Régions

La Constitution dispose que le Cameroun est un État laïque, interdit le harcèlement religieux et prévoit la liberté de religion et de culte.

Selon des chefs religieux et des rapports des médias, la plupart des violations concernant la liberté de religion ont continué à se produire dans les régions majoritairement anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les violences associées à la crise séparatiste se poursuivaient. La religion, l’ethnicité et l’idéologie politique étant étroitement liées, il était souvent difficile de déterminer si les incidents étaient principalement motivés par la religion. Les forces de sécurité ont interrompu des offices religieux en poursuivant des séparatistes armés, détenu des dirigeants religieux soupçonnés d’aider des séparatistes ainsi qu’un pasteur accusé d’avoir diffamé l’islam, et ordonné à un pasteur d’une église chrétienne évangélique de s’abstenir de soulever des questions sociopolitiques lors de ses sermons. Des dirigeants religieux ont exprimé leur frustration du fait que l’État n’enregistrait pas de nouveaux groupes religieux depuis longtemps, déclarant que de nombreuses demandes étaient en attente de traitement, dont certaines depuis dix ans, voire davantage.

Boko Haram, organisation désignée par les États-Unis comme une organisation terroriste étrangère, et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) ont lancé de violentes attaques contre des communautés locales, interrompu les activités des églises et forcé les chrétiens à vivre dans la peur dans la région de l’Extrême-Nord. Cependant, selon le journal L’Œil du Sahel, le nombre total d’incidents terroristes a largement baissé par rapport aux années précédentes. Des organes de presse ont signalé qu’entre les mois de janvier et de juin, des attaques répétées de Boko Haram et de l’EIAO ont provoqué des pillages d’églises et des incendies criminels et des décès.

Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des groupes séparatistes armés ont mis le feu à des églises et enlevé de nombreuses personnalités religieuses et des dizaines de séminaristes. Tout au long de l’année, des dirigeants musulmans et chrétiens ont mené des activités interconfessionnelles visant à faciliter le dialogue entre les religions, à promouvoir la coexistence pacifique des différents groupes religieux, à combattre les discours de haine et à chercher une résolution pacifique aux nombreuses crises que traversait le pays. En janvier, au cours d’un office à la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Bonadibong, à Douala, un pentecôtiste a détruit plusieurs statues, qu’il voyait comme une forme d’idolâtrie. En mars, des habitants d’Esu, ville de la région du Nord-Ouest en majorité chrétienne, ont brûlé la mosquée locale à la suite du meurtre de leur chef traditionnel, présumément par des éleveurs mbororo musulmans. En juillet, à Wum, dans la région du Nord-Ouest, des séparatistes présumés ont enlevé et tué quatre éleveurs mbororo musulmans. Le même mois, une femme est décédée de ses blessures après une rixe entre factions chrétiennes rivales dans le cadre d’une lutte de pouvoir dans une église protestante de Kaélé, dans la région de l’Extrême-Nord. En septembre, à Bafang, dans la région de l’Ouest, des villageois pratiquant la religion traditionnelle locale ont attaché et fouetté des pentecôtistes qui avaient pénétré dans le palais d’un chef traditionnel pour y brûler les crânes qui y étaient conservés.

En mars, des responsables de l’ambassade des États-Unis se sont rendus dans la région de l’Extrême-Nord pour s’entretenir avec des dirigeants musulmans locaux de l’intégration de la déradicalisation religieuse dans le programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration du gouvernement à l’intention des ex-combattants de Boko Haram. En septembre et octobre, des responsables de l’ambassade ont parlé de l’autonomisation des femmes dans les sociétés musulmanes, de la fréquentation des écoles coraniques et de l’importance de l’éducation formelle pour faciliter une approche coordonnée des autorités par les organisations confessionnelles, surtout pentecôtistes, que les pouvoirs publics, selon des représentants religieux, estimaient être moins organisées que les organisations chrétiennes « conventionnelles ». En juillet, lors d’un déplacement à Buéa, dans la région du Sud-Ouest, l’ambassadeur s’est entretenu en même temps avec des dirigeants chrétiens et musulmans de l’importance du rôle des organisations confessionnelles concernant la promotion de la paix, de la résolution des conflits et de la formation professionnelle. Dans le cadre d’autres engagements auprès de dirigeants musulmans et chrétiens, des responsables de l’ambassade se sont entretenus du dialogue interconfessionnel, des discours de haine et de la cohésion sociale et étudié des manières dont les groupes religieux pourraient utiliser leur soutien et leur crédibilité auprès des populations locales pour encourager la paix.

 

Section I. Démographie religieuse

Selon les estimations du gouvernement des États-Unis, la population totale du pays s’élève à 29,3 millions d’habitants (estimations à la mi-2022). Le recensement de 2005 (le plus récent) indique que 69,2 % des habitants sont chrétiens, 20,9 % musulmans, 5,6 % animistes, 1,0 % d’autres confessions et 3,2 % sans religion déclarée. Parmi les chrétiens, on compte 55,5 % de catholiques, 38 % de protestants et 6,5 % d’autres confessions chrétiennes, y compris les Témoins de Jéhovah et les chrétiens orthodoxes. Le projet 2020 de Pew-Templeton sur l’avenir religieux dans le monde estimait que 38,3 % des chrétiens étaient catholiques et que 31,4 % étaient protestants. On compte un nombre de plus en plus important d’églises chrétiennes du réveil.

