Opinions of Monday, 25 September 2023

Auteur: Arol Ketch

'Vengeance': ce Camerounais accusé d'avoir distribué le VIH à des dizaines de blanches en Europe

Simon Moleke Njie Simon Moleke Njie

Les Camerounais ont le don de rayonner un peu partout dans le monde, que ce soit de manière positive ou négative. Le compatriote Simon Moleke Njie s'est lui illustré à travers une histoire très triste qui a secoué l'Europe, en l'occurrence la Pologne, il y a quelques années.

On ne sait pas par quelle souci de vengeance, Simon Mol a décidé de propager le sida à des dizaines de femmes blanches.

C'est en tout cas l'accusation portée contre lui par les autorités polonaises.

Arol Ketch raconte


"C’est l’histoire d’un drame social. C’est l’histoire d’un jeune Camerounais qui avait pour ambition de réussir pour pouvoir avoir une vie meilleure et subvenir aux besoins des siens. Mais la dureté de la vie, les embûches rencontrées sur son chemin vont changer l’homme.

Simon Moleke Njie est né le 6 novembre 1973 à Buea dans le Sud-Ouest du Cameroun. C' est un élève brillant et charmeur. Il adore les lettres et le maniement des mots. Il est aussi un excellent footballeur. Il adore le football et rêve même de faire carrière.


Au terme de ses études, n’ayant pas trouvé de boulot, il travaille dans une raffinerie pour pouvoir joindre les deux bouts. Sentant ses rêves et son avenir hypothéqués s’il restait au Cameroun, il décide de faire l’aventure.
Il entame un long périple qui le conduira au Gabon, en Guinée équatoriale, au Nigeria, puis au Ghana. En 1997, il décide de se poser au Ghana où de nombreuses opportunités s’offrent à lui. Amoureux des mots, il a toujours rêvé travailler dans un grand média de presse. Confortablement installé dans la capitale Ghanéenne, il prend vite ses marques et intègre la presse locale. Sa plume séduit. Peu à peu, certainement intéressé par l’appât du gain, il commence à se comporter comme un mercenaire ; il écrit à la fois pour la presse proche du pouvoir et celle proche de l’opposition radicale. Ce qui va lui attirer des ennuis.

En 1999, il décide de quitter le Ghana munit d’un faux passeport. Il sera arrêté et conduit dans un centre de détention. Une nuit, alors qu’il était détenu en prison et emporté par la mélancolie, l’inspiration va jaillir comme une source flamboyante et il va se découvrir des talents de poètes. Il va passer les six semaines de sa détention à écrire des poèmes lyriques et mélancoliques.

A sa libération, il va bénéficier de l’aide d’une association de défense des droits des journalistes. C’est cette association qui va lui permettre de se rendre en Pologne pour un congrès. Il va en profiter pour demander l’asile politique et l’obtient en 2000.

A peine arrivé en Pologne, il déchante. Il est confronté au racisme. Il subit régulièrement des actes de racisme très violents. En 2001, il est violemment tabassé par un groupe de skinheads néofascistes et xénophobes. Il décide après cette mésaventure de faire de la lutte contre le racisme son cheval de bataille.

Celui qui se fait désormais appeler Simon Mol voit le racisme à tous les niveaux dans la société polonaise.
Passionné de football, il a à cœur de lutter contre le racisme dans les stades de football. En effet, les tribunes des stades de football sont remplies de groupes d’hooligans racistes et très violents. Ceux-ci sont même affiliés au parti fasciste National Revival of Poland (NOP).
En tant que représentant culturel des campagnes sportives internationales antiracistes organisées par l'UEFA, Simon Mol assiste à des conférences un peu partout en Europe.

Simon Mol est sur tous les fronts contre le racisme. Son engagement lui vaudra de recevoir en 2003 le prix " antifasciste de l'année ". Un prix décerné par le Nigdy Więcej (« plus jamais ça ») association anti-raciste. Il est très investi au sein de la société polonaise et gagne de plus en plus en notoriété. Il mène des activités florissantes. Il publie plusieurs recueils de poèmes parmi lesquels on peut citer entre autres « Africa my Africa » et « The Goddess from Mount Africa ». Il magnifie dans ses poèmes la beauté du continent africain et réitère sa fierté d’être noir.
Très attaché à sa culture, il apporte une dose d’originalité dans sa manière déclamer ses poèmes. Il les déclame en jouant du tambour et très souvent pour couronner tout, il entonne des chants traditionnels Bakweri. Ce côté exotique séduit. Les jeunes filles polonaises sont sous le charme de ce beau garçon avenant, charmeur, intelligent et très engagé. En avril 2003, il est désigné « Homme du mois » par la fondation Polonia Global Fund.

Ses succès littéraires lui ouvrent même la porte de la communauté universitaire où ses écrits sont proposés aux étudiants. Il commence peu à peu à devenir une vedette nationale. Il est sollicité de partout. Mol est sur tous les fronts. Il est aussi très engagé dans la défense des réfugiés politiques. Il est d’ailleurs membre fondateur de l’association qui s’en occupe. Il fonde et dirige une troupe de théâtre composée de réfugiés. Avec cette troupe, ils vont se produire un peu partout en Pologne. A chaque représentation, ils font face au racisme. Les comédiens de la troupe sont généralement agressés. Tout ceci révolte Mol.

