Le passé de la première dame Chantal Biya était depuis plusieurs années un secret d'Etat. Il a fallu le courage de plusieurs personnes comme Hilaire Mbakop pour faire connaitre aux Camerounais, quelques sombres secrets bien enterrés dans les méandres du passé de Chantal Vigouroux. L'un des secrets qui ont été révélés par Hilaire Mbakop est l'assassinat du père des jumeaux qu'avait eu la première dame avec son ex, l'anglophone Churchill Che. Lisons.
"C’est par pur opportunisme que Chantal Vigouroux lâcha son concubin anglophone Churchill Che pour se lier avec Paul Biya. Churchill était en effet chauffeur de taxi. Il vivait depuis longtemps avec Chantal. Contrairement à ce que d’aucuns pensent, elle n’était pas une prostituée.
Elle était la concubine de Churchill et ce couple avait deux enfants. Le lieu de résidence de cette famille de quatre personnes était Yaoundé. Elles vécurent en harmonie jusqu’au jour où Chantal fut invitée à un repas somptueux que le président de la République offrit à son château privé de Mvomeka’a, son village natal. La relation de Chantal et Churchill entra dans une zone de turbulence dès le moment où elle lui révéla que le monarque, L’homme-Lion, désirait faire d’elle sa femme. En ce moment-là, Paul Biya était veuf. On sait qu’il avait fait disparaître Jeanne-Irène, sa première épouse, au début des années quatre-vingt-dix.
Le soulèvement populaire avait poussé le dictateur à réinstaurer le système multipartite. Néanmoins, Jeanne-Irène, convaincue de l’incompétence de son mari, lui suggérait de démissionner : « Paul, tu sais, tu as fait massacrer des milliers de Camerounais ces derniers temps. Nous possédons des belles maisons et de nombreux comptes bancaires à l’étranger, nous avons détourné beaucoup d’argent, entre autres les 400 milliards que ton prédécesseur avait laissés dans la caisse noire. S’il te plaît, donne ta démission ».
« C’est toujours la même rengaine », lui répliquait le tyran sanguinaire. Puisqu’il en avait plus qu’assez d’elle, il la fit taire. Lui qui avait défini le régime du Renouveau comme celui de la rigueur et de la moralisation avait fait un enfant à la sœur de Jeanne-Irène ! Cet enfant n’est rien d’autre que Franck Emmanuel Biya !
Après deux ans de veuvage, Paul Biya décida de mettre le boxon dans la vie harmonieuse qu’avait menée jusque-là la famille Churchill. Le pauvre chauffeur de taxi essaya en vain de ramener sa concubine Chantal à la raison, dénonça son ignoble traîtrise, renvoya désespérément des officiels que Satan envoyait pour le persuader d’abandonner la résistance.
Churchill continua à insister sur son bon droit. Chantal le supplia de s’enfuir, d’aller à l’étranger, sans elle et sans les jumeaux ! Il lui rétorqua qu’elle était sa femme et qu’il n’acceptera en aucun cas de la quitter au profit du dictateur ! Ce dernier et Chantal se rencontraient souvent, à l’insu de Churchill. Chantal était déterminée à devenir la nouvelle Première dame du Cameroun, donc à laisser tomber son compagnon, le père de ses enfants.
Comme Churchill était intransigeant, Biya et Chantal décidèrent de l’éliminer. Le pauvre fut abattu à bord de son taxi, dans une rue de Yaoundé. Le tireur s’éclipsa. Il est indéniable que c’est le président Biya et Chantal Pulchérie Vigouroux qui avait prémédité ce crime. Après avoir supprimé l’obstacle que constituait Churchill, la voie était libre pour leur mariage. Ils convolèrent en justes noces en 1994. Dès lors, Chantal Pulchérie Vigouroux s’appelle Chantal Pulchérie Biya. Les jumeaux que Churchill lui avait faits sont officiellement présentés comme les enfants de Paul!