Les chrétiens vivent surtout dans les régions sud et ouest du pays. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont majoritairement protestantes, tandis que les régions du Sud, du Centre, de l’Est, du Littoral et de l’Ouest sont principalement catholiques. La communauté ethnique des Mbororo est majoritairement musulmane et se trouve en grande partie dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest, de l’Adamaoua et de l’Est, où vit également le pourcentage le plus élevé de musulmans. Le groupe ethnique des Bamoun, dans la région de l’Ouest, est aussi essentiellement musulman. De nombreux musulmans, chrétiens et membres d’autres confessions pratiquent aussi certains aspects des croyances traditionnelles.

 

Section II. Situation du respect de la liberté de religion par les autorités

Cadre juridique

La Constitution définit la nature laïque de l’État, interdit le harcèlement et la discrimination fondés sur la religion et prévoit la liberté de religion.

La loi sur la liberté d’association régit les rapports entre l’État et les groupes religieux. Les groupes ou établissements religieux doivent obtenir l’approbation de l’État avant de pouvoir fonctionner dans la légalité. Bien que la législation ne prescrive aucune sanction spécifique pour les groupes religieux qui exercent sans être officiellement enregistrés, les autorités peuvent suspendre leurs activités. L’État n’oblige pas les groupes religieux autochtones à s’enregistrer, considérant que la pratique d’une religion traditionnelle est une activité d’ordre privé menée par les membres d’un groupe ethnique ou familial spécifique ou par les habitants d’une localité particulière.

Pour être officiellement enregistrée, une entité religieuse doit être légalement reconnue comme congrégation religieuse, celle-ci se définissant comme « un groupement de personnes physiques ou morales ayant pour vocation de rendre hommage à une divinité » ou « un groupement de personnes vivant en communauté conformément à une doctrine religieuse ». L’entité doit déposer une demande d’enregistrement auprès du bureau local approprié et y joindre les statuts du groupe décrivant les activités envisagées, les noms et fonctions des responsables du groupe et une attestation indiquant qu’elle s’engage à respecter la législation sur la liberté d’association. Ce bureau transmet les documents au ministère de l’Administration territoriale (MINAT).

Le MINAT étudie le dossier et le transmet à la présidence avec la recommandation d’autoriser ou de refuser la demande. L’enregistrement est accordé par décret présidentiel. L’enregistrement ne confère aucun avantage fiscal général, mais il permet aux groupes religieux de recevoir hors taxes des dons immobiliers aux fins de l’exercice de leurs activités et de se rassembler en public afin de célébrer leur culte. Il permet également aux missionnaires des groupes enregistrés de recevoir des visas de plus longue durée que ceux des groupes non enregistrés. Les groupes religieux non enregistrés peuvent se réunir en public et exercer leur culte dans le cadre d’une politique de « tolérance administrative » tant qu’ils ne troublent pas la paix et la sécurité publiques.

Le MINAT peut ordonner la suspension d’une organisation religieuse au motif qu’elle « perturbe l’ordre public », bien que la loi ne définisse pas ce terme. Le président peut aussi dissoudre toute organisation religieuse autorisée qui « s’écarte de sa mission originelle ».

Le ministère de l’Éducation de base et le ministère de l’Enseignement secondaire exigent que les écoles religieuses privées suivent le même cursus, aient les mêmes infrastructures et respectent les mêmes normes de formation des enseignants que les établissements d’enseignement de l’État. À la différence des établissements d’enseignement publics, les établissements privés sont autorisés à dispenser un enseignement religieux.

Le pays est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

 

Pratiques des autorités

Selon les médias ainsi que des dirigeants religieux, la plupart des violations de la liberté de religion étaient liées à la crise à laquelle participaient des séparatistes anglophones dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et des acteurs non étatiques dans la région de l’Extrême-Nord. La religion, l’ethnicité et l’idéologie politique étant étroitement liées, il était souvent difficile de déterminer si les incidents étaient principalement motivés par la religion.

Le 10 septembre, dans le cadre d’une embuscade des séparatistes, les forces de sécurité ont occupé l’église baptiste de Bamkika, à Kumbo, dans la région du Nord-Ouest. Elles ont détenu des chrétiens venus nettoyer l’église et les ont enfermés dans une salle. Plus tard, elles ont échangé des coups de feu avec des séparatistes, faisant des victimes dans les deux camps et blessant légèrement les pratiquants. Après les combats, elles ont libéré les civils et quitté l’enceinte de l’église.

Selon un prêtre du diocèse de Kumbo, en octobre, des soldats ont tiré sur le presbytère de la paroisse de l’Immaculée Conception de Tobin, dans la région du Nord-Ouest. Il a déclaré qu’en maints endroits, des balles s’étaient logées dans les murs et avaient détruit plusieurs fenêtres. Les tirs ont interrompu les cours dans une école maternelle catholique dans l’enceinte de l’église et forcé les élèves à se cacher sous les bancs et les bureaux. Selon le prêtre, les soldats ont dit pourchasser des séparatistes qui s’étaient enfuis dans la direction de l’église.

