«Faites attention à la Russie». Cette phrase est devenue le joker de luxe que l'État français brandit désormais à tout va, depuis que le général Tiani a marqué sur corner il y a deux semaines. Macron et ses complices sont tellement aveuglés par la rage de ce but splendide qu'ils finissent par perdre le sens des réalités.
En effet, un Français qui vous dit : « Faites attention à la Russie » souffre de sérieux problèmes de logique et devrait consulter un psychiatre en urgence. Parce que cette même France qui nous met en garde contre le démon russe dépend terriblement de la Russie, et elle continue d'ailleurs à commercer vigoureusement avec cette même Russie, malgré tout le blabla médiatique et les faux semblants sur la guerre en Ukraine depuis l'assaut débuté en février 2022.
LES FAITS, RIEN QUE LES FAITS
Aujourd'hui, en 2023, plus de 60% de l'uranium importé en France provient de trois pays : le Niger, le Kasachstan et la Russie. Maintenant, examinons un peu les deux principaux problèmes que cela pose :
Problème No.1 : La France nous explique que la part du Niger dans l'uranium qu'elle importe pour alimenter ses 56 centrales nucléaires (et donc produire son électricité) est « très faible » et ne représenterait plus aujourd'hui « qu'entre 15 et 17% ». Sauf qu'elle oublie de préciser qu'en 2009, l'ancien président Mamadou Tandja lui a cédé la gigantesque mine d'Immouraren, qui contient plus de 200 000 tonnes d'uranium (Sans doute le plus grand gisement mondial), et dont l'exploitation n'a même pas encore commencé (car pas encore rentable selon l'évaluation du marché) ! Cela signifie que la France dispose d'une assurance-vie en Afrique, au cas où les choses venaient à se détériorer avec ses autres partenaires. Elle ne peut donc pas balancer des bêtises du type : « Le Niger va souffrir si on s'en va. Nous ne dépendons plus de votre uranium comme avant.»
Et c'est précisément pour sécuriser cette assurance-vie que vous voyez Emmanuel et ses amis s'agiter autant sur un pays pourtant qualifié de « deuxième pays le plus pauvre du monde », et dont ils affirment pourtant ne plus du tout dépendre. Car même si la part actuelle du Niger dans l'importation française d'uranium a diminué, les possessions effectives de la France dans ce pays d'Afrique de l'Ouest sont littéralement galactiques !
Une fois que vous savez ces éléments, tout s'éclaircit et tout s'explique ! Voilà pourquoi on a beau chasser les 1500 militaires français présents là-bas, ils ne veulent pas partir ! Ils vous explqiuent que c'est vous qui avez besoin d'eux pour sécuriser le pays contre les terroristes. En ce moment, même ma grand-mère est en train de se rouler au sol à force de rire.
Problème No. 2 : Et pour nous montrer que ce n'est pas elle qui a besoin de l'Afrique, la France (à l'image des nombreux Français qui ont circulé sur ma page ces derniers jours) nous explique que ses principaux fournisseurs sont désormais le Kasachstan, l'Australie, le Canada... Et c'est ici que mon grand-père éclate de rire à son tour. Car d'une part, elle oublie un autre pays africain très important qui lui fournit de l'uranium : la Namibie ! Quatrième producteur mondial devant le Niger, la Namibie livre à la France plus de 10% du précieux minerais. D'autre part, s'il faut considérer leur premier fournisseur, le Kasachstan, il faut préciser qu'il s'agit là d'une ancienne république soviétique. Et même si le Kasachstan se veut aujourd'hui politiquement indépendant de Moscou, l'uranium qui provient de ses mines passe obligatoirement par la Russie, où il est transformé dans les usines du géant ROSATOM, avant d'arriver en France.
Il en est de même pour l'uranium d'Ouzbékistan. Lui aussi passe par ROSATOM où il est chimiquement enrichi, avant d'arriver dans les centrales nucléaires françaises.
Autrement dit, le CNPE (Centre National de Production d'Electricité, situé dans le Tricastin, sur les bords du Rhône, à mi-chemin entre Lyon et Marseille) n'ayant pas assez d'équipement pour tout transformer sur place, la France est obligée de déléguer cette tâche... au pays de Vladimir Poutine ! Oui oui, le même démon Poutine dont elle nous dit de se méfier, et qu'elle prétend combattre depuis un an et demi aux côtés de Zelensky, en interdisant même aux athlètes Russes de participer à des compétitions internationales ! C'est exactement comme un homme qui drague votre voisine sur votre dos, mais qui vous dit chaque matin de vous méfier de votre voisine ! Nous nageons en plein délire.
D'ailleurs, devinez quel pays européen est le premier importateur de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) russe. ROOuuulement de tambour.... Et le gagnant est..... ?!
EN BREF :
Voilà pourquoi je dis toujours à mes frères africains de cesser de délirer. Le monde n'est pas un dessin animé avec de Gros-Gentils d'un côté et de Gros-Méchants de l'autre. Ceux qui veulent choisir vos ennemis à votre place sont les premiers à s'accoupler avec ces mêmes ennemis, une fois la nuit tombée. Alors, plutôt que d'attendre que ce soient les Occidentaux qui nous informent que « la Russie et Wagner vont aussi piller votre uranium » (comme si on était des enfants à qui il faut préciser que le feu brûle), nous devons plutôt commencer à élaborer nos propres stratégies commerciales pour évaluer comment tirer notre avantage du nouveau types d'échanges que nous ferons désormais avec les partenaires internationaux, qu'ils soient russes, chinois, français, américains ou autres.
Laissons donc la France dans ses divagations ; si un homme te dit que sans lui tu ne vaux rien, c'est tout bêtement parce qu'il sait que sans toi il ne vaut rien.