Au Minsanté, l’on veut contenir la maladie qui a déjà fait officiellement deux morts au Nord, alors même que la réalisation des plans d’actions spécifiques de 2010 attend toujours des financements.
Les services compétents du ministère de la Santé publique (Minsanté) confirment l’information publiée dans la presse nationale et les réseaux sociaux il y a plus d’un jour; le choléra a déjà fait deux morts à dans la région du Nord. « C’est vrai que des cas suspect ont été Minsanté il y a déjà une mobilisation pour bloquer l’avancée de la maladie », souffle, une source proche de la Direction de la lutte contre la maladie où se tiennent de multiples rencontres. Ces interminables concertations à l’issue desquelles un document d’information précis en direction du public pourrait être produit, à l’instar de celle tenue ce mercredi 11 juillet, justifient quelque peu l’indisponibilité des sources pouvant se confier au reporter.
Joint au téléphone, un responsable en service à la délégation régionale du Minsanté rassure : « Réunis autour du gouverneur du Nord, Jean Abaté Edi’i, depuis la première alerte en provenance des aires de santé déjà affectées, nous cherchons à éviter ce qui s’est produit entre 2010 et 2011 au Cameroun. Nous avons été ragaillardis par la présence du secrétaire d’Etat chargé des épidémies et des endémies, Alim Hayatou, qui a déjà réactivé le Comité interministériel (composé des administrations en charge de la Santé publique, de l’Eau, de l’Environnement, du Développement urbain, etc.) régional mis sur pied lors de la dernière plus grande épidémie survenue entre 2010 et 2011, qui était un peu en hibernation ».
Transport des déchets
L’Oms définit le choléra comme une infection intestinale aiguë due à l’ingestion d’une eau ou des aliments souillés. Elle se manifeste par des diarrhées graves et fréquentes. L’agent vecteur de cette pathologie, qui se développe rapidement et provoque une déshydratation sévère de l’individu suivie de sa mort, est le vibrion cholérique. Il existe un vaccin anticholérique dont l’immunité n’est que de trois mois. Pour les médecins, la meilleure prévention reste alors l’observance des règles d’hygiène, dont, se laver les mains avec de l’eau propre et du savon, sous un robinet, si possible, avant les repas et au sortir des toilettes, nettoyer tous les fruits et les légumes consommés crus, bien cuire les aliments (surtout certaines viandes), déféquer dans les toilettes ou les latrines.
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Seulement, dans son ensemble, le Cameroun connait l’un des taux d’assainissement les bas d’Afrique. La défécation à l’air libre est en passe d’être la règle, même dans des grandes agglomérations comme Douala et Yaoundé. La qualité de l’eau n’est pas à tranquilliser les esprits surtout avec la sécheresse constante des robinets qui ouvre la voie à l’approvisionnement à la débrouille en cette boisson indispensable pour les familles. Le retour des pluies observé dans la quasi-totalité du pays, caractérisé par les inondations qui favorisent le transport des déchets ménagers et fécaux dans les rares points d’eau existants, peut activer le virus, endémique sur le territoire.
Des plans d’actions spécifiques
« Le choléra est endémique au Cameroun », indiquait le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, lors d’une rencontre avec des journalistes. Le Minsanté dressait alors la situation sanitaire du pays en 2015. « L’endémicité du choléra est effective. En réalité, dans tout le pays, il y a des signaux sur la qualité de l’eau, des aliments dans nos marchés, l’état des lieux d’aisance et même leur absence, qui laissent transparaître la présence latente du choléra. Et il suffit que les populations ne respectent pas les conditions d’hygiène et de salubrité, pour des cas se signalent comme c’est le cas le Nord ces temps », rappelle un médecin.
En 2010, en plein coeur de l’une des épidémies les plus virulentes, une étude « eau, hygiène et salubrité », menée par le service d’épidémiologie, a confirmé le faible accès à l’eau et sa mauvaise qualité au Cameroun. Des plans d’actions spécifiques avaient été proposés. Mais, leur concrétisation reste jusqu’ici attendue. L'info claire et nette . Quelques adductions d’eau ont été réalisées, essentiellement par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et des particuliers. Or, un rapport publié en 2010 par la Banque africaine de développement (Bad) révèle que 67% de Camerounais n’ont pas accès à de l’eau potable. Ce taux est plus élevé dans les localités hors des agglomérations comme Yaoundé et Douala, précisément.
La situation n’est pas différente pour les lieux d’aisance. Du coup, beaucoup pensent déjà que la confirmation du retour du choléra va certainement faire bouger les lignes. Car, il est important de rappeler que la maladie a fait plus de 50.000 décédé au Cameroun entre 2004 et 2016, à en croire les études épidémiologiques réalisées du ministère de la Santé publique. Le pic de ces épidémies a été justement atteint entre 2010 et 2011 avec plus de 10.000 camerounais arrachés à la vie suite à un cas notifié à Maga à l’Extrême-Nord, à la frontière avec le Nigeria. Il aura fallu plus d’un an pour combattre la pathologie qui avait traversé les frontières régionales du grand Nord pour se répandre ailleurs tuant même un magistrat municipal et bousculant les habitudes culturelles en matière d’inhumation des dépouilles. En fait, il était interdit de transporter les corps hors du lieu de décès en vue de réduire la contamination.