Le 18 octobre, l’armée a arrêté le pasteur de l’église baptiste de Kakar, dans le département du Donga-Mantung, dans la région du Nord-Ouest, deux jours après le meurtre de deux soldats par des séparatistes, près d’un poste de sécurité. L’armée a déclaré que les séparatistes étaient passés par l’enceinte de l’église après avoir tué les soldats et que bien que le pasteur ait su qu’ils étaient là, il n’en avait pas informé les autorités. Les soldats ont également arrêté sept autres chrétiens qui ne les auraient pas non plus informés de la présence des séparatistes. Si le pasteur a été relâché après quelques jours, les autres chrétiens, eux, sont demeurés en détention. Selon un pasteur de la Convention baptiste du Cameroun (CBC), en novembre, l’armée les a transférés à Nkambé, dans le département du Donga-Mantung, où un tribunal les a inculpés de collaboration avec des séparatistes. Par la suite, le parquet a abandonné les charges retenues contre eux et les a relâchés.

En janvier, deux individus en uniforme militaire ont enlevé Tobias Bekong, prêtre catholique de la paroisse de Saint-Charles-Lwanga de Molyko, à Buéa, dans la région du Sud-Ouest. Une vidéo montrant les deux hommes traîner le prêtre vers une destination inconnue a largement circulé sur les réseaux sociaux. Selon la Vatican News Agency, ses ravisseurs l’ont relâché tard dans la soirée. De nombreux organes de presse se sont interrogés sur leur identité, certains attribuant l’enlèvement aux forces gouvernementales tandis que d’autres pensaient qu’il s’agissait de séparatistes. Le 2 octobre, au cours d’un entretien avec les médias sur les enlèvements, Humphrey Tata Mbui, directeur de la communication de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CNEC), l’organisation camerounaise des évêques catholiques, a déclaré que des acteurs armés des deux camps à l’origine des violences ciblaient de plus en plus des membres du clergé, principalement en raison du montant de la rançon qu’ils pouvaient exiger, bien que l’église ait assuré ne pas en verser.

En juillet, à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, des policiers ont arrêté Alain Favour, pasteur pentecôtiste et animateur d’émission de radio, après que des musulmans se sont plaints des opinions religieuses qu’il avait diffusées et qu’ils estimaient être blasphématoires pour l’islam. Les musulmans se sont plaints au sous-préfet de Kumba I que lors de l’émission « Hour of Truth » sur Ocean City Radio, Favour avait utilisé le Coran pour prêcher que le prophète Abraham n’était pas musulman et remis en cause ceux qui pensaient le contraire. En plus de l’arrestation de Favour, le sous-préfet a également suspendu l’émission de radio. Après près d’une semaine en prison, il a été relâché avec avoir payé une amende et s’être engagé à ne plus prêcher sur l’islam et les pratiques musulmanes.

En juin, le tribunal administratif de Yaoundé a statué en faveur du ministère public dans le cadre d’un procès intenté par Annette Engoka, qui accusait le gouvernement de violation du droit à la liberté de religion de sa fille, Annick Engoka. En 2017, le proviseur du lycée public bilingue de Ndikiniméki a exclu cette dernière, Témoin de Jéhovah, pour avoir refusé à plusieurs reprises de chanter l’hymne national en raison de ses convictions religieuses. Le tribunal a statué que le Cameroun est un pays laïc qui ne prend pas en compte l’affiliation religieuse de ses élèves et confirmé la décision d’exclure la lycéenne.

Au cours de l’année, les parents d’élèves Témoins de Jéhovah ont fait remonter trois autres affaires jusqu’à la Cour suprême concernant des violations présumées de liberté de religion. Ils faisaient appel de décisions administratives locales d’exclure leurs enfants de leurs écoles respectives pour non-participation à des cérémonies patriotiques, comme chanter l’hymne national.

En juin, Regina Tembu Enjoh, sous-préfète de Bandja, dans la région de l’Ouest, accompagnée d’agents de sécurité armés, a interrompu l’enterrement d’un dignitaire traditionnel, Paul Zeukoum Kontchoua, et forcé sa famille à fermer sa tombe pour en creuser une autre à un autre endroit, indiqué par le chef traditionnel local. Elle a déclaré qu’il lui incombait de soutenir les dirigeants traditionnels et leurs coutumes locales, notamment les rituels associés à l’enterrement de dignitaires traditionnels. Selon la famille du défunt, la décision de la sous-préfète allait à l’encontre des souhaits de celui-ci, qui avait indiqué le lieu où il souhaitait reposer, et que déplacer sa tombe constituait une violation de ses droits religieux dans la mesure où, dans leur tradition, le caveau est un sanctuaire familial et un site sacré pour le culte des ancêtres tel que pratiqué par le groupe ethnique des Bamiléké, dans la région de l’Ouest.

