Opinions of Saturday, 2 September 2017

Auteur: ebugnti.wordpress.com

Voici ce que risque Paul Biya après la libération des anglophones

55 leaders anglophones ont été libérés par Paul Biya 55 leaders anglophones ont été libérés par Paul Biya

Au lendemain de l’arrêt des poursuites judiciaires contre les activistes anglophones, les avis son très partagés quant à l’opportunité de cette mesure.
Les sympathisants de la cause « anglophone » jubilent. Beaucoup n’y ont d’ailleurs pas cru, tant le fait était inespéré. Pour cette opinion, c’est la victoire de la pression populaire.

Paul Biya aurait ainsi plié sous les coups de la violence, ces établissements scolaires et autres bâtiments publics incendiés, les enfants violentés pour avoir choisi d’aller à l’école ou encore les emblèmes de la République profanés.

D’autres pensent que c’est la voix de la raison. Un coup de poker dans la perspective de la rentrée scolaire prochaine. Car, estiment-ils, la mesure aurait pu être prise plus tôt.

Ce serait donc le prix à payer pour que la rentrée scolaire soit effective dans les deux Régions. Une initiative heureuse en vue de la décrispation et le retour à la normale.

La victoire des extrémistes

Dans l’un et l’autre cas, ce serait la victoire de l’activisme sécessionniste sur l’unité nationale. L’aveu de l’incapacité du gouvernement de Yaoundé à assurer la sécurité, l’ordre et l’autorité publics.
Une incompétence symbolisée par la campagne foireuse d’explication qui, malgré son coût faramineux, n’a servi qu’à conforter les extrémistes. Les représentations diplomatiques du Cameroun ayant été saccagées.

Le consulat du Cameroun à Ottawa a même été occupé quelques temps par les activistes sécessionnistes. Le drapeau du Cameroun descendu, piétiné, brûlé. À la place, une étoffe, aux couleurs de la rébellion « anglophone », a été hissée sur le mât.

Un signe de faiblesse qui aura des incidences graves

Pour l’opinion patriotique, c’est indiscutablement un signe de faiblesse, l’effondrement de la République. Une intrusion, quoique légale, immorale et inconséquente du chef de l’État dans une procédure qui touchait à l’essence même de la Nation.

Un calcul politicien d’ordre personnel, au détriment de la République et qui risque avoir pour effet de faire renchérir les extrémistes.
C’est la prime au brigandage, au banditime, à l’intimidation et à l’extrémisme, la consécration du réflexe identitaire. La porte ouverte au nombrilisme et aux revendications ethnocentristes.

Fragilisation de l’opinion républicaine

Cette décision, de ce point de vue, met en difficulté les nombreux compatriotes qui, dans ces deux régions, font front, seuls mais avec courage, bravoure et patriotisme, aux activistes et la terreur qui y sévissent au quotidien. Et pas seulement eux !

C’est toute l’opinion républicaine qui est mise en minorité et fragilisée dans cet environnement hostile. D’autant plus que le communiqué du Secrétaire Général de la présidence de la République les a complètement ignorés.

La reconnaissance de Ferdinand Ngoh Ngoh s’étant limitée aux seules forces de sécurité et de maintien de l’ordre. Alors même que l’essentiel de la frayeur et de la résistance est à mettre à l’actif de ces concitoyens qui se battent contre leur propre fratrie et les idées reçues. Quand même leurs conditions vie et leur environnement seraient de nature à les convertir.

Et Paul alors

À mi-chemin, Paul Biya et ses férus revendiquent une œuvre républicaine (eux aussi !). Une réponse « aux préoccupations exprimées par les compatriotes de ces deux Régions (…) de rechercher les voies et moyens d’une résolution pacifique » de cette crise, selon le communiqué de la présidence de la République.

Le chef de l’État « réaffirme néanmoins sa détermination à combattre sans relâche tous les ennemis de la paix et du progrès, chantres de la division et les criminels de tout acabit qui, sous le couvert de revendications politiques, essayent de prendre en otage l’avenir de notre pays, plus particulièrement de notre jeunesse ».

À sa décharge, tous les interpellés ne sont effectivement pas libérés. Notamment ceux qui ont porté atteinte aux emblèmes et qui sont formellement reconnus coupables de crimes.
Au bout du compte, et si tant est que la cohésion nationale en soit l’objectif, cette décision vient un peu plus accentué la fracture créée par la crise qu’elle est sensée résoudre.