Infos Santé of Monday, 27 January 2025

Source: www.camerounweb.com

Cancer de la Prostate: atteint un journaliste camerounais donne des conseils

Benjamin Zebaze Benjamin Zebaze

Le journaliste camerounais Benjamin Zebaze, atteint d'un cancer de la prostate de stade 4 depuis cinq ans, livre un témoignage édifiant sur son combat contre la maladie. Dans un récit détaillé et pédagogique, il partage son expérience personnelle, prodigue des conseils de prévention et dresse un état des lieux sans concession du système de santé camerounais. De son diagnostic tardif aux traitements en Inde, en passant par les insuffisances locales en matière de prise en charge, son témoignage soulève des questions cruciales sur l'accès aux soins au Cameroun et l'urgence de développer des infrastructures médicales adéquates dans le pays.




En fin d’année dernière, j’ai indiqué ici même entrer dans ma cinquième année de lutte contre un cancer de la prostate de stade 4. Je l’ai fait presque instinctivement et j’ai été surpris par la réaction de très nombreuses personnes.

- Une minorité a estimé que c’était mal de procéder ainsi car une maladie a quelque chose de particulièrement intime ;

- D’autres ont trouvé courageux d’agir ainsi ;

- D’autres enfin ont pensé que cette sortie allait beaucoup aider les malades et surtout inciter de nombreux camerounais à prendre des mesures préventives.

Plus curieux encore est le fait de recevoir de la part de beaucoup, des demandes particulières sur les contours du cancer de la prostate qui cause tant de dommages. Certains n’ont même pas hésité à m’envoyer leur dossier médical complet.

Cela a confirmé ce que je savais déjà : cette maladie cause d’énormes dégâts et rien que dans ma famille, on en est à 2 décès en deux mois.

I- PAS DE PANIQUE

Je tiens à préciser ceci : je ne suis ni MEDECIN, ni AGENT COMMERCIAL pour les hôpitaux indiens. Je suis juste disposé à partager, 24h/24h s’il le faut, ma propre expérience pour que personne ne meure par ignorance.

Lorsqu’on entend parler de cancer, tout le monde panique et c’est bien normal : mais il faut savoir que tout problème médical autour de la prostate ne conduit pas nécessairement à un cancer de la prostate qui plus est, de stade 4.

Mais sur ce que je sais, c’est qu’un homme âgé de plus de 50 ans qui ne va pas se faire consulter par un UROLOGUE prend un sérieux risque car prise en charge très tôt, c’est une maladie qu’on contrôle assez bien.

Mais tout cela peut aussi varier car j’ai connu un malade âgé de moins de 45 ans qui était dans une situation encore plus grave que la mienne.

II- SIGNES ANNONCIATEURS D’UN CANCER DE LA PROSTATE

Encore une fois, je parle juste de mon EXPERIENCE personnelle.

- Difficulté à uriner

- Jet d’urine faible

- Du sang dans les urines, le sperme et parfois dans le liquide séminal

- Rapports sexuels douloureux

- Fatigue chronique

- Douleur aux os

- Le pire de tout : douleurs dans le dos, le bassin, les hanches… Honnêtement, cela tourne parfois au calvaire.

Si autour de 50 ans, vous constatez ça, courez chez un urologue.

III- CAUSES DU CANCER DE LA PROSTATE

- On accuse, comme pour la plupart des cancers, le SUCRE. Ce que je sais, c’est que je n’ai jamais bu une seule goutte d’alcool de ma vie. Mais de 1978 à 2020, j’ai bu en moyenne 1,5 litres de jus chaque jour.

- On incrimine aussi le facteur HEREDITAIRE. Ma grand-mère paternelle a eu trois enfants : deux sont décédés d’un cancer de la prostate tandis que l'autre est mort à une époque où on ne pouvait, techniquement, savoir si des problèmes autour de la prostate combinés à un diabète chronique n’avaient eu raison de lui.

- Obésité

- L’âge avancé : après 50 ans, il faut faire attention. Mon cancer a été diagnostiqué en 2020 alors que les premières alertes datent de 2005, 15 années plus tôt. J’ai commis l’erreur de ne pas consulter.

IV- OU ET COMMENT SE SOIGNER ?

AU CAMEROUN

1.1 Ce qui est possible

- Même s’ils ne sont pas nombreux, il existe de bons urologues au Cameroun. Le Dr Cyrille Kamadjou qui m’a opéré ici avant mon évacuation sanitaire est excellent.

- Pour la radiothérapie, très souvent nécessaire, un compatriote a ouvert un centre assez bien équipé sur la route de l’Ouest à la sortie de Douala. S’il pouvait bénéficier d’un soutien de l’Etat ou de grandes entreprises, il pourrait aider de nombreux Camerounais.

Nos limites

- Les premières tiennent à l’égoïsme de nos professionnels : tant qu’ils ne comprennent pas qu’ils peuvent se mettre ensemble pour faire face à ce fléau et d'autres, eux et nous les malades n’iront nulle part.

- Un bon centre de cancérologie est nécessaire dans chaque Région et face à un Etat défaillant, UROLOGUES, ONCOLOGUES, RADIOLOGUES… peuvent se regrouper dans ce qu’on appelle « Société Civile de Moyens » pour être plus efficaces.