En mai, le sous-préfet de Douala I, Issa Daouda, a critiqué un office organisé à l’église évangélique du Cameroun (EEC) et averti le pasteur de s’abstenir de soulever des questions sociopolitiques lors de ses prochains offices. Dans une lettre adressée au pasteur, il déclarait que lors de la célébration de l’Ascension, le 26 mai, l’église avait permis à un chef traditionnel de parler de l’expropriation controversée par le gouvernement de centaines de résidents de terres occupées dans le quartier de Bali-Dikolo, à Douala. Il accusait l’église de fomenter des troubles au lieu de rester apolitique et avertissait le pasteur d’éviter de transformer les offices en meetings politiques.

Les autorités n’ont pris aucune mesure pour traiter les demandes d’enregistrement déposées par plusieurs groupes religieux depuis plusieurs années. Elles n’avaient approuvé qu’un seul groupe religieux au cours des 19 dernières années et aucun depuis 2010. Bien que la législation dispose que tous les groupes sont tenus de s’enregistrer, les autorités ont continué à laisser de nombreux petits groupes religieux non enregistrés fonctionner librement dans le cadre de leur politique de « tolérance administrative ». Selon de nombreux membres de l’Association camerounaise pour le dialogue interreligieux (ACADIR), le gouvernement demeurait réticent à l’idée d’enregistrer des églises pentecôtistes parce qu’elles ne disposaient pas des structures hiérarchiques et organisationnelles caractéristiques de groupes religieux « conventionnels », comme les catholiques et les musulmans. Pour eux, les autorités percevaient les églises pentecôtistes comme des sources de chaos, dont les membres faisaient fi des réglementations sur les nuisances sonores et dont les dirigeants manquaient souvent d’éducation formelle. En octobre, un membre du Sunrise Pastors’ Council (SPC), groupement pentecôtiste, a déclaré que les autorités avaient fermé nettement moins d’églises pentecôtistes au cours de l’année avec l’amélioration des relations entre le SPC et le MINAT à la suite d’une réunion entre les deux parties. Il a ajouté que le SPC s’était engagé à éduquer ses pasteurs et à mieux coordonner le fonctionnement des églises. Il a remis en question la légalité de l’obligation pour les organisations confessionnelles de s’enregistrer auprès du gouvernement, qualifié la procédure d’enregistrement d’indûment compliquée et appelé les pouvoirs publics à préciser le statut juridique des groupes religieux non enregistrés.

Les autorités ont continué d’accorder de vastes pouvoirs juridiques aux chefs traditionnels dans l’administration de leurs districts. À ce titre, les chefs traditionnels ont continué d’exercer leur contrôle sur les mosquées locales et avaient le droit de nommer ou de renvoyer les imams. Ils n’avaient pas la même autorité concernant la nomination ou le renvoi d’autres personnalités religieuses.

La stations de radio et la seule chaîne de télévision financées par l’État ont continué de diffuser des cérémonies et des offices religieux chrétiens et islamiques lors des fêtes et événements nationaux. Des ministres et d’autres responsables publics assistaient fréquemment à ces cérémonies.

L’État a accordé des subventions annuelles à tous les établissements d’enseignement primaire et secondaire privés, y compris à des écoles religieuses. Le montant de la subvention était proportionnel au nombre d’élèves fréquentant l’établissement.

 

Actes commis par des forces étrangères et des acteurs non étatiques

Boko Haram et l’EIAO ont continué à commettre des actes terroristes dans la région de l’Extrême-Nord dans le but, d’après les observateurs, d’imposer leurs convictions religieuses et politiques. Boko Haram ciblait les musulmans, les chrétiens et les adeptes de croyances traditionnelles sans distinction apparente, tandis que l’EIAO avait tendance à cibler et à attaquer davantage les installations militaires et autres locaux de l’État que les civils.

Selon Aide à l’Église en détresse International, organisation chrétienne d’aide et de plaidoyer, depuis la fin 2021, Boko Haram et l’EIAO ciblaient des civils au cours d’attaques régulières qui perturbaient la vie religieuse et ralentissaient les activités pastorales, forçant les chrétiens à vivre dans la peur. Selon l’organisation non gouvernementale (ONG) internationale Open Doors, s’il y eu au cours de l’année une baisse sensible des incidents de violence signalés dans le pays, le nombre d’attentats terroristes restait élevé, Boko Haram et l’EIAO continuant d’attaquer les communautés locales dans la région de l’Extrême-Nord, surtout près de la frontière avec le Nigeria. Selon Open Doors, les problèmes auxquels les chrétiens du pays étaient confrontés étaient principalement dus aux attentats commis par Boko Haram et l’EIAO dans la région de l’Extrême-Nord, où les fidèles étaient les plus vulnérables à la violence extrémiste islamiste.

Selon des organes de presse, entre les mois de janvier et de juin, des attaques répétées de Boko Haram et de l’EIAO ont provoqué le pillage d’au moins dix églises dans le département de Mayo-Tsanaga.

Selon des rapports des médias, en avril, Boko Haram a tué un civil et mis le feu à une église au cours d’une attaque nocturne à Bargaram.

En juin, des médias camerounais ont signalé que lors d’un attentat le 31 mai, des terroristes présumés membres de Boko Haram avaient saccagé le village d’Hitawa, faisant dix morts, dont quatre fidèles d’une église évangélique locale.

