Dans l’histoire contemporaine du Cameroun, on dénombre une kyrielle d’affaires criminelles non élucidées et faisant généralement l'objet de classements sans suite. Une République des crimes non élucidés.

Plus récemment, le flou qui entoure l’affaire Martinez Zogo nous amène à redouter qu’on ne saura peut-être jamais ce qui s’est réellement passé.

Le 05 janvier 2009 à Maroua, au cours de la cérémonie d’ouverture solennelle des travaux de l'Assemblée générale des évêques réunis dans le cadre de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, Mgr Kléda alors vice-président de cette instance relevait dressait un constat amère sur les morts non élucidées au Cameroun : “ Un pays qui bat le record en Afrique centrale en ce qui concerne le nombre de personnes tuées sans qu’aucune enquête digne de ce nom soit venue élucider les circonstances de leur mort et l’arrestation des coupables. Il est temps que la justice joue son rôle comme dans tout Etat de droit qui se respecte”.

Aucun véritable effort n’est fait pour élucider ces crimes, ou encore pour obtenir justice pour les victimes comme cela se fait ailleurs, notamment à travers de véritables enquêtes, des ouvrages, des films/documentaires.

Non pas que la justice camerounaise soit incapable d’élucider ces affaires; c’est visiblement une volonté manifeste de maintenir le flou, l’opacité autour de ces affaires. Très souvent les commanditaires de ces meurtres occupent des postes de pouvoir.

Le livre Rivière de sang aborde une vingtaine de morts non élucidées au Cameroun de 1960 à 2013.

Ainsi donc, dans quelles circonstances ont été tués Osendé Afana, Marthe et Félix Moumié ? Où se trouvent leurs dépouilles ?

Qui est Nya Thaddée ? A-t-il tué les missionnaires protestants Roland Vald-vogel et Liliane Markoff ?

Qui a décimé la famille Mpondo à Douala ? Que sont devenus les assassins de Vincent Dikoum ?

Quelles sont les circonstances autour de la mort du Pr Joseph Tchundjang Pouemi ?

Que s’est-il passé au quartier Congo en 1960 et à l’institut privé Monthé en 1988 ?

Alors qu’ils étaient au sommet de leur carrières, Zanzibar et Kotto Bass ont été arrachés à la vie comme un oiseau en plein vol : que s’est-il passé ?

Ce livre aborde aussi plusieurs autres affaires sensibles : les 9 disparus de Bépanda, la disparition de Guérandi Mbara, l’assassinat de Narcisse Djomo Pokam, la mort de René Journiac, le suicide de monsieur Pewé, le train de la mort, l’assassinat du jeune étudiant Njongoué Kamga Collins, les assassinats du père Engelbert Mveng, Mgr Yves Plumey et les soeurs religieuses de Djoum etc.

Ce périple sanglant démontre que nous sombrons progressivement dans une société de violence, d’indifférence, d’injustice, d'égoïsme, de résignation, d’insécurité.