- Ce qui m’a choqué le plus pendant cette période, c’est de constater qu’aucun professionnel ne reste dans son « couloir ». On veut tout faire rien que pour gagner plus : ce n’est pas sérieux.

- Inacceptable est aussi cette façon d’abandonner les malades les vendredi parce que le médecin s’est rendu au village pour des obsèques ou des funérailles. Pourquoi ne pas solliciter l’aide d’un confrère avant de se déplacer ?

- Les prix des interventions sont trop élevés : pour « déboucher » l’urètre, cela peut aller au-delà de 1 500 000 ; pareil pour les séances de radiothérapie.

- Absence de plateau technique performant. Les diagnostics sont très approximatifs de telle sorte que nos médecins appliquent des traitements qui n’ont rien à voir avec l’évolution de la maladie : ce n’est pas leur faute car le matériel approprié coûte très cher.

Exemple : la chimiothérapie ici rend parfois le malade…plus malade ; Il devient trop faible, perd tous les cheveux et tout poil… alors qu’avec un traitement bien ciblé, on peut éviter cela : ca a été mon cas.

TRAITEMENTS A L’ETRANGER

J’ai essayé d’aller me soigner en Côte d’Ivoire, Ghana, Tanzanie, Afrique du Sud, Maroc, Tunisie, France… Tout compte fait, si vous n’êtes pas assuré ou si vous ne pouvez pas jongler avec l’aide médicale en France, l’Inde est le meilleur risque.

1- Les forces des hôpitaux Indiens

L’Etat Indien a fait de la santé et de l’informatique les principaux vecteurs de son développement économique. Cela a pour conséquence:

- Une politique de visa rapide et simplifiée. Aujourd’hui je peux obtenir un visa en 48 heures.

- Mon hôpital envoie me chercher à l’aéroport.

- La prise en charge est extrêmement rapide. Vous arrivez dimanche par exemple, lundi on vous envoie un taxi, vous faites tous les examens et mardi vous avez tous les résultats.

- L’hôpital peut vous trouver un hôtel du plus cher ou moins cher.

- Il y a tout un service dédié aux malades étrangers.

"TOUTES LES MALADIES SOIGNEES DANS LE MONDE SE SOIGNENT ICI" est le slogan de l’hôpital

- Depuis ma maladie, je regarde toutes les évolutions des traitements dans le monde et tous ce que je vois dans les sites scientifiques se trouve dans mon hôpital.

- Le prix des interventions les plus bas de la catégorie. Un spécialiste mondial d’une pathologie coûte entre 15 000 et 20 000 Cfa pour une consultation.

- La médecine nucléaire y est maitrisée de telle sorte qu’après examens, on ne vous administre comme traitement, que ce qui est nécessaire : cela préserve vos cellules saines.

- Pas d’acharnement thérapeutique pour vous faire dépenser de l’argent inutilement. Si on ne peut rien faire, vous rentrez chez vous.

Attention quand même

- Le monde entier s’y retrouve avec pour conséquence une prolifération de cliniques privées et un réseau de faux médicaments.

- Si vous ne maitrisez pas un minimum d’anglais, votre séjour sera très difficile.

POURQUOI DE NOMBREUX CAMEROUNAIS MEURENT DANS LES HÔPITAUX INDIENS

C'est très simple à comprendre: l'Inde est pour beaucoup, un ultime recours. On n'y arrive en général que lorsque la situation est irrémédiablement compromise et sans issue.

Si le système est bon et efficace, il n est pas piloté par des MAGICIENS. Moi même j y suis arrivé lorsque les cellules cancéreuses avaient colonisés ma colonne vertébrale et dans quelques mois auraient atteints la moelle épinière : quand cela arrive, vous avez plus ou moins 3 mois à vivre.

EN RESUME

- Apres 50 ans, un homme doit aller se faire consulter par un Urologue car, prise en charge tôt, , cette maladie se gère relativement bien.

- L’Urologue et l’Oncologue sont deux professionnels différents : chacun a son rôle qu'on ne peut confondre.

- Votre maladie est la vôtre et avec Internet, vous pouvez consulter des sites scientifiques pour solliciter les professionnels adaptés et surtout comprendre mieux la maladie.

- Si un diagnostic ne vous convient pas, n’hésitez pas à demander l’avis d’un autre profesionnel.

- Sur Internet et dans nos villages, on propose des solutions alternatives : quand je vois comment je suis soigné, je doute de leur efficacité dans des cas graves. Certains sont convaincus du contraire: je respecte ça.

- Si vous êtes obligés d’aller à l’étranger, l’Inde est la meilleure destination.

- Si aujourd’hui un cancer de stade 4 comme le mien ne se guéri pas, il existe des moyens médicamenteux pour vivre avec ça aussi bien que possible, compte tenu des circonstances et surtout avec l’espoir qu’offre l’évolution rapide des traitements.

- Nous devons nous battre pour que nos dirigeants futurs inscrivent dans leur programme respectif, la création d’un centre de diagnostic médical de haute volé dans chaque capitale régionale.

Benjamin Zebaze
Ndi Nkem Motissong