En 2004, il est nominé au nom du Président Polonais pour le Prix Sergio Vieira de Mello, aux côtés de l'ex-premier ministre Tadeusz Mazowiecki et d'autres personnalités polonaises, pour « la reconstruction de la paix dans les communautés post-conflit », sous le patronage de la Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Parallèlement à tout ça, il mène une carrière de journaliste au sein « The Warsaw Voice », il est rédacteur en chef de "La voix des réfugiés" ("Głos Uchodźców"). En 2006, Mol reçoit le prestigieux prix de la « liberté d'expression » attribué par Oxfam Novib et International PEN. Il est le chouchou de la presse libérale polonaise.

Mol n’est pas un saint, loin de là. Il a un sérieux problème. Probablement un complexe lié à une maladie qu’il a contractée et qu’il cache. Il ne l’assume pas. Il est dans le déni mais il est porteur du VIH, maladie probablement contractée avant son arrivée en Pologne. Habité par cette plaie intime, il prend très mal tous les sujets qui évoque à la fois le SIDA et l’Afrique. Pour lui, les racistes adorent associer le SIDA aux noirs et à l’Afrique.
En 2005, Mol organise une conférence avec des personnalités noires en Pologne pour protester contre des affirmations dans un article dans la presse sur les problèmes de SIDA en Afrique. Lorsqu’il veut faire l’amour avec une conquête et que celle-ci lui demande d’enfiler le préservatif, il entre dans une fureur noire, prétextant que c’est par racisme qu’on lui fait cette demande car pour les racistes tous les noirs qui viennent d’Afrique sont séropositifs.
En février 2006, l'une de ses partenaires lui demande de faire le test de dépistage au VIH. Mol refuse, blessé dans son amour propre, il publie un long article sur son blog dans lequel il charge violemment les « ennemis des africains ».

Perturbé par tout ceci, Mol prend la décision de distribuer le VIH SIDA au maximum de femmes blanches. Il est persuadé que la société occidentale est essentiellement raciste et qu’elle déteste les noirs. Il croit que les femmes blanches le perçoivent juste comme un objet sexuel pour assouvir leurs fantasmes et leurs désirs d’exotisme.

Sans vouloir justifier ses actes injustifiables et intolérables, il faut noter que Mol débarque en Pologne à une période où le racisme est à son apogée. Les actes de racisme sont légions. Il ne se passe pas un jour sans que le presse ne fasse écho d’actes de racismes violents. Mol est décidé à venger les siens. Bel homme, fin séducteur et surtout garçon intelligent, il a du succès auprès de la gent féminine. Même les femmes mariées craquent pour lui.
Ses cibles sont exclusivement les femmes blanches. Il multiplie les conquêtes et à chaque fois, il refuse de se protéger lors des rapports sexuels, allant jusqu’à alléguer que son sperme est sacré. Très vite, il est accusé par quatre polonaises de leur avoir sciemment transmis le VIH. Très vite, le nombre de victimes va passer à 12.

Le 3 janvier 2007, Mol est placé en garde à vue par la police polonaise et accusé d'avoir transmis le VIH à ses partenaires sexuels. Sa photo est largement diffusée avec un avertissement épidémiologique. Un appel est lancé dans tout le pays pour demander à toutes les femmes qui auraient couché avec lui d’aller se faire dépister. Les centres de dépistage du VIH sont littéralement envahis par des jeunes femmes. Du jamais vu en Pologne. Plusieurs hommes inquiets qui ont appris que leurs partenaires avaient couché avec Mol viendront aussi se faire tester. La presse ne parle plus que de cette affaire.

Plusieurs femmes qui avaient couché avec des hommes noirs qui n’étaient pourtant pas Mol vont même faire la maladie à cause de la peur. Certaines vont perdre jusqu’à 20 kg. Un nombre record de cas de virus VIH ont été détectés en Pologne dans son ensemble en janvier 2007.

Mol est placé en détention. Son procès s’annonce comme le procès du siècle. Les médias polonais ne parlent que de cette affaire. Cependant, le procès de Mol sera suspendu en raison de sa grave maladie. Mol décède le 10 octobre 2008 des suites de complications liées au VIH. Jusqu'à sa mort, il affirmait qu'il ne savait pas qu'il était infecté par le VIH, affirmant être victime d’une machination politique et raciste. On va découvrir plus tard qu’il avait menti sur une bonne partie de son parcours. Par exemple, il n’a jamais travaillé comme journaliste au Cameroun et n’y a jamais été persécuté et emprisonné pour ses écrits comme il l’avait affirmé au moment de sa demande d’asile.
A cause de cette affaire, la Pologne a décidé de proposer le dépistage du VIH avant l’entrée de migrants sur son territoire, ciblant principalement les populations d’Afrique subsaharienne.

Il est difficile de dire exactement le nombre de victimes de Mol mais selon des chiffres récents, il aurait fait près d’une centaine de victimes directes et indirectes.

Sa famille n'a jamais cru aux accusations portées contre lui. Pour eux, Mol a été tout simplement tué. Sa mère a même affirmé dans la presse locale que "les blancs ont tué son fils". Pour elle, à part un assassinat, rien n'explique la sa mort rapide quelque temps après son arrestation".