Selon les évêques de la Conférence épiscopale provinciale de Bamenda (BAPEC), le 16 septembre, au moins trente inconnus ont mis le feu à l’église catholique de Sainte-Marie de Nchang, dans le diocèse de Mamfé, dans la région du Sud-Ouest, et enlevé neuf personnes, dont cinq prêtres, une religieuse, un catéchiste et deux autres chrétiens. L’évêque de Mamfé, Mgr Aloysius Fondong Abangalo, s’est rendu sur les ruines de l’église le 18 septembre et déclaré qu’en raison de l’attentat, la plupart des chrétiens n’avaient pas assisté à l’office du dimanche suivant. La BAPEC attribuait l’attentat à des séparatistes qui accusaient régulièrement l’église de ne pas soutenir la sécession des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du reste du Cameroun. Elle a ajouté que depuis le début de la crise sécessionniste en 2016, les séparatistes avaient de plus en plus menacé et ciblé les dirigeants ecclésiastiques et les missionnaires de l’église, confrontés à une « vague de persécution ». Au cours d’un entretien avec les médias, le 21 septembre, le dirigeant de la BAPEC, l’archevêque Andrew Nkea, a déclaré que les ravisseurs avaient exigé une rançon de 66 millions de francs CFA (108 000 dollars des États-Unis), qu’ils ont ensuite réduite de moitié. Il a ajouté que les séparatistes voyaient l’église comme une cible facile pour obtenir de l’argent et qu’elle avait refusé d’accéder aux demandes de rançon pour ne pas créer un dangereux précédent. Le 22 octobre, les séparatistes ont libéré les neuf victimes, trois jours après les avoir montrés en captivité dans une vidéo devenue virale, suppliant l’église d’accéder aux exigences de leurs ravisseurs. Les personnes enlevées ont identifié leurs ravisseurs comme étant les Freedom Fighters of Ambazonia (Combattants pour la liberté d’Ambazonie). Selon les médias, l’église a nié avoir payé une rançon quelconque aux ravisseurs.

En avril, des inconnus armés ont enlevé 33 séminaristes au Grand séminaire catholique de Bachuo Ntai, à Manyu, dans la région du Sud-Ouest. Le directeur de la communication de la CNEC, Humphrey Tata Mbui, a déclaré à la presse que les ravisseurs les avaient enlevés alors qu’ils rejoignaient leur dortoir, pour les emmener dans la brousse, et avaient exigé une rançon de 25 millions de francs CFA (41 millions de dollars É.-U.), qu’ils avaient ensuite réduite à 6 millions de francs CFA (10 000 dollars É.-U.). Selon lui, ils ont libéré les 33 séminaristes après 24 heures sans avoir reçu de rançon de l’Église catholique.

Le 26 septembre, des séparatistes ont enlevé le père Sergius Shiyntum, prêtre catholique, de la maison paroissiale de Vekovi, dans le département de Bui, dans la région du Nord-Ouest, pour l’emmener vers une destination inconnue. Quelques heures après son enlèvement, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux le montrait pieds nus, assis au sol, interrogé, bousculé et recevant des coups de pied de ses ravisseurs. Ces derniers se sont identifiés comme étant les « Unity Warriors » (Guerriers de l’unité), mouvement séparatiste, déclarant qu’ils l’avaient enlevé pour avoir révélé que le « Général Fire », l’un de leurs camarades, se trouvait à l’hôpital baptiste de Banso, où il a par la suite été arrêté par les forces de sécurité. Le 1er octobre, la presse a annoncé la libération du prêtre et son retour à la paroisse de Vekovi. L’Église catholique n’a pas précisé les circonstances de sa libération.

Outre des catholiques, les séparatistes ont enlevé de nombreux dirigeants d’autres groupes religieux dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Selon la presse, en mai, des séparatistes dirigés par le « Général Shao Mao » ont enlevé Musa Tita, imam de la mosquée centrale de Baba I, à Babessi, dans la région du Nord-Ouest. Il a été libéré plusieurs jours après son enlèvement et n’a pas fait de commentaires sur les circonstances de sa libération. En juillet, des inconnus ont enlevé le révérend Ngo Noah, pasteur de terrain de la Convention baptiste du Cameroun à Fonfuka, dans la région du Nord-Ouest, ainsi que deux autres personnes. Selon les médias, les locaux attribuaient l’enlèvement à des séparatistes, que des observateurs accusaient de torturer leurs victimes qu’ils libéraient après l’obtention de rançons.

Selon un prêtre catholique du diocèse de Kumbo, dans la région du Nord-Ouest, des séparatistes ont, au cours d’un office, le 16 octobre, hissé leur drapeau devant l’église de la station de mission Sainte-Thérèse, dans la paroisse de Tobin, et tiré des coups de feu en direction du centre de la ville pendant plusieurs heures. Ces coups de feu ont interrompu un office dominical, les fidèles fermant les portes de l’église, où ils sont restés à terre plusieurs heures. Le prêtre a ajouté qu’il n’y avait eu aucune victime et que tout le monde avait pu s’échapper lorsque les séparatistes sont partis presque trois heures plus tard.

