«Après le retrait de sa licence par le ministère des Postes et Télécommunications et l’Autorité (Sic) de régulation des télécommunications, et la longue suspension de ses services, l’entreprise Afrimax Cameroon a conclu, à contrecœur, qu'il n'était plus commercialement viable de reprendre ses services au Cameroun. En conséquence, Afrimax Cameroon a cessé ses opérations avec effet immédiat». Tel est le contenu d’une correspondance adressée à la ministre des Postes et Télécoms, le 9 novembre dernier, depuis Londres, par Afrimax Group.
Pourtant, en septembre dernier, après avoir créé une entité dénommée Afrimax Cameroon, cet opérateur avait dûment introduit auprès des services du ministère des Postes et Télécoms, une demande de licence qu’il ambitionnait d’exploiter sous le nom commercial de Vodafone Cameroun. Ceci, conformément à un accord de franchise existant entre Afrimax Group et l’opérateur des télécommunications britannique Vodafone.
Selon les termes de la correspondance annonçant la cessation des activités d’Afrimax Cameroon, cette décision est, grosso modo, la conséquence des lenteurs administratives observées dans le processus de délivrance d’une licence télécoms, dont le bouclage du processus aurait été promis aux responsables d’Afrimax Group sous «48 heures», ainsi que le souligne l’auteur de la lettre susmentionnée.
Un délai logiquement intenable, explique une source proche du dossier, au regard des exigences que requiert la procédure de délivrance d’une licence. «Auparavant, l’ART délivrait des titres transitoires aux opérateurs très rapidement. Mais, c’était illégal. Puisque la prérogative de la délivrance des titres d’exploitation incombe au Minpostel, dont les services doivent élaborer un cahier des charges, en discuter avec l’opérateur, avant la signature finale de la licence par le ministre», confie une source autorisée.
Mais, au-delà de cette problématique des délais, il faut remonter au dernier trimestre 2016 pour mieux comprendre ce qu’il convient d’appeler l’affaire Vodafone Cameroun.
En effet, le 23 septembre 2016, au cours d’une soirée organisée à Bonanjo, quartier résidentiel de la capitale économique du Cameroun, Afrimax Group annonce le lancement officiel de Vodafone Cameroun (grâce à un accord de franchise scellé en 2014 avec l’opérateur britannique éponyme), un fournisseur d’accès internet exploitant la 4G LTE.
Pour un départ, le nouvel opérateur se déploie uniquement dans les villes de Douala et de Yaoundé (qui représentent 80% du marché des télécoms au Cameroun), où ses produits sont rapidement adoptés par les consommateurs.
Une licence querellée
Un mois plus tard, dans un communiqué officiel rendu public par voie de presse, la ministre des Postes et Télécoms, Minette Libom Li Likeng, révèle que certains opérateurs (une vingtaine au total, va-t-on découvrir plus tard) des télécoms exercent de manière illégale sur le territoire camerounais.
«L’attention de mon département ministériel a été attirée par le fait que de nombreux opérateurs du secteur des télécommunications mènent leurs activités en violation de la règlementation en vigueur. Je tiens à rappeler que, conformément aux dispositions des articles 35 et 42 du décret du 14 juillet 2012, fixant les modalités d’établissement et ou d’exploitation des réseaux et de fourniture des services de communications électroniques soumis au régime de l’autorisation, la délivrance de licences ou de tout titre en tenant lieu, relève de la seule compétence du ministre des Postes et Télécommunications», rappelle le membre du gouvernement.
Même si la Minpostel ne cite aucune des entreprises visées par sa mise en garde, des sources internes à ce département ministériel et au sein des milieux des télécoms, conclurent que cette sortie est consécutive à l’arrivée de Vodafone sur le marché camerounais, laquelle n’a pas obéi aux dispositions réglementaires en vigueur dans le pays.
En effet, apprend-on de sources internes à l’ART, Vodafone Cameroun s’est lancé sur le marché très dynamique des télécoms au Cameroun grâce à un «titre transitoire» délivré par l’Agence de régulation des télécommunications, le 8 janvier 2015, à la société Northwave Sarl qui a ensuite été absorbée par Afrimax Group pour donner naissance à Vodafone Cameroun.
En plus de n’avoir pas été délivré par le ministre des Postes et Télécoms, le «titre transitoire» exploité par Vodafone est frappé de nullité, souligne-t-on alors au Minpostel, parce que les textes règlementaires fixant les modalités d’établissement et/ou d’exploitation des réseaux et de fourniture des services de communications électroniques dans le pays, interdisent la cession des titres à des tiers. Aussi, les responsables de Vodafone Cameroun sont-ils invités à introduire leur propre demande de licence, pour pouvoir continuer à exercer sur le territoire camerounais.
Après plusieurs mois de tractations infructueuses, l’ART va suspendre les activités de cet opérateur, le 14 septembre 2017, pour défaut de licence d’exploitation. Deux semaines plus tard, une demande de licence sera officiellement déposée au ministère des Postes et Télécoms, par la société Afrimax Cameroon SA qui a été lancée dans la foulée.
Filiale camerounaise d’Afrimax Group, cette nouvelle entité ambitionnait d’obtenir sa propre licence (et non plus exploiter celle de Northwave Sarl), afin de continuer, sous le nom commercial de Vodafone Cameroun, à fournir l’internet aux populations camerounaises.
Mais, le 10 novembre dernier, alors que le Minpostel et l’ART planchaient encore sur son dossier de demande de licence introduit, il y a un peu plus de deux semaines, avec notamment une descente sur le terrain à Douala et à Yaoundé pour évaluer le réseau de Vodafone, dans l’optique de lui attribuer un cahier des charges, l’opérateur a plutôt annoncé la cessation de ses activités dans le pays.