : toujours pas de réaction.

Nous n’allons pas nous soumettre aux caprices de gens qui, si on est gentil, sont coresponsables de la faillite collective qui « hante » l’Université des montagnes. Nous avons par conséquent travaillé avec les éléments en notre possession.

Une terrible lutte de clan qui jette le discrédit sur plusieurs générations

Ce conflit laisse apparaître toutes les tares de nos sociétés africaines en général, de la société bamiléké en particulier. Une société dans laquelle la convoitise de quelques uns pousse toute une communauté à s’éloigner des objectifs visés.

L’Université des montagnes avait justement pour objectif, entre autres, de gommer les tares des structures étatiques où le clientélisme, le népotisme, le favoritisme…freinaient toutes les avancées possibles en matière de formation des jeunes.

Qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? On se rend compte que ce beau projet s’enfonce inexorablement dans les abîmes de la médiocrité parce qu’une poignée d’individus, mue par un atavisme difficile à combattre, a décidé de faire d’une chose commune une source de revenus personnels. On parle désormais de « dérives managériales », de « non-respect des statuts » de l’association, d’absence de « justificatifs de dons », de « présomption de malversations financières », de « clientélisme dans le choix du personnel », … Si cela se passait dans une université d’Etat, que n’aurions-nous pas entendu ?

Fidèle à ses habitudes, votre journal a enquêté et à défaut de vous  livrer toute la vérité, est à même de donner des éléments de nature à faire mieux appréhender le conflit qui met en scène deux clans opposés, de par la nature de leur engagement.

Les Camerounais doivent savoir que l’université des montagnes nait et se déploie de par la volonté de nombreux intellectuels désireux de changer la donne pendant les années dites de braise (années 90) ; ils en ont marre de la médiocrité ambiante et estiment que leur pays mérite mieux. Ils décident de créer le C3, une structure qui confectionnera dans la plus grande clandestinité, des ouvrages afin de montrer au régime de Paul Biya qu’il y avait moyen de faire les choses autrement. Cette initiative fera naître cet ouvrage emblématique, « Changer le Cameroun ? Pourquoi pas ? » ; ouvrage imprimé dans le plus grand secret en 1990 par les Éditions Saint François, société à la base des journaux « Challenge Hebdo », « Le Quotidien » et plus tard « Ouest Littoral ».

C’est à partir de ce C3 que l’université des montagnes va voir le jour. Un projet « désincarné » n’existe pas: le professeur Ambroise Kom sera celui qui le portera. Il va  fédérer autour de ce dernier diverses compétences, demandant de l’aide à Maurice Kamto (ce dernier ne sera pas disponible) et le professeur Paul Gérard Pougoué pour la rédaction des statuts. L’Aed chargé de chapeauter l’institution universitaire en création va ainsi voir le jour.

La naïveté des concepteurs de ce projet, dont le professeur Kom est la figure visible faut-il le rappeler, fait pitié a posteriori. Ils tombent des nus en se rendant compte qu’après la tournée de tous les départements de la Région de l’Ouest, après avoir rencontré le maximum d’hommes d’affaires originaires de ladite  Région, ils se retrouvent sans le moindre sou.
Ils décident, ne suivant que leur utopie, de se lancer dans l’aventure sans argent. Le professeur Kom « vend » l’idée selon laquelle la communauté juive s’appuie sur sa diaspora pour se développer, et qu’il n’y a pas de raison que cela ne soit pas possible à l’Ouest. Il va démissionner de l’université de Yaoundé pour passer 15 années à l’extérieur du pays, années au cours desquelles avec des compatriotes de la trempe de Célestin Monga, il va pousser les Camerounais de la diaspora à adhérer massivement au projet.
C’est cette dernière qui soutiendra le projet dès le départ. Ambroise Kom à l’étranger, l’équipe locale se compose des professeurs Lazare Kaptué (Qu’on n’a pas vu pendant l’époque difficile du C3), André Ntonfo et Jean-Pierre Chaungueu.

Les informations en notre possession sur la gestion de cette structure qui démarre avec une cinquantaine d’élèves sont étonnantes ; elles décrivent surtout les actions grossières de gens qui veulent donner des leçons aux universités d’Etat. Il serait intéressant que le trio précité donne lui-même le nombre de personnes recrutées sur la base du clientélisme et du copinage. Il serait tout aussi intéressant de savoir les liens qui unissent le rédacteur des statuts de ce projet, le professeur Pougoué (Qu’on ne voyait pas pendant les années difficiles du C3) et le président actuel de l’Aed Henri Njomgang.

Lorsque le professeur Ambroise Kom revient de 15 années après avoir parcouru plusieurs universités occidentales, après avoir surtout « prêché la bonne parole » Université des montagnes, les  tenants de l’ordre établi ne peuvent y voir qu’une menace pour leurs interêts.