Tukur Mohammed Adamu, imam de Bamenda, capitale de la région du Nord-Ouest, a indiqué que des séparatistes l’avaient menacé de violences, ainsi que la communauté musulmane, s’ils célébraient l’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du Ramadan. Il a ajouté qu’ils s’opposaient à la fête religieuse et avaient donc imposé un confinement d’une semaine à cette période, mais que les musulmans avaient célébré la fin du Ramadan sans que les séparatistes n’interviennent.

 

Section III. Situation du respect de la liberté de religion par la société

La religion, l’identité ethnique et la politique étant souvent liées de façon inextricable, il était difficile de classer de nombreux incidents comme uniquement liés à l’appartenance religieuse.

Le 9 mars, des membres de la population en majorité chrétienne d’Esu, localité du département du Menchum, ont brûlé la mosquée locale en représailles pour le meurtre deux jours auparavant de leur chef traditionnel, Albert Kawzuh Kum Achuo II, et de sa femme, Bibiana Duh, qui rentraient du village voisin de Weh. Selon le Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), une ONG, des témoins oculaires dans la ville ont accusé des éleveurs mbororo musulmans d’avoir tendu une embuscade à Achuo et à sa famille et d’être responsable de son décès. Le Centre a également déclaré que la Justice and Dignity Campaign, une ONG pro-Mbororo, avait condamné son meurtre, qu’elle attribuait à des séparatistes. (Selon le Centre, les chrétiens sont perçus comme aidant les séparatistes dans le nord du pays.) Dans un communiqué de presse, dix dirigeants de la communauté musulmane du Menchum ont dénoncé son meurtre et nié que leurs fidèles y étaient impliqués.

Selon le Centre, les tensions de longue date entre les éleveurs Mbororo et les Aghem, en majorité agriculteurs et chrétiens, ont été exacerbées par une crise dans le cadre de laquelle les Aghem considéraient les Mbororo comme collaborant avec les pouvoirs publics, et les Mbororo voyaient les Aghem comme alliés aux séparatistes. Il a signalé que le 25 juillet, des éleveurs mbororo musulmans avaient attaqué la communauté aghem en majorité chrétienne de Wum, dans la région du Nord-Ouest, tuant cinq personnes et en blessant au moins dix autres. Il a ajouté que les Mbororo avaient attaqué la communauté aghem en guise de représailles après des signalements selon lesquels des séparatistes avaient enlevé et tué quatre membres de leur communauté le 24 juillet. La Justice and Dignity Campaign a déclaré sur les réseaux sociaux que les séparatistes avaient tué les quatre Mbororo en raison de leur identité ethnique et religieuse. À la suite des attaques mbororo, la communauté aghem s’est mobilisée le 26 juillet pour infliger des représailles à l’aide de gourdins, matraques et machettes, mais en avait été empêchée par les forces de sécurité. En août, le journal The Post a déclaré que le gouvernement était complice des attaques des Mbororo contre les Aghem, l’accusant d’encourager les violences entre les deux communautés ethniques et religieuses.

En juin, une rixe provoquée par les tensions de longue date entre paroissiens rivaux de l’Église fraternelle luthérienne du Cameroun à Kaélé a entraîné la suspension des offices dans l’église et fait une victime parmi les fidèles. En fin d’année, les offices n’avaient pas repris.

En septembre, à Bafang, dans la région de l’Ouest, des villageois pratiquant la religion traditionnelle locale ont attaché et fouetté plusieurs pentecôtistes qu’ils accusaient d’attaque contre leur religion pour avoir pénétré dans le palais d’un chef traditionnel pour y brûler les crânes qui y étaient conservés. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrait les chrétiens à terre, ligotés, en train d’être fouettés par plusieurs hommes sous les yeux de la foule. Les villageois qualifiaient de sacrilège la mise à feu des crânes, affirmant que les chrétiens avaient profané leur culture et leur religion. Dans les communautés de certaines zones de la région de l’Ouest, les crânes des cadavres sont exhumés des années après leur enterrement et conservés dans des lieux sacrés pour le culte des ancêtres et la vénération des morts.

Selon un dirigeant religieux de la CBC, tard dans la nuit du 17 mai, des éleveurs peuls musulmans ont pénétré dans le presbytère de la CBC dans le village de Fuh, dans le département de Donga-Mantung, dans la région du Nord-Ouest, pour y passer à tabac le pasteur et sa femme. Sous la menace d’une arme, ils leur ont dérobé de l’argent, des téléphones portables, des ordinateurs et d’autres objets de valeur. L’incident s’est produit dans le contexte d’affrontements répétés dans le département entre les Peuls musulmans, considérés comme des alliés des pouvoirs publics, et la communauté locale en majorité chrétienne, perçue comme soutenant les séparatistes.

En septembre, des habitants du quartier de Ndogsimbi à Douala ont interrompu un office et se sont battus avec des chrétiens, qu’ils accusaient des nuisances sonores intrusives provenant d’offices qui duraient toute la nuit. Les deux camps se sont affrontés avec des gourdins et des matraques jusqu’à l’arrivée de la police, qui les a séparés. Des voisins ont accusé les fidèles d’avoir fait d’un restaurant de quartier un lieu de culte illégal devenu source de pollution sonore. Les fidèles ont rétorqué que le site de prière restait un restaurant pleinement fonctionnel, où le propriétaire organisait parfois des offices.

