Grace à l’opération Epervier, le Tribunal Criminel Spécial (TCS) a fait emprisonner plusieurs hauts fonctionnaires de l’Etat reconnus coupables de détournements de deniers publics. Le nombre impressionnant de ces criminels au col blancs pousse l’écrivain Mbombog Mbog Bassong à s’interroger sur le modèle de gouvernance des Etats africains. Il dénonce les intellectuels africains qui critiquent le fédéralisme communautaire de Cabral Libii tout simplement parce que ce modèle est issu d’Afrique. CamerounWeb vous propose l’intégralité de la tribune de Mbombog Mbog Bassong.
« Pourquoi les Africains diplômés sont-ils si prompts à ne point considérer avec intérêt les modèles théoriques africains ? Peut-on bâtir un empire pharaonique, du Mali-Ghana, près de 200 millions d’habitants au Moyen âge (travaux de Louise-Marie Diop-Maes), et des royaumes prospères, sans vol, sans prison, sans que le modèle de droit et de l’économie soit performant (lire Ibn Battuta) ?
Avec simplement 30 millions d’habitants, les petits pays comme le Cameroun ont saturé leurs prisons avec des détourneurs de deniers publics et autres délinquants. Mais notre élite politique et intellectuelle est ainsi faite. Elle a intériorisé comme légitime le discours de son maître et interprète sa propre réalité par référence à des schèmes de pensée qui ignorent notre histoire et notre culture. A ce moment, on n’est plus un scientifique.
On est un répétiteur du modèle dominant. Être un scientifique africain c’est faire de sa culture un objet de connaissance, puis produire des pratiques scientifiques nouvelles. La paresse, l’inculture nous tiennent. Il faut refaire tous les enseignements scolaires et universitaires. Les autres nous enseignent leurs cultures et on les croient universelles. Les Juifs, les Arabes, les Asiatiques ne font pas ça. »