Opinions of Thursday, 26 October 2023

Auteur: Wilfried Ekanga

Wilfried Ekanga fait des révélations sur le préfet masturbateur et jouisseur

Le sous préfet de Garoua Boulai Le sous préfet de Garoua Boulai

« Jouis et fais jouir, sans faire de mal à toi, ni à autrui ; voilà je crois toute la morale.»

Cette très belle phrase est tirée du recueil : « Maximes et pensées », du philosophe et poète français Nicolas de Chamfort (1740 -1794), publié en 1795, à titre posthume. Ici, il faut comprendre que ce n'est pas la jouissance en soi qui pose problème. Si ton plaisir n'affecte en rien ton environnement, alors nul n'aura à s'en offusquer. Mieux encore, si ton plaisir génère du plaisir autour de toi, alors ce n'est que du bonus ! Par contre, si par ton plaisir tu vas engendrer de la souffrance et du dégât chez tes semblables, alors ton plaisir est grand à renoncer à ce plaisir.

La recherche effrénée de la jouissance en toutes choses, ça s'appelle l'hédonisme. Mais l'authentique hédonisme, selon Chamfort, c'est précisément celui-là qui ne nuit à personne.

Sauf qu'au pays des Crevettes, les choses sont un tout petit peu différentes.

BOULAÏ WALAÏ !

Pour commencer, notons qu'au Cameroun, prendre un agent public en flagrant délit de jouissance n'a rien de surprenant. Depuis 1982, il ne font que ça : jouir. Ils jouissaient du Dom Pérignon et du Petrus au stade Paul Biya en janvier 2022, pendant que les finitions à la hâte causaient un déficit de coordination, entraînant 8 jeunes Camerounais à la mort lors d'une bousculade. D'ailleurs, ils aiment tellement les plaisirs mielleux qu'ils ont décidé d'oublier ce tragique épisode, préférant ne retenir que : « la CAN était sucrée ! ». Leur amour pour la jouissance est inconditionnel.

Car évidemment, jouir, c'est sucré !

De plus, à votre avis, pourquoi l'usine de transformation de manioc de Sangmelima (SOTRAMAS) n'a jamais démarré, alors que la Bank Of China a déployé 1,2 milliards de CFA pour son lancement prévu pour 2014 ? Encore une fois, la réponse est simple : parce que les élites locales ont préféré se battre entre elles pour la place de Big Boss et ont paralysé le projet, au détriment des emplois que la structure aurait générés. Ce sont des élites de l'hédonisme sauvage, et chacun désire contrôler le trésor, pour jouir des sous ; exactement comme Madeleine Tchuente, qui avait reçu 11,9 milliards de CFA pour la construction d'un pôle scientifique, la "Cameroun Silicon Valley", à l'horizon 2019, et qui en 2023, compte toujours les pangolins et les chauves-souris qui vivent à Yaoundé.

Parce qu'elle aussi aime jouir ; comme Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité Sexuelle, dont un artiste de la place (le mari de ma Juliette) nous contait encore récemment les pulsions lubriques. Comme Ferdinand Ngoh Ngoh, dont la facture de plaisir s'élève tout bonnement à... 3 000 milliards de CFA, et dont Ngannou Djoumessi est le prophète ! Ou comme Célestine Ketcha Courtes, la prometteuse maire de Bagangté, transformée ces dernières années en piètre chanteuse de louanges au jouisseur en chef, Paul Biya, l'homme dont la chambre à l'Intercontinental de Genève coûte 40 000 francs suisses (25 millions de CFA) par nuit, et dont les draps de soie font énormément de bien à lui et à la Première dame, Première camerounaise, et Première hédoniste.

Car l'ex-maire aussi aime jouir, et pour protéger sa machine à plaisir, elle prend le micro et elle chante. Et elle chante... et elle chante encore.

Et ainsi de suite.

EN BREF :

Si la hiérarchie jouit en haut lieu, alors pourquoi mon frère du village Abena - ou Abina pour les intimes - ne jouirait-il pas à son tour ? N'est-ce pas où elle est attachée que la chèvre broute ? Le pauvre n'est que le rejeton du système pernicieux qui le paie. On le sait, la première condition pour être sous-préfet au Cameroun, c'est d'aimer jouir. Et c'est précisément parce qu'ils aiment jouir en tout temps et en tout lieu, que nos sous-préfets sont autant zélés dans les interdictions de manifestations, la torture et la diabolisation des dissidents politiques. Ils savent que c'est le meilleur moyen de trouver grâce aux yeux des jouisseurs d'en haut, et d'être promus à des sphères supérieures.

C'est d'ailleurs la même méthode employée par les débatteurs du dimanche tels qu'Abama, Rifoé et autres Meka. Il faut mouiller le maillot pour espérer une place au soleil. L'écrivain canadien Jean Adrian ne s'est donc pas trompé quand il affirmait : « À jouir sans péril on s'essouffle sans gloire. »

N'est-ce pas, Matthias Eric ?