Le 30 octobre, des chrétiens de l’église presbytérienne Bassa de Douala, dans la région du Littoral, ont interrompu un office dominical et fermé les portes de l’église au cours d’une manifestation contre le pasteur, Philip Nkongho Ndip, dont ils exigeaient le remplacement. L’église de Bassa est affiliée à l’église presbytérienne au Cameroun (PCC). En tentant d’empêcher les manifestants de fermer l’église de force, Ndip s’est effondré et a été hospitalisé. De nombreux manifestants portaient des pancartes exprimant leur frustration vis-à-vis de Ndip, qualifiant son leadership d’autoritaire et réclamant son départ. L’incident du 30 octobre faisait suite à des tensions de longue date entre les membres de la congrégation de l’église presbytérienne Bassa et Ndip, pasteur de la paroisse depuis huit ans. Le 4 août, des groupes de l’église ont demandé à la direction nationale de la PCC de le remplacer sur-le-champ. Ils l’accusaient d’avoir détourné les fonds de l’église, d’agir unilatéralement et de tenter d’usurper le rôle du président de la congrégation, avec lequel il s’était accroché à plusieurs reprises.

En juin, l’évêque du diocèse catholique d’Obala, Mgr Sosthene Léopold Bayemi, a annoncé que dans la nuit du 10 juin, des inconnus ont profané la tombe de son prédécesseur, Mgr Jérôme Owono Mimboé, décédé en 2016. La sépulture est située à la paroisse Marie Mère Admirable de Nkomotou, en banlieue de Yaoundé. Selon des paroissiens, les auteurs de cet acte ont détruit la tombe, qui était un lieu de prière et de dévotion pour de nombreux chrétiens. Mgr Bayemi a décrit la profanation comme une attaque à la fois contre la chrétienté et contre les traditions locales.

En janvier, pendant un office, Tongue Mbiya, un pentecôtiste, a pénétré pendant un office dans la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Bonadibong, à Douala, et a endommagé plusieurs statues à coup de marteau. Une vidéo de l’incident circulant sur les réseaux sociaux montrait plusieurs statues endommagées sur le sol de l’église. Après avoir été maîtrisé par des fidèles, il leur a dit être pleinement conscient de ses actes, ajoutant qu’il était investi de la mission sacrée de détruire toutes les statues des églises catholiques, qu’il considérait comme une forme d’idolâtrie.

Selon les médias, au mois de juin, le sous-préfet de Mutengene, près de Tiko, dans la région du Sud-Ouest, a suspendu la construction d’une mosquée, interrompant les offices, le Conseil des imams de la région ayant signalé s’y opposer. Le conseil avait décrit le responsable du projet, Hamasani Sule, comme un dissident et déclaré qu’après son remplacement en tant que chef traditionnel de la communauté musulmane de Mutengene en raison de querelles intestines, il avait décidé de s’affranchir et de faire construire sa propre mosquée sur un nouveau site. Selon Moussa Oumarou, coordonnateur général du Conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun (CIDIMUC), les particuliers musulmans ne pouvaient ériger des mosquées qu’après consultation des autorités musulmanes afin d’éviter les divisions et une situation chaotique au sein de leur communauté. Le 14 juin, le sous-préfet a levé la suspension et permis la reprise des prières du vendredi à la mosquée, dont la construction n’était pas terminée.

En juin, un office a pris fin prématurément à l’église presbytérienne de Kumba, dans la région du Sud-Ouest, après la sortie de nombreux fidèles pour protester contre l’annonce d’élections visant à remplacer la présidente de la congrégation, Comfort Nkélé, accusée d’avoir détourné 9 millions de francs CFA (15 000 dollars É.-U.). Devant l’église, les partisans de cette dernière ont houspillé deux pasteurs, les révérends Mary Nduma Wose et Vetin Tambi Eyonga, qu’ils accusaient de vouloir la remplacer sans motif valable. Le dimanche 3 juillet, ils ont perturbé le sermon du révérend Nduma Wose à l’aide de trompettes et de sifflets et brandi des pancartes appelant à sa démission, forçant de nombreux fidèles à quitter l’office. En août, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux montrant des fétiches devant le portail de l’église de Kumba qui auraient été placés par des partisans de Nkélé dans le but d’intimider les pasteurs et de perturber les offices. Selon un rapport de l’ONG de défense des droits de la personne Un Monde Avenir, après la perturbation d’un office par des chrétiens le 28 août, le révérend Nduma Wose a fait appel à la police, qui a arrêté et détenu pendant deux jours deux fidèles, dont Nkélé. La police les a relâchés à la suite de pressions exercées par des fidèles, qui ont manifesté dans les rues. Le 30 août, le préfet de Kumba, Chamberlin Ntou’ou Ndong, a suspendu toutes les activités à l’église presbytérienne de Kumba, citant les tensions qui persistaient entre les fidèles. Le 24 septembre, le conseil synodal de la PCC a annoncé avoir transféré les révérends Nduma Wose et Tambi Eyonga pour leur sécurité personnelle et limogé Nkélé pour détournement de fonds. À la suite de l’annonce de la PCC, Ntou’ou Ndong a levé la suspension de l’église de Kumba le 27 septembre.

