Lorsqu’on fait un effort de synthèse, il semble possible de résumer les valeurs traditionnelles Bamiléké en trois super-valeurs : (1) La méritocratie ; (2) l’entraide ; (3) la révérence.
La méritocratie
Le modèle de méritocratie Bamiléké se rapporte aux valeurs de travail, de persévérance, de goût de l’épargne, de la prise d’initiatives indépendantes, de quête d’excellence et de soif insatiable de toujours monter dans la hiérarchie sociale qui caractérisent l’Humain Bamiléké. Elle se rapporte aussi à un modèle de société où il est admis et accepté que toute personne quel qu’en soit son statut social initial peut, au travers de son sens de l’initiative et à la force de son travail, se hisser aux sommets de la société et être reconnue, célébrée et donnée en exemple aux autres. Il s’agit donc d’une société qui valorise et célèbre toutes les réalisations et réussites de tous ses membres sans exceptions.
L’entraide
L’entraide Bamiléké se rapporte aux valeurs de solidarité, de compassion et d’envie de se mettre en groupe (tontines, sociétés de classe d’âge (Menzons en Yemba), sociétés coutumières etc.). Il s’agit d’entraide et non d’assistanat car il n’y a pas d’un côté des « donateurs » et de l’autre des « receveurs ». On s’entraide ! Il y a donc réciprocité dans l’aide. Entre amis, la logique est : je t’aide pour l’organisation de tes funérailles étant entendu que demain tu m’aideras pour les mieux. *L'entraide Bamiléké est à l’image d’une tontine* disait le Prof. Jean Louis Dongmo. En direction de quelqu’un qui est nécessiteux, la logique vise à rapidement le rendre indépendant afin qu’il puisse à son tour être en position d’aider d’autres ou celui qui l’a aidé hier. La phrase-clé dans les milieux bamilékés à ce sujet est « donner le capital » ce qui veut dire faire cette unique action qui permette à celui qu’on aide de voler de ces propres ailes. « Donner le capital » est donc l’équivalent de la sagesse chinois « La meilleur façon d’aider quelqu’un c’est de lui apprendre à pécher plutôt que lui donner du poisson ».
La révérence
La révérence Bamiléké se rapporte aux valeurs de respect, d’obéissance voire (péjorativement) de soumission aux institutions légitimement consacrées : La divinité, les lieux et objets sacrés, les Ancêtres, le Fo’o, les notables, les vieux, nos parents, les ainés, les règles et normes établies dans la communauté, etc. La révérence Bamiléké se rapporte aussi à l’autodiscipline c’est-à-dire le respect de soi-même. Mener une vie bien rangée, harmonieuse, humble et souvent discrète voilà quelques aspects généralement observés chez des notables et néo-notables Bamiléké de cette révérence vis-à-vis de sa propre personne.