Christiane Bomo repond à l’ancienne première dame ivoirienne qui dans une déclaration louait les mérites du système de tontine des peuples Bamileke. Pour l’avocat, les tontines ne participent pas au développement du Cameroun.
Dans la vidéo ci – jointe, Madame Simone Gbagbo en visite en RDC, vante le système informel camerounais des tontines. De nombreuses études dont celle faite par le chercheur camerounais, Yves Mintoogue (L’épargne des classes moyennes au Cameroun, Ifri mars 2017), indique que la majorité des camerounais de la classe moyenne recourt au système d’épargne et de crédit des tontines.
Ainsi, on peut conclure que les tontines collectent autant, voire plus d’épargne individuelle que le système bancaire. C’est dire l’importance de la masse financière et monétaire qui y circule.
D’ailleurs, la mesure de la régulation des établissements de micro finance, vise en réalité la canalisation de cette épargne dans le secteur formel, étant entendu que de nombreuses micro- finance, sont à l’origine des tontines.
Pourtant et malgré leur dynamisme, leur grande attraction et leur rôle social, l’enrichissement de ses membres, les tontines sont l’une des principales causes de la faiblesse de l’investissement privé productif au Cameroun, sans lequel aucun développement véritable n’est possible.
– Premièrement au vu des énormes quantités d’argent qu’elles captent pour les thésauriser, bien que circulant entre membres, dans un cercle fermé.
– Deuxième, les courtes périodicités de remboursement ( semaine, mois, année), ne permettent pas aux bénéficiaires de financer des activités de production qui nécessitent de longues périodes de mobilisation de fonds.
Résultats des courses,l’argent des tontines est essentiellement investi dans les activités commerciales d’achat et de revente , qui vont permettre rapidement à l’emprunteur de rembourser les différentes échéances pour en faire bénéficier aux autres.
À cet effet, la tontine sert plus la consommation que l’investissement.
Ce qui pose le problème de l’inadéquation au contexte camerounais du modèle économique de la relance de l’économie par la consommation, plus adapté aux pays occidentaux et asiatiques , jouissant d’ outils de production performants et qui ont besoin d’écouler leur production.
Car le Cameroun comme la plupart des pays africains , a besoin de l’investissement productif, afin de se doter d’un véritable tissu économique, qui augmentera son PIB, fera rentrer des devises, équilibrera ses balances commerciale et de paiement,créera des emplois, attirera les investissements directs étrangers…
A cet effet, les épargnes de longue durée dans les banques , sous la forme des placements à long terme ( 05 à 15 ans par exemple ) sont à encourager. Car elles permettront que cet argent placé puisse faire l’objet de prêt aux investisseurs des secteurs productifs agricoles, miniers ou industriels…
Ce que ne fera pas l’argent des tontines, qui doit être remboursé rapidement. Les tontines ont fait du secteur privé camerounais , celui des commerçants des produits importés, et du Cameroun un grand centre commercial ou mall des productions étrangères. Les conséquences économiquement désastreuses étant : la fuite des capitaux, l’épuisement des devises, les déséquilibres permanents de nos balances commerciale et de paiement, la stagnation du PIB, la rareté de l’emploi…
Christian Ntimbane Bomo