En janvier, l’ACADIR a organisé une conférence à Maroua sur le thème du concept de Dieu de la perspective des différentes religions. Les participants chrétiens et musulmans ont étudié les similitudes et les différences entre les groupes religieux et souligné la nécessité d’une coexistence pacifique et d’une compréhension mutuelle tout en respectant la diversité des différentes organisations confessionnelles.

En juillet, les dirigeants chrétiens et musulmans travaillant avec le Rainforest Center for Policy Research ont lancé un projet visant à lutter contre les discours de haine au moyen d’un renforcement intertribal et interconfessionnel de la confiance. À l’occasion d’une manifestation de deux jours, les participants ont étudié les moteurs de la haine et de la méfiance entre communautés et groupes religieux et élaboré des stratégies permettant d’identifier et de contrecarrer les discours de haine.

En août, le Pentecostal Advocate for Socioeconomic Development (Avocats pentecôtistes pour le développement socioéconomique) a sensibilisé les dirigeants de 50 églises pentecôtistes et formé 100 points focaux, hommes et femmes, dans le cadre du projet des églises dites de réveil « RC4 zéro COVID ». Les points focaux se sont vu dispenser une formation sur les mesures de protection, les tests et la vaccination contre la COVID-19 et ont été sensibilisés à agir comme relais et agents de santé dans leurs communautés.

Du 10 au 13 octobre, le Conseil des églises protestantes du Cameroun a organisé un forum interconfessionnel sur la paix, la cohésion sociale et le plaidoyer stratégique à Yaoundé. Réunissant des protestants, des catholiques et des musulmans, il a exploré les crises sécuritaires dans le pays et le rôle des femmes dans la promotion de la coexistence pacifique, de la médiation communautaire et du développement durable.

En octobre, l’ACADIR a distribué des centaines de manuels gratuits à des élèves de six écoles des régions de l’Extrême-Nord, de l’Ouest et du Littoral dans le cadre d’un programme pilote visant à encourager la liberté de religion et le dialogue interconfessionnel parmi les jeunes. Ce manuel, intitulé Religions and Interreligious Dialogue in Cameroon (Religions et dialogue interconfessionnel au Cameroun), se centrait sur la coexistence pacifique de différents groupes religieux, l’acceptation mutuelle et la cohésion sociale et s’efforçait d’éviter la stigmatisation et les préjugés fondés sur l’affiliation religieuse.

 

Section IV. Politique et engagement du gouvernement des États-Unis

En octobre, au cours d’une réunion avec un responsable du ministère de l’Éducation de base, des responsables de l’ambassade ont discuté du rôle de l’éducation formelle pour la facilitation d’une approche coordonnée par les dirigeants pentecôtistes des pouvoirs publics, qui, selon l’ACADIR, perçoivent les pentecôtistes comme moins bien organisés que d’autres groupes chrétiens.

En mars, des responsables de l’ambassade se sont rendus dans la région de l’Extrême-Nord, où ils ont rencontré des dirigeants musulmans locaux, notamment l’imam Mahamadou Bachirou Sale. Ce dernier et un responsable de l’ambassade ont étudié les possibilités d’intégration de la déradicalisation religieuse dans le programme public de DDR à l’intention des ex-combattants et ex-associés de Boko Haram. Par ailleurs, ils se sont entretenus de l’utilité des conseils psychosociaux religieux dans le cadre du processus de DDR pour la déradicalisation.

Au cours de réunions au mois de septembre avec le délégué aux Affaires sociales de la région de l’Est, des responsables de l’ambassade ont soulevé les implications pour les enfants de ne fréquenter que des écoles coraniques. Lors d’une réunion avec le lamido de Garoua au mois d’octobre, les responsables de l’ambassade ont discuté du rôle que pourraient jouer les chefs traditionnels dans les sociétés musulmanes en matière d’autonomisation des femmes.

En juillet, l’ambassadeur s’est rendu à Buéa, dans la région du Sud-Ouest, où il a parlé de l’importance du rôle des organisations confessionnelles vis-à-vis de la paix, de la résolution des conflits et des programmes de formation professionnelle avec le modérateur de la PCC, le révérend Fonki Samuel Forba, l’imam de Buéa, Alhajj Mohammed Abubakar, et l’imam de Bamenda, Tukur Mohammed Adamu.

Au cours de l’année, des représentants de l’ambassade ont également rencontré des dirigeants religieux locaux, notamment le modérateur de la PCC, l’archevêque de Bamenda, le coordonnateur national de l’ACADIR, l’évêque de l’église anglicane du Cameroun, le coordonnateur national du CIDIMUC, des dirigeants pentecôtistes du Sunrise Pastors’ Council et de nombreux autres prêtres, pasteurs et imams. Au cours de ces réunions, ils ont discuté de la contribution des organisations confessionnelles à la cohésion sociale et étudié les manières dont les groupes religieux pourraient utiliser leur soutien et leur crédibilité auprès des communautés locales pour encourager la paix et l’harmonie au niveau national. Ils se sont également entretenus du rôle que les dirigeants musulmans en particulier pourraient jouer pour encourager l’éducation au sein de leurs communautés.