Le crédit accordé par l’Agence française (Afd) pour le développement met le feu aux poudres

Le professeur Ambroise Kom, dont le principal défaut il faut le reconnaitre, est de foncer comme un taureau dans le tas sans prendre des gants, va créer une inimitié profonde entre ses anciens amis et lui par sa propension à « mettre le nez partout ». C’est vrai que les mauvaises habitudes aidant, ces amis avaient fini par oublier qu’il s’agissait d’une association et non d’une affaire personnelle.

L’Afd, avant d’accorder un crédit important à cette institution, va exiger des améliorations dans la gouvernance. Pour que les choses aillent dans le bon sens, l’Aed et l’Udm sont séparés. Autrement dit, la structure de contrôle doit être différente de  celle chargée de la gestion du projet au quotidien.
Le professeur Lazare Kaptué, qui cumulait les fonctions au sommet des deux structures est contraint de choisir un seul poste : il conserve la casquette de président de l’Udm, assisté par les professeurs Ambroise Kom et Jeanne Ngongang.

A l’Aed, aucun autre membre de l’association ne veut ni du professeur André Ntonfo, ni de Jean-Pierre Chaungueu à la tête de l’institution, parce que sur eux pèsent d’énormes soupçons de malversations financières. A la surprise générale, c’est Henri Njomgang qui remplacera le professeur Kaptué. Il occupe jusqu’à ce jour le poste, en totale violation des statuts de l’association qui prévoient l’intervention de l’Assemblée générale.

A l’Udm, le professeur Kom « danse » encore plus vite que la musique, en demandant à son président (Lazare Kaptué) et sa seconde vice - présidente (Jeanne Ngongang) d’instituer un Conseil de cabinet, pour coordonner les actions sur le campus. Il veut ainsi, dit-il, éviter que tous les trafics de la gestion antérieure perdurent. Ce Conseil ne tiendra pas plus que le temps d’une rose : on est autocrate ou on ne l’est pas.

Entretemps, le campus est le lieu d’une tension mortelle. Omnipotent, le nouveau président Henri Njomgang veut placer ses pions tandis que le duo André Ntonfo-Jean-Pierre Chaungueu ne veut pas perdre la main sur ce qui apparait désormais pour beaucoup, comme une vulgaire vache à lait. Mais les trois se retrouvent sur un point : écarter le professeur Ambroise Kom et la diaspora (qui a apporté dons et matériel, qui mobilise de nombreux partenaires bénévoles, qui dispense des cours gratuitement) dont le crime est de poser beaucoup de questions sur les méthodes peu orthodoxes utilisées pour la gestion d’un campus moderne.

Les sanctions contre le duo Ntonfo-Chaungueu

Comme toute chose a une fin, un audit interne effectué sans toute la rigueur nécessaire, épingle néanmoins le professeur André Ntonfo et Jean-Pierre Chaungueu. Ils sont accusés de malversations financières et d’autres amabilités du même genre. La sanction tombe : l’un écope d’une inéligibilité pour une période d’un an, l’autre pour deux ans.

Curieuse décision en effet. Comment comprendre que des gens qui en privé fustigent la complaisance de Paul Biya vis-à-vis de  ses « frères beti » qui pillent le pays, gardent à la tête d’une institution où la tolérance zéro devrait être de mise, des gens dont il est avéré qu’ils ont porté atteinte à la « fortune commune » ? Que le professeur Lazare Kaptué, que certains ont installé rapidement sur un piédestal dans notre pays, soit à la manœuvre en dit long sur la génération qui, à l’intérieur du Rdpc conduit ce pays en enfer, au propre comme au figuré.

Malgré cette sanction que nous estimons d’une étonnante clémence, les deux « larrons » vont se révolter avec toute l’énergie du désespoir, insistant pour que le professeur Ambroise Kom soit lui aussi sanctionné en tant que co-responsable de cette gestion.

Ils vont alors exhumer deux affaires pour le mettre en difficulté. La première consistant au fait que ce dernier, qui coordonnait les actions de collecte du « bric à brac » que la diaspora mettait à la disposition de l’université des montagnes, avait demandé qu’on mette ses affaires personnelles dans un container si ce dernier n’était pas plein. Une pratique courante pour les principaux responsables de l’Aed et l’Udm, selon les informations en notre possession, notamment lors des achats de véhicules.

Ils vont aussi mettre sur la table le fait que ce dernier, qui avait pourtant abandonné une carrière lucrative aux Usa pour venir se consacrer entièrement à ce projet, se soit octroyé un salaire important alors que son activité devait être essentiellement bénévole.

Suite à la volonté manifeste d’en découdre avec le Professeur Kom, une commission est mise en place pour juger de son cas. Mais le rapport qui en sort est une véritable honte pour de soi-disant intellectuels, aveuglés par la perspective de flouer davantage leurs compatriotes. Quatre personnes étaient en charge de mener à bien cette opération. Le professeur David Simo et Marie Djuidjeu sont surpris de constater que les deux autres ont rédigé le rapport final sans leur accord.

