Opinions of Tuesday, 3 January 2017

Auteur: James Kapnang

Voeux de Paul Biya: le Discours d'un

Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo à la nation Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo à la nation

Le contenu du discours du président de la République du Cameroun, son excellence Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo à la nation, le 31 janvier 2016 peut être analysé comme une nouvelle preuve, de ce que le "premier" camerounais ne met pas au premier rang de ses préoccupations le peuple
Le contenu du discours du président de la République du Cameroun, son excellence Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo à la nation, le 31 janvier 2016 peut être analysé comme une nouvelle preuve, de ce que le "premier" camerounais ne met pas au premier rang de ses préoccupations le peuple. Les Hommes. Les camerounais. Ses administrés! On vérifie cette assertion avec l'attaque de son allocution.

Juste après les traditionnelles civilités d'usage, l'homme Lion, qui garde un ton monotone tout au long de son discours oublie d'observer une minute de silence, en hommage aux victimes de la catastrophe ferroviaire produite à Ezéka, le 21 octobre 2016 aux environs de 13h30. Il détourne également son regard des nombreux soldats tombés à l'extrême-nord de son pays, sous le crible des balles de la secte islamiste Boko Haram. Comme-ci ce mépris apparent ou ostentatoire à la mémoire de ces vaillants et braves hommes en tenue, qui s'offrent quotidiennement en sacrifice ultime pour la défense de l'intégrité territoriale du Cameroun n'était déjà pas inadmissible, son excellence Biya Paul survole leurs actions, leur bravoure en une phrase: " Nos forces de défense et de sécurité avaient repoussé et mis Boko Haram sur la défensive." Just it. C'est tout. Mais certainement assez voire trop pour Mr Biya Paul, qui brûlait sans doute d'envie d'intimer des menaces à son peuple. Il en a l'habitude, face aux revendications de ces derniers.

Le courage et le sacrifice de nos forces de défense et de sécurité nationale sont des épiphénomènes pour le père de la nation. Il fallait en découdre avec les "manipulateurs" tapis dans l'ombre, qui orchestrent, encouragent et motivent des revendications des enfants de l'ancienne partie orientale du pays. Ces derniers qui estiment vivre des injustices criardes et injustifiées décident d'extérioriser leur chagrin. 34 années de latence, de patience et d'acceptation ne sont pas assez pour se révolter. Mr Biya nous enseigne dans son discours, qu'on est immature dans son royaume à 34 ans. L'homme Lion n'hésite pas à le proclamer: " Par le fait d’un groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés..." soutient Mr Biya, qui ne surprend d'ailleurs pas les habitués de ses communications. 2008 en témoigne.

Comme au cours de son allocution très attendue en février 2008, lors des émeutes de la faim, le premier sportif camerounais la crinière dressée, assène des coups de griffes à ses fils de l'autre bord. Le mal de ses administrés étant d'oser se plaindre. Oui. Jugés opprimés, marginalisés et exclus des débats nationaux, nos frères des régions du Nord et du Sud-ouest du pays osaient exprimer leur ras-le-bol. Nos frères et sœurs de l'ancien camerounais oriental ont eu la mauvaise idée de faire entendre leur voix. Ils ont eu la mauvaise idée de demander, qu'on leur accorde une oreille attentive. Oui. Nos sœurs et frères d'expression anglaise ont osé revendiquer, protester, contester. Ils ont demandé de la considération et du respect. Ce qui irrite visiblement le roi Paul Barthélemy.

Ces camerounais qui s'expriment dans une langue autre, que l'homme qu'ils considèrent comme leur père ignoraient sans doute, qu'on ne perturbe pas son roi dans son sommeil. Ils avaient sans doute oublié la réplique énergique et énergétique du locataire du palais de l'unité, le 27 février 2008 au cours des émeutes de la faim. Mr Biya Paul, qui traite et considère les camerounais comme des enfants immatures à la merci des manipulations n'hésitait pas à accuser, il y a huit ans:

"L’instrumentalisation, qui a été faite de la grève des transporteurs, à des fins politiques. Pour certains, qui n’avaient d’ailleurs pas caché leurs intentions, l’objectif est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir par la voie des urnes, c’est-à-dire par le fonctionnement normal de la démocratie," martelait le patron de l'exécutif camerounais qui poursuivait: " Ils n’ont donc pas hésité à jeter dans la rue des bandes de jeunes auxquels se sont mêlés des délinquants attirés par la possibilité de pillages." Le successeur d'Ahmadou Ahidjo terminait son intervention par une menace claire: " Tous les moyens légaux dont dispose le Gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi." Je vous épargne des exactions produites par les forces de défense et de sécurité nationale contre le peuple au terme de cet aveu de guère lancé officiellement par le chef suprême des armées. On écoute quasiment un disque similaire en 2016. Soit huit (08) années après.

