Opinions of Friday, 28 April 2023

Auteur: Sœur Paule Valérie

‘Claude Abé n’est qu’un bouc émissaire’ : confidence d’une religieuse

"Quand sera t-il mort? Son nom effacé? "

LE PROCÈS DU PROFESSEUR CLAUDE ABÉ

Ses ennemis disent:
– « Quand sera t-il mort? Son nom effacé? ( Ps 40).
– UCAC aide-nous à tuer cet homme! Nous l’avons surpris en flagrant délit de tribalisme. Or la loi prévoit de lapider ces gens-là. Et toi, que dis-tu, UCAC ? ( Cf. Jn 8, 4.5).

– UCAC et Église catholique, si vous ne nous aidez pas à tuer cet homme, si vous le relâchez, vous n’êtes pas l’ami de César » (Jn 19).
Alors ils le livrèrent pour qu’il soit crucifié…(Cf. Jn 19, 13)
Mes très chers,

Ma sortie précédente n’avait pas pour objectif d’empêcher la crucifixion du Professeur Claude Abé. D’ailleurs qui suis-je? Juste la voix qui crie dans le désert ! Et l’esprit du Prophète Daniel qui me fait crier: » Je ne suis pas responsable de la mort de cet homme, car ceux qui l’accusent et crient plus fort que les cymbales sonores et triomphantes, ont tous les moyens de pression, d’oppression et d’anihilation du genre humain. Ils ont la loi, le sacerdoce, le pouvoir de condamner et de relâcher, de donner la vie et de la reprendre. Donc, je savais que le rouleau compresseur serait déroulé contre Claude Abé, quoique je dise. La question c’est : « Who next? » et « What next? »
L’histoire se répète mais elle ne réussit pas à nous enseigner. Sachez que ceux qui crient fort pour qu’on crucifie le Professeur Abé sont en réalité en train de punir le tribalisme sévère et chronique dont ils souffrent eux-mêmes. (Les psychologues me comprennent mieux sur cette réalité là).

Certains individus sont en train de prendre le Cameroun et la République en otage. On les laisse faire. Ils monopolisent l’espace public et la parole, et personne ne doit dire qu’ils font mal. Ils veulent instrumentaliser l’Église et ses pasteurs, mais pour après se moquer d’eux. Et personne ne doit attirer l’attention de l’Église.

Ils ont la loi; ils ont Rome; ils ont le Pape; ils ont les armes; ils ont tout pour faire taire quiconque se mettraient au travers de leur chemin. Claude Abé n’est qu’un bouc émissaire, l’agneau post-pascal, prêt pour le sacrifice.
Je sais que son sort est réglé. Il a été jeté en pâture pour avoir exprimé une pensée que beaucoup pourtant, avant lui, ont exprimé, de façon même plus pernicieuse et plus tendancieuse, sans pour autant être inquiétés. Comment le pourraient-ils, puisqu’ils décident allègrement qui doit mourir et qui doit vivre?

Comme je l’ai dit précédemment, l’Église est pédagogique. Même dans ses options de silence.
L’UCAC aurait dû écrire une lettre officielle à leur frère et collègue pour lui demander simplement de clarifier sa position, et il l’aurait fait, j’en suis sûre. C’est la méthode ecclésiale appliquée même à Rome. Jamais plus on n’a muselé ou exclu des gens pour leur pensée, même lorsque cette dernière est schismatique ou hérétique. On écoute la personne, puis on l’aide à voir comment il aurait pu mieux dire et mieux faire et on réhabilite la personne dans sa dignité.

Les méthodes qui consistent à exclure les gens, à les soumettre à la vindicte populaire et à les désavouer publiquement ont été condamnées par le Christ Lui-même ( Cf. La femme adultère).

Par ailleurs, tous les schismes que l’Église a connus, particulièrement au15ème et 16ème siècles sont davantage le résultat des égos que des divergences doctrinales. Tout simplement des mauvaises gestions des crises qui ont fragmenté l’Eglise du Seigneur. On pensait protéger l’image de l’Église…
Et comme l’Eglise est fille de son temps et qu’elle assume son histoire avec ses méandres, le Droit Canon, pour qu’il soit ce qu’il est aujourd’hui, a subi plusieurs modifications parce que l’autorité suprême ecclésiale avait constaté que les sanctions et toutes les autres méthodes utilisées pour corriger, étaient plus rigoristes qu’ évangeliques. Alors il a été question de replacer Dieu au centre et le bonheur de l’homme qu’il a créé. C’est de cela qu’il est question. LA PÉDAGOGIE. Corriger quelqu’un pour qu’il s’améliore. Ramener le pécheur pour qu’il se convertisse et qu’il vive. Réhabiliter les gens dans leur dignité au lieu d’organiser et de soutenir leur lynchage public par voie médiatique. Ça aussi c’est une entorse grave au 5ème commandement et un manque de fidélité criard a l’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ.

Les païens peuvent me lyncher, m’insulter et orchestrer toutes sortes de pressions et de diffamation à mon sujet, je men fiche éperdument car, J’ÉCOUTE LA VOIX DE L’ESPRIT SAINT, ET J’AGIS CONFORMÉMENT À L’ÉVANGILE. Donc, les insultes des insulteurs et leurs machinations, sont débarrassés de mon corps et de mon âme à la fin de chaque journée par le Très Précieux Sang du Christ. En d’autres termes je n’ai pas peur de vous ni de ce que vous pouvez dire et faire contre moi. Le Christ est mon bouclier, c’est Lui que je sers, c’est Lui que je proclame. Seule sa volonté s’accomplit en moi et non les desseins des humains. Donc d’avance j’accepte.

Voilà ce que je vous propose, chère UCAC, chère Église catholique du Cameroun, pour résoudre chrétiennement le fléau du tribalisme au Cameroun, surtout que l’Eglise elle-même n’en est pas épargnée…

– Organisez les États généraux ou un synode national, ou autre chose du genre. Bref convoquez une Assemblée et permettez aux fidèles de débattre, de dialoguer, d’examiner sérieusement la question et la situation du Tribalisme camerounais. Sans museler quiconque, faites sortir ce venin des cœurs des camerounais, au lieu de sacrifier des vies au nom du polissement de l’image d’une institution qui ne souffre de rien en réalité.

Au terme de cette assemblée, faites des recommandations, prenez des résolutions qui seront suivies par tous les fidèles. Éclairez-les. Ainsi, vous aideriez grandement le peuple camerounais à vivre la fraternité, la paix, la justice et la cohésion sociale. C’est votre mission d’amour, d’éducation, de Miséricorde, de paix, de justice, de rassemblement.

Je profite pour demander pardon au Recteur de L’UCAC au cas où certains propos utilisés dans mon précédent poste l’auraient heurté. Veuillez me pardonner : c’est le vase de poterie sans valeur que je suis. Prenez l’essentiel de ce qui est communiqué dans cette réaction, car je pense que vous n’auriez pas dû écrire cette note, d’autant plus que ceux que vous vouliez peut-être contenter estiment que vous n’avez rien fait. Ils en demandent plus. Ils veulent le sang de Claude Abé, tout simplement. Ils vous applaudissent mais ils ne vous aiment pas. Ils ne veulent pas le triomphe de l’amour du Christ. Et croyez-moi, ce que vous pensez éviter en clouant Claude Abé au pilori, le causera plutôt tôt ou tard.
Sur ce, long live Cameroon, long live the church in Cameroon.
Spv-E