Opinions of Sunday, 19 November 2017

Auteur: Via la page Facebook de Dr Modestine Tchatchouang

Zimbabwé: Mugabé fait un coup d'Etat à sa femme

Robert Mugabe a fait appel à ses amis pour organiser un vrai-faux coup d’état Robert Mugabe a fait appel à ses amis pour organiser un vrai-faux coup d’état

Les évènements qui se déroulent au Zimbabwe depuis deux jours sont d’une complexité indéniable. Bien que assigné à résidence depuis près de 48 heures, les militaires persistent qu’il ne s’agit pas d’un coup d’état. Quelques heures dans la matinée, c’est un Mugabe souriant aux côtés du chef de l’armée (supposée putschiste) qui est apparu à la télévision nationale. Quelle lecture en faire au moment où le monde est scotchée pour suivre l’évolution de la situation ? Et si Mugabe avait lui-même orchestré ce vrai-faux coup d’état pour éjecter son épouse devenu trop ambitieuse ? Tout porte à croire que Mugabe du haut de ses 93 ans n’avait plus aucun contrôle sur son épouse de 52 ans obsédé par le pouvoir.

Pour mieux comprendre, c’était devenu un sport national : le Zimbabwe regarde son président vieillir, et suppute. Combien de temps lui reste-t-il à vivre ? Pourquoi ses jambes, désormais, se dérobent sous lui ? Qui, finalement, finira par lui succéder à sa mort ? Chacun a compris que Robert Mugabe, 93 ans, n’avait pas la moindre intention de céder le pouvoir de son vivant. Désormais, il apparaît aussi qu’il continue de jouer un rôle central dans la guerre pour sa propre succession, et cela semble même être l’un de ses derniers plaisirs, compte tenu de l’énergie qu’il déploie pour brouiller les cartes et prendre tous les prétendants à contre-pied, y compris les plus puissants.

Samedi 4 novembre, le président Mugabe prononçait un grand discours à Bulawayo, la deuxième ville du pays, où il caressait publiquement l’idée de se défaire de l’un de ses deux vice-présidents, sans le nommer. Il s’agissait d’Emmerson Mnangagwa, nommé en 2014 en étant persuadé qu’il serait le dauphin du chef de l’Etat. Mais, dans l’intervalle, la situation a changé, et Emmerson Mnangagwa a vu surgir une rivale qu’il n’attendait pas : Grace Mugabe, qui s’est consciencieusement défaite de sa réputation de dépensière frivole obsédée par les boutiques de luxe, pour se plonger dans la politique zimbabwéenne. Elle a obtenu d’être nommée à la tête de la ligue des femmes de la Zanu-PF, a organisé autour d’elle une faction, la Génération 40, puis a commencé à travailler à la destruction du vice-président.

Samedi, justement, Robert Mugabe annonçait qu’il nommerait volontiers une femme à la vice-présidence. S’il n’a pas dit « ma femme », cette dernière, Grace Mugabe, 52 ans, n’a pas laissé passer cette ouverture. Dimanche 5 novembre, c’est elle qui tenait le micro lors du grand rassemblement de la jeunesse du parti au pouvoir, le Zanu-PF, dans un stade de Harare : « Je dis à M. Mugabe : vous devriez me laisser prendre votre place (…) N’ayez pas peur. Si vous voulez me donner votre poste, donnez-le-moi... ».

Et si ces propos tenu en public par Grace Mugabe aurait mis son époux de président dans l’embarras et ce dernier donc de décider de lui couper l’herbe sous les pieds ? Car, tout comme on ne peut apprendre à un vieux singe à grimper aux arbres, ce n’est donc pas à Mugabe qu’on viendra apprendre la politique…Le scénario plausible semble donc la suivante : Pour éloigner son épouse du pouvoir, le président Robert Mugabe a fait appel à ses amis pour organiser un vrai-faux coup d’état, espérant que sa femme prenne fuite en le laissant à son sort, ensuite, il négocie la fin politique de son épouse. Même son premier ministre qu’il a limogé la semaine dernière et qui serait à l’origine du vrai-faux coup d’état serait déjà de retour au Zimbabwe, comme quoi…