Au cours de son adresse à la nation à l'aube de l'année 2017, Mr Biya Bi Mvondo Paul Barthélemy en référence aux revendications de la population locale d'expression anglaise n'hésite pas à défier cette partie du peuple, qui souhaite se faire écouter par son chef, par son président voire par son roi: "Je voudrais donc, avant toute autre chose, vous dire solennellement, ce soir, que le Cameroun est un pays plus que jamais debout. " Le ton est donné d'entrée de jeu. Le père de la nation se montre comme à son habitude, comme un homme, qui ne fait pas de concession. Bref, on croirait écouter le discours d'un homme atteint de surdité. Rien de plus surprenant.

Le chef suprême de la magistrature n'est que fidèle à ses habitudes. C'est un homme sourd devant les cris du peuple. A l'instar du 27 février 2008, Mr Biya, qui se refuse de trouver une solution aux doléances de ses administrés opte pour des insultes et des menaces: " Mes chers compatriotes, Je voudrais maintenant m’appesantir sur les derniers événements survenus dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces événements nous interpellent profondément dans notre chair et dans notre esprit. Par le fait d’un groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés, des Camerounais ont perdu la vie ; des bâtiments publics et privés ont été détruits ; les symboles les plus sacrés de notre nation ont été profanés ; les activités économiques ont été paralysées momentanément. Tout cela, vous en conviendrez, est INACCEPTABLE." Jusqu'ici, le président de la république est dans le dénie totale. Pour lui, les doléances de nos sœurs et frères de la partie anglophones sont sans objet. Il n'y a aucune revendication qui tienne la route. Comme si la pilule n'était pas suffisamment amère, Mr Biya infantilise une fois de plus le peuple, son peuple. Vous êtes manipulé! Il nous a servi ce refrain le 27 février 2008. Dans un contexte presque similaire, Mr Biya nous sert du réchauffé le 31 décembre 2016. Le président de la république réagit de la même manière au malaise sociale.

"L’unité du Cameroun est donc un héritage précieux avec lequel nul n’a le droit de prendre des libertés. Et quelle que soit la pertinence d’une revendication, celle-ci perd toute légitimité, sitôt qu’elle compromet, tant soit peu, la construction de l’unité nationale. Le peuple camerounais, comme un seul homme, s’est engagé à construire une nation unie, inclusive et bilingue." Cet extrait de Mr Biya laisse penser, que le premier camerounais ne pense pas à ce qu'il dit. Lui qui en 34 années de règne à la tête du pays a pour principale expression anglaise à son actif, son très célèbre: "I do so swear," je le jure. Une expression qu'il se donne le malin plaisir de prononcer chaque fois qu'il prête serment en début de mandat parle de bilinguisme. Dans le même extrait, Mr Biya avoue à demi-mot, qu'en raison de leur mouvement de grève sévèrement réprimé par les forces de défense et de sécurité nationale dont il est le chef suprême, leurs revendications perdent toute leur légitimité. Une déclaration qui choque nos frères et sœurs anglophones:" ça ne vaut pas la peine. Le président perd quoi à parler en anglais? Tout montre qu'on n’est pas considérés dans ce pays. Doux Jésus. C'est frustrant ». Se désole un journaliste de la télévision camerounaise à capitaux publics, après un sondage quelque temps après le speech de l'homme lion. Jusque-là, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Car le premier camerounais se montre plus que jamais insensible.

Mr Biya pour qui la vie des camerounais semble n'avoir aucun sens se sert de trois petites phrases pour parler des victimes de l'accident ferroviaire produit le 21 octobre 2016 à Ezéka. Des sources non officielles évoquent plus de 600 tués. Ce n'est sans doute pas assez pour le prince, qui n'a pas eu plus de considération ou d'empathie pour des soldats tombés sous les cribles des détonations de la secte Boko Horam au septentrion du pays. C'est quasiment à la fin de son discours, que le garant de la sécurité des camerounais se penche sur le sort des disparus: " Mes chers compatriotes, Je voudrais, avant de conclure, vous inviter à avoir une pensée pour nos soldats et nos citoyens civils tombés pour la défense de la patrie tout au long de l’année 2016, ainsi que pour les victimes de la catastrophe ferroviaire survenue à Eséka il y a peu." D'où de nombreuses interrogations au rang desquelles, la compatible des camerounais avec leur guide. Est-il en phase avec son peuple ou non? Son allocution à la nation le 31 décembre 2016 nous amène à penser que non.

Tout au long du discours du président de la république du Cameroun, son excellence Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo, on pouvait lire un homme évasif, sans conviction et totalement ignorant des réalités du peuple. Du coup, sa communication sonne creuse. Le peuple dans sa majorité attendait de son guide, qu'il s'appesantisse sur la crise dans la partie anglophone du pays, les résultats de la catastrophe ferroviaire d'Eséka, les répercussions du sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la zone CEMAC sur le niveau de vie, les projections économiques pour l'année 2017... En somme, bon nombre de camerounais restent persuadés, que monsieur Biya a parlé sans rien dire. Ce qui lui vaut le qualificatif de "ROI FAINEANT." Ce que nous refusons d'admettre, pour la simple raison, que roi fainéant laisse sous-entendre, que les camerounais sont des fainéants. Ce qui est impensable!