Chers compatriotes,Les lignes qui suivent vont vous émouvoir, car vous êtes des vaches à lait d’un régime qui se dérobe à son devoir.
Avant de réussir à vous échapper de cette maison en flammes qu’est le Cameroun du Renouveau, vous vous êtes fait établir un passeport.
Mais l’émi-immigration a omis de vous remettre un reçu pour la somme que vous lui avez versée, n’est-ce pas ? En 2013, le soi-disant passeport CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) fut introduit dans notre pays.
Ici à Bamenda, le requérant est tenu de verser 57.000 FCFA à l’émi-immigration. Il faut ajouter l’argent de deux timbres fiscaux. Si vous vous renfrognez, on vous explique que les frais de l’établissement du passeport CEMAC sont deux fois plus élevés que ceux de l’ancien parce que la Délégation Générale à la Sûreté Nationale s’est entre-temps informatisée.
À y regarder de plus près, ce raisonnement est illogique, car le traitement de l’information par ordinateur devrait plutôt entraîner une baisse des frais.
L’ancien passeport contenait 48 pages et était prolongeable deux fois. En revanche, il est inscrit sur la couverture de celui biométrique dont le nombre de pages est 32 : « Le présent passeport n’est pas prorogeable. Son titulaire doit en solliciter le renouvellement six mois avant son expiration. » En clair, après chaque quatre ans et demi, le titulaire doit se faire établir un nouveau document en vue de certifier son identité au regard des autorités étrangères.
Si l’autorité administrative basée au Cameroun néglige de délivrer au requérant un écrit par lequel elle reconnaît avoir reçu les frais de passeport, on ne peut pas s’attendre à ce que les consulats de ce pays agissent avec droiture.
Le manque de transparence laisse le champ libre à l’escroquerie. Quelques-uns d’entre vous se sont plaints des ambassades qui demandent des sommes prohibitives pour les prestations consulaires, mais Yaoundé a fait la sourde oreille.
Parmi vous, il y a des sans papiers et des réfugiés. Quand ils perdent leurs proches, ils ne peuvent pas prendre part aux obsèques, même quand il s’agit de leurs géniteurs. Du XVème au XIXème siècle, des explorateurs européens entreprenaient des voyages périlleux. De nos jours, ce sont surtout des Africains noirs qui se lancent dans ce genre d’aventure.
N’étant pas à même de remplir les conditions d’obtention de visa, ils se jettent à l’eau. Ils vont au Maroc, en Tunisie, en Algérie ou en Libye par la route, puis montent à bord d’une embarcation des passeurs pour traverser la mer.
Malheureusement, beaucoup périssent au cours de la dernière étape. Le plus récent naufrage s’est produit le 19 avril dernier en Méditerranée. 800 migrants y ont trouvé la mort. Mais le vieux Biya a-t-il cherché à savoir le nombre de victimes camerounaises ?
A-t-il jamais pris la défense de l’un d’entre vous qui a subi un acte xénophobe, raciste ou quelque autre forme d’injustice ? Une vague d’attentats contre les étrangers noirs et leurs biens a secoué l’Afrique du Sud ces derniers temps, notamment Durban et Johannesburg. Mais le régime nous a-t-il communiqué le nombre de Camerounais qui sont victimes de ces attaques criminelles ? Il a abandonné ceux qui en ont réchappé à eux-mêmes.
À plusieurs reprises, des Gabonais et des Équato-guinéens ont expulsé nos ressortissants. Sisyphe remontant sans arrêt un rocher sur une montagne ! La Constitution du Cameroun stipule dans son article 8 que le Président « veille à la sécurité intérieure et extérieure de la République », ce qui signifie qu’il est garant de la sécurité des citoyens de l’intérieur et de la diaspora. Il en va de même pour la sécurité de leurs biens.
En outre, le préambule de la Constitution énumère les droits et libertés que l’État doit garantir à chaque individu, parmi lesquels la sécurité, le droit à la vie et à l’intégrité physique et morale.
Il est scandaleux que quelqu’un qui s’est engagé vis-à vis de ce texte ne remue pas le petit doigt lorsque les compatriotes résidant dans les pays étrangers sont dans la détresse. En revanche, Biya montre du zèle quand il s’agit de négocier la libération des Occidentaux ou des Asiatiques enlevés par le Boko Haram. Il arrose chaque succès. Bien évidemment, c’est avec l’argent du contribuable qu’il paye la rançon.
Vous faites de votre mieux pour alléger les souffrances des vôtres restés au pays. Vous le faites parce que vous êtes mus par le sens de la Nation. En le faisant, vous portez un fardeau qui devrait être celui du gouvernement, car il échoit à ce dernier de s’assurer que les citoyens ont accès aux soins de santé de bonne qualité, des revenus substantiels, des logements décents, etc.
Mais au lieu de se monter reconnaissant envers vous, le régime vous truande, se fiche de vous. Quand vous atterrissez à l’un des (trois) aéroports internationaux du Cameroun, les agents de la douane ne demandent pas si vous avez quelque chose à déclarer, non, ils ouvrent directement votre sac à main et votre valise, mettent vos affaires sens dessus dessous. Ils vous font dédouaner tout appareil qu’ils trouvent, peu importe s’il s’agit d’un objet personnel ou pas.
Ceux d’entre vous qui se sont installés en Europe expédient souvent des voitures d’occasion par bateau. Ils les achètent pour pas grand-chose et les font transporter aussi à prix avantageux ; mais les droits qu’ils acquittent pour les faire sortir du port de Douala sont toujours scandaleux.
Il est nécessaire que vous agissiez. Par conséquent, je vous suggère de méditer comment vous pourriez contribuer à ce que la bande de gangsters commandée par Paul Barthélemy Biya soit démantelée.