Opinions of Friday, 25 April 2025

Auteur: Patrice Nganang

Voici pourquoi la panthère est si populaire chez les Bagangté

Une panthère Une panthère

Évidemment, à cause du football - chaque politicien voulant s'identifier avec qui gagne. Quand la Panthère de Bangangté (pardon, du Nde) était encore une équipe, et que mon voisin Jacquinot à Nkomkana jouait là-bas – à la joie de son père et à notre fierté.

Mais plus sérieux: la panthère est le double de la chefferie (notez que je suis de la génération qui appelle encore ‘chefs’ ces ‘mven’ qui s’appellent aujourd’hui rois), l’animal même qui est le symbole du pouvoir traditionnel, même si le détenteur du pouvoir traditionnel lui-même, la personne du mven, est plutôt appellé ‘Mbelong’, le caïman. Nous avons donc, que le Nzuimanto c’est pour les Bangangté:

1) L’équipe de football
2) Le double (le chef a toujours deux corps, notez que je ne dis jamais ‘totem’, mais deux corps) du chef.

Tel que je sais, le chef lui-même est appelé de plusieurs manières, mais surtout ‘Mbelong’, ce qui veut dire le caïman. Il y’a donc double corps royal: Nzuimanto et Mbelong. Et d’ailleurs, tous les chefs Bamileke sont appelés ‘Mbelong’, ce qui veut dire le caïman. La traversée du fleuve abyssal Nu sur le dos du caïman y est pour quelque chose sans doute, mais c’est une autre histoire… même si égyptienne.

…il apparait cependant ceci: les Bamileke ont compris que leur problème est avant tout politique. Et voilà pourquoi, selon moi, ils ont mis eux-mêmes le corps institutionnel du chef devant, comme représentation de leur personne, car sinon, le corps politique n’est jamais, je dis bien jamais, le corps le plus important dans quelque société que ce soit. C’est uniquement dans les sociétés qui ont un problème de survie que c’est le cas – et c’est le cas justement dans les sociétés Bamiléké.

Plus important est toujours le pouvoir divin, et ici c’est donc Mbuma, le python et son avatar plus populaire Nyu (sinon Nsi, pour ce qui est des Bangangté dont je parle), tout comme vient après le pouvoir divin, le pouvoir intellectuel, et c’est ici Ngam, c’est-à-dire l’araignée.

Le relegage des deux pouvoirs les plus importants derrière le pouvoir politique dans la scène publique Bangangté (et dans la société bamiléké) est justement du au problème politique dans lequel nous sommes pris depuis 1804 – avec les razzias de Ousman dan Fodio. Le lion, quant à lui, n’est entré dans la symbolique du pouvoir bamiléké qu’avec l’allégeance des chefs Bamiléké à Paul Biya qui, à partir de mai 1984, a identifié le régime du ‘renouveau’ aux Lions indomptables (encore le foot !), et s’est donc auto-fait ‘l’homme-lion’, même si avec une voix de beignets-haricots. Lion qui ne peut pas rugir.