L’Institut pour déficients auditifs et visuels à Bonamoussadi lance un appel aux âmes de bonne volonté.
Rien. Il n’y aura rien ces vacances à l’Idav (Institut pour déficients auditifs et visuels). Pas d’activités de couture ou de peinture comme l’année dernière. Pas de joyeuse célébration de la journée de l’Enfant africain ce 16 juin 2015.
En effet, pour ce centre de prise en charge des enfants sourds-muets – le volet visuel n’étant pas encore fonctionnel –, l’année académique qui s’achève aura été particulièrement difficile. La directrice Marie-Louise Epoh l’avoue volontiers, les huit enseignants sont partis en congés sans avoir le salaire de mai.
Pourtant, l’institut, créé en 1998 à Douala par un couple d’Haïtiens, ne compte pas stopper sa mission en si bon chemin. Cette année, l’institut a présenté trois de ses pensionnaires au Cep. Sur place ce 12 juin, l’institut est calme. Normal, l’école est finie. Sur les murs, autant du couloir que des salles de classe, beaucoup d’images.
« On travaille beaucoup avec, parce qu’il faut expliquer », précise la responsable. Au cours de la visite, elle nous montre les deux salles spéciales offertes par la fondation Mtn, mais les équipements d’audiométrie et d’orthophonie n’y sont pas. C’est que la directrice ne veut prendre aucun risque. « Le centre a déjà subi plusieurs vols », avoue-t-elle.
Et l’ambition pour le centre qui accueille des enfants de 3 à 20 ans, c’est d’ouvrir une 8e année pour la rentrée 2015-2016. Parce qu’il faut comprendre que le cycle de l’Idav va de la maternelle à la 7e année. Et une matière couverte en une année académique dans le système éducatif normal l’est en 1,5 an chez les sourds-muets.
Sans compter en plus le langage des signes, la lecture labiale et l’orthophonie. Et la 8e année va permettre de préparer les élèves au cycle secondaire. Et étant sous tutelle du ministère des Affaires sociales, le centre a des partenariats avec le collège des Lauréats et le collège Alfred Saker. Pour ceux qui préfèrent le cursus technique, ils peuvent prendre la direction du Centre d'étude et de formation de technologie industrielle (Cefti).
Et les pensionnaires de l’Idav ont déjà fait leurs preuves dans le monde professionnel grâce à d’autres partenaires. Mais Marie-Louise dénonce l’injustice : « Ce que nous déplorons, c’est qu’ils reviennent toujours vers nous nous dire qu’ils ne sont pas payés comme les autres, pourtant ils ont parfois un meilleur rendement. C’est frustrant pour eux. » Dur d’être une personne handicapée au Cameroun ?