C’est une histoire que les camerounais devraient connaitre à fond. Le jour où Paul Biya a pris le contrôle de l’armé camerounais. Le journaliste et éditorialiste Henry – Paul Diabate Manden est revenu en détails sur les circonstances de son accès à cette haute instance du pays.
Le jour que Paul Biya est devenu le patron de l’armée
Devenu chef de l’état après la démission de son « illustre prédécesseur », Paul Biya peine vraiment à contrôler l’armée. Et pour cause, non seulement tout le personnel militaire qui lui a été légué est naturellement celui de son ancien « massa ».
Pire, la « Grande muette » est divisée entre ceux qui estiment que les lignes ne doivent pas bouger, ceux qui pensent que le temps est venu pour eux de manger » aussi et les jeunes desinhibés par le sursaut révolutionnaire sankariste qui trouvent que le temps de l’armée de papa était révolu.
C’est pourquoi après la mutinerie militaire du 06 avril 1984, le président Biya dissout les commandements de garde et fait le « sèguè-sèguè ».
Première victime et non des moindres, son plus que frère, le colonel Ousmanou Daouda est limogé de son poste de chef d’état-major particulier du président de la République. Était-il le complice des mutins ou a-t-il pêché par négligence ? Personne ne le sait. Paul Biya entretiendra jusqu’à ce jour un silence incroyable au sujet du colonel Ousmanou Daouda qu’il avait pourtant nommé lui-même à son accession à la magistrature suprême.
Et ce paraît-il contre l’avis du président Ahidjo qui voulait plutôt quelqu’un d’autre. A la place de l’Etat-major particulier, c’est un sous Etat-major qui est créé et c’est le chef de bataillon Blaise Benae Mpeke, jusqu’ici chef de service des affaires militaires qui en prend le leadership.
Le frêle et longiligne jeune officier qui dirigeait avec brio la résistance des troupes loyalistes dans l’enceinte du palais d’Etoudi nommé Ivo Desancio Yenwo est nommé Directeur adjoint de la division de la sécurité présidentielle.
Autre fait saillant. Le limogeage du colonel Ngoura Belladji qui dirigeait la première région militaire et la nomination du colonel Pierre Samobo. Pour mettre de l’ordre dans les rangs sur le plan administratif et réglementaire en cette période clef, le colonel Sylvestre Mang est nommé aux affaires. Le carré d’as ainsi mis en œuvre, maintenant Paul Biya pouvait gouverner en paix.