D’ailleurs, les deux assassins de Churchill ont tenté de faire disparaître des documents qui pourraient servir de pièces à conviction. C’est ainsi qu’un détachement débarqua une nuit au quartier Nsem à Bafut avec pour mission de trouver et de confisquer tout objet ou tout écrit pouvant prouver que Churchill avait vécu en concubinage avec Chantal ou qu’ils avaient eu deux enfants. Heureusement, les militaires se trompèrent de maison ! Ils perquisitionnèrent plutôt le domicile du voisin de William Anyele, le père du défunt !
Bien évidemment, ils ne trouvèrent rien. Ils se contentèrent de passer leur déception sur le neveu du propriétaire de la maison. À l’époque, ce dernier travaillait à Bamenda, le père de Churchill également. Le jeune homme que les soldats avaient arraché au sommeil à deux heures du matin fut passé à tabac, mais se garda de dévoiler à ses tortionnaires que la propriété de la famille de Churchill était plutôt celle d’à côté.
Je me suis rendu à ladite propriété en mai 2013 pour recueillir certaines informations dont j’avais besoin. En plus des renseignements qu’on me donna, on me montra la tombe où repose Churchill Che, mais aussi celles de son père, de sa mère et de deux de ses sœurs. Toutes ces tombes se trouvent tout près de la maison que les soldats envoyés par Paul et Chantal Biya auraient dû perquisitionner. Des quatre enfants des parents de Churchill, un seul est encore en vie. Il est allé s’installer à l’étranger pour des raisons de sécurité.
Quand je finis de faire des investigations à Bafut, quelques-uns de mes informateurs – qui ont d’ailleurs requis l’anonymat – me conseillèrent d’aller voir aussi un avocat du nom de Chrysantus Che, l’un des cousins de Churchill. Un matin, je me rendis donc au quartier Mbingfibieh à Bamenda. Je rencontrai Chrysantus à la maison. Après m’être présenté, je l’informai que j’ai été à Bafut, et lui fis connaître l’objet de ma visite. Il me dit qu’il était sur le point de sortir, puis me pria de revenir dans une semaine. Le jour du rendez-vous, il se plaça plutôt à un carrefour pour m’attendre, près d’un bar, au bout de la rue qui mène chez lui. Quand il me vit passer, il m’appela.
On s’assit sur un banc à la terrasse du bar. Il me dit tout de go qu’il ne va pas se prononcer, que le problème pour lequel je viens le voir est délicat parce que ça concerne la femme du président de la République, qu’il est fâché contre ceux qui m’ont indiqué son lieu d’habitation, qu’il a une femme, des enfants et une belle voiture, qu’il n’est pas prêt à fournir des renseignements qui pourraient porter préjudice à sa petite famille et à lui. Sa voiture était garée devant le bar. Une Toyota RAV4. Je demandai à Chrysantus Che s’il est le cousin de Churchill Che. Il répondit part l’affirmative, certes, mais ajouta que les problèmes que le défunt avait eus à Yaoundé ne le concernent aucunement, qu’il n’a en conséquent rien à dire là-dessus.
Sur ce, il se leva pour partir. Je le priai de se rasseoir, ce qu’il fit. Il me confia que chaque fois qu’il se trouve à un endroit où quelqu’un évoque cette affaire, il se hâte de s’en aller. La seule information que je pus tirer de Chrysantus c’est que Churchill le protégeait quand ils étaient tous les deux écoliers, car Churchill avait des biceps.
Je reprochai à l’homme devenu avocat de trahir la mémoire de celui qui le prenait sous son aile. En effet, le mutisme de cet avocat n’a pas eu d’impact sur mes investigations, puisque les renseignements qui me furent fournis à Bafut étaient satisfaisants.
Si je l’ai cité, c’est juste pour illustrer la terreur dans laquelle les juristes camerounais vivent. Ils sont aussi en proie à un régime qui ne respecte pas les libertés individuelles. Churchill fut une victime de ce régime. Un régime incarné par un homme qui pense que son pouvoir est sans bornes. Il est typique qu’il ait à ses côtés une épouse qui l’aide à maintenir le peuple dans l’assujettissement".