Cette dernière s’en émeut dans un mail « habité » par une étonnante lucidité dont voici quelques extraits : « En réalité, en décidant d’assassiner notre fils unique qui est l’UdM, n’oublions pas que nous faisons du mal à nous-mêmes et non à quelqu’un d’autre… Suite à la présentation du rapport que le Professeur Simo continue de dénoncer comme ne relevant pas de sa commission alors qu’il en est encore le président, des sanctions ont été dictées tout en rejetant toute tentative de débat contradictoire ». Si le professeur Kom a enfreint les règles, il mérite une sanction, à condition que le « procès » suive au moins un semblant de normes !

Ambroise Kom écope donc d’une sanction consistant à une année de suspension des activités de l’AED. L’acte est signé par un homme n’ayant aucune légitimité pour le faire, car n’étant élu par personne. On va finir par se demander si les professeurs Paul-Gérad Pougoué et consorts, au contact du système Rdpc, ne sont pas devenus au fil des années de parfaits ignorants.

Il prend acte de la décision et avec l’orgueil qui caractérise les gens qui savent qu’ils peuvent rebondir n’importe où, il se prépare à quitter immédiatement le campus. Il apprend alors que tout cela n’était que manigance pour que lui et les deux autres personnes victimes de sanctions soient réintégrés s’ils acceptaient de présenter des excuses. C’est mal connaitre notre homme qui, comme il le dit souvent, n’accepte ni « lobotomisation, ni larbinisation » : ne nous demandez pas ce que cela veut dire.

La colère de la diaspora

Un tel départ ne pouvait qu’entraîner la colère des membres de la diaspora. Comment ne pas l’avoir anticipé sachant que pendant plus de quinze années, ces derniers n’avaient eu pour seul interlocuteur que le professeur Ambroise Kom ? Comment s’étonner quand on sait qu’en Occident, on n’aime guère les gens qui modifient ou marchent sur les règles afin de s’éterniser au pouvoir ?

Joint au téléphone en France, un membre actif de cette diaspora résume ainsi la situation : « deux visions s’opposent autour de ce projet : la vision utopique du professeur Ambroise Kom et celle mercantile des hommes du professeur Lazare Kaptué ».

Une assemblée générale étant prévue pour le vendredi 4 décembre 2015, les membres de cette diaspora se sont vus contraint de saisir les tribunaux. Le clan du professeur Lazare Kaptué et Henri Njomgang a battu le rappel des troupes avec le retour aux affaires de personnages de la trempe du docteur Shanda Tomne, désireux d’en finir avec Ambroise Kom.

Quelle idée d’aller chercher un homme aussi « typé » que Shanda Tomne dans un combat d’arrière garde pour défendre les intérêts d’une institution qui avait vocation à l’universalité ? Tous ce monde qu’on voit apparaitre autour de ce projet maintenant, donnent l’image du Bamileké que nous n’aimons pas : celle de « capteurs » du travail et de l’initiative d’autrui. Avec un chiffre d’affaires de 2 milliards, la perspective d’obtention de plus de 5 milliards de crédit de la part de l’Afd, 300 millions de la Prodeso…le projet attire désormais de nombreux vautours.

En définitive, dans cet univers peuplé de bipèdes aveuglés par de motivations financières, Célestin Lingo fait figure de sage. De son lit d’hôpital en Europe, l’ancien journaliste vedette et frondeur du quotidien « Cameroon Tribune » a appelé au calme en ses termes : « De mon lit de malade, j’apprends à l’instant, sans autre précision, que le Professeur Ambroise Kom  a été exclu de l’Udm (ou AED?). De quoi s’agit-il?  Quoi qu’il en soit, cela sent mauvais pour l’Udm. Cette guéguerre interne risque fort de faire les affaires des ennemis de toujours de cette Institution. Le Cercle AS se doit de faire tout ce qui est possible pour éviter le désastre. SOS !!! ».

Bien que malade, il est bien le seul à garder un peu de lucidité autour de cette affaire. Son « compagnonnage » avec Monseigneur Ndongmo, qui en tant qu’Evêque des temps anciens devait s’astreindre à une vie essentiellement frugale y est sans doute pour beaucoup. Entretemps, le juge des reférés a donné raison à la diaspora et Ambroise Kom hier à Bangangté en suspendant l’AG de demain et ainsi que l’AED. Les responsables de tout ce gâchis devront le payer très cher, tant ils vont faire mal à la réputation de toute une communauté.

Article paru dans le journal Ouest Littoral de ce mardi 03 décembre 2015

NB : Nous reviendrons en long et en large sur cette affaire dans nos prochaines éditions. Une affaire où une minorité, à mettre au ban de la société, va faire très mal à toute une communauté. Des documents importants figurent dans la version papier du journal.