Président de la Fédération camerounaise des sports pour déficients intellectuels (Fécasdi), il revient sur les moments forts de la saison, dresse le bilan des activités, et présente les perspectives pour la prochaine saison.
Dites-nous comment s’est déroulée la clôture de la saison au sein de votre fédération…
C’est un président heureux qui vous parle en ce moment parce que nous avons terminé notre saison en apothéose à Bertoua. Nous avons eu à former des officiels techniques. Nous avons recyclé des enseignants d’éducation physique et sportive dans le domaine des prises en charge des personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Et toutes ces personnes sont passées à la phase pratique le jour de la compétition en athlétisme et en football. Donc c’est un président heureux qui vous parle en ce moment quand on essaie un peu de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur surtout avec les deux compétitions internationales auxquelles nous avons pris part. Ce qui était difficile par le passé.
Pourquoi avez-vous déporté la compétition à l’Est du Cameroun quand on sait qu’elle se déroule le plus souvent à Douala ou à Yaoundé ?
C’est justement cette tradition que nous voulons briser. C’est-à-dire qu’une tradition qui veut que les choses s’organisent à Yaoundé et à Douala. Le Cameroun n’est pas seulement ces deux villes. Mais aussi l’arrière-pays où nous avons d’ailleurs beaucoup de potentialités et beaucoup de talents à détecter. Aller dans l’arrière-pays est une politique qui a été engagé au sein de notre fédération depuis 2019. C’est la raison pour laquelle nous sommes allés à Bertoua pour détecter des talents. Et nous sortons de cette contrée satisfait parce que nous avons formé une vingtaine d’entraineurs, nous avons détecté plus de 30 athlètes qui sont dans une école spéciale où nous avons affecté des officiels et des entraineurs que nous avons formé. C’est pour dire que prochainement, l’Est fera partie de la Fécasdi, et prendra part à toutes nos compétitions.
De façon globale, comment s’est passée la saison sportive chez-vous ?
C’est une saison sportive qui a été pleine. Nous avons organisé deux évènements. Nous avons pris part à deux compétitions internationales qui étaient organisées au Cameroun. Aussi, nous avons organisé nos grands regroupements selon le calendrier de la Fécasdi qui a été validé par le conseil d’administration. Donc la fédération connait ses beaux jours.
Quelles sont les difficultés rencontrées pendant la saison ?
Les difficultés se trouvent déjà sur les personnes avec qui nous travaillons qui sont les déficients intellectuels. Voyez-vous, un citoyen ordinaire qui travaille avec un déficient intellectuel rencontre immédiatement un problème parce qu’on les aborde avec beaucoup d’appréhensions. Nous avons déjà brisé cette barrière, et il y a la difficulté de supporter, de faire preuve de patience à leur égard. Les 4 séances d’exercices qu’on donne à un enfant qui se porte très bien, à un déficient intellectuel, il faut multiplier par 10 afin qu’il l’assimile. L’autre difficulté se pose au niveau du recrutement. Les parents n’arrivent pas toujours à comprendre que ces enfants s’épanouissent, et s’intègrent facilement à travers la pratique sportive. Les parents continuent à les cacher à la maison. Nous avons des membres du gouvernement qui ont ce genre d’enfant mais qui malheureusement les cachent. Et quand on parle de ça aux journalistes, ces membres du gouvernement prennent la chose male. Ils pensent que c’est une moquerie. Alors que nous voulons aider ces enfants à être épanouis. Le gouvernement ne nous accorde pas les fonds. Et c’est un peu harassant au quotidien. Nous sommes obligés de mener nos activités avec nos petits partenariats. Parfois, nous rentrons dans nos économies familiales pour faire fonctionner la fédération. C’est dommage. Mais il faut aussi reconnaitre que le gouvernement nous accorde des compétitions internationales.
Après la clôture de la saison, quelles sont les perspectives pour l’année prochaine ?
C’est vrai que nous sommes à la fin d’une paralympiade, pour ne pas dire une olympiade. Nous avons qu’à la fin d’une telle activité, il doit nécessairement avoir des élections. Donc nous sommes prêts pour ces élections. Si le ministère nous envoie les circulaires par rapport à ces élections, nous allons suivre le calendrier. Et organiser le conseil d’administration, pour valider notre plan d’action le moment venu. Comme plan d’action, nous pourrons avoir entre 3 ou 4 compétitions cette année. Nous avons dorénavant l’accord d’accompagnement de Virtus, notre fédération mondiale pour l’organisation du meeting internationale au mois d’avril. Et le tournoi de football pour déficients intellectuels. Sans oublier les jeux de personnes spéciales de l’Afrique francophone qui se dérouleront au Cameroun. Nous allons continuer nos actions dans les régions parce que nous voulons ouvrir notre saison sportive à Limbé ou Buéa parce que c’est une zone qui est perturbée depuis quelques temps. Et nous savons qu’il y a des femmes qui ont été ou alors qui sont en gestation dans cette zone. Et quand on regarde les causes de la déficience intellectuelle, elles sont prénatales, postnatales et périnatales. Or dans les causes prénatales, il y a le stress comme un des éléments clés. Le fait de suivre les bruits des armes, vivre les enlèvements, ces femmes vivent sous le stress. Et quand l’enfant nait, naturellement, il y a des conséquences comme la déficience intellectuelle. Donc nous voulons aller dans cette zone pour en parler aux femmes pour que la déficience intellectuelle ne soit pas perçue comme une fatalité.
Bientôt le renouvellement des présidents des associations sportives civiles au Cameroun. Etes-vous candidat à votre propre succession au sien de votre fédération ?
J’ai bien envie d’être candidat. Mais attendons voir. J’ai voulu démissionner cette année après le lancement de l’olympiade à cause de plusieurs frustrations et aussi parce que j’ai même raté ma carrière administrative à cause de cette activité, ce que je ne regrette pas. Mais, j’ai été retenu par les parents, les athlètes et bien d’autres personnes qui m’ont fait savoir que j’avais encore beaucoup d’œuvres à accomplir avant la fin de mon mandat. Mais je constate que les chantiers ne font que s’accumuler. Le vrai problème est de savoir si je dois céder la place à quelqu’un d’autre. Pour moi, ce n’est pas un problème. Vous savez, lorsque vous êtes pionniers quelque part, vous avez tellement de choses à faire. Je peux quitter la Fécasdi et créer une autre association parce qu’il y a beaucoup à faire au sein du mouvement paralympique en général, et dans le sport pour personnes handicapées en particulier. C’est pour cette raison que je me dis que je vais encore réfléchir par rapport à ma candidature.
Un dernier mot pour nous lecteurs ?
Je leurs demande de faire les efforts de savoir ce que c’est que la déficience intellectuelle. Ça peut survenir à n’importe quel moment, on peut avoir un accident, la tête subit un choc et on se trouve dans la déficience intellectuelle. On peut avoir un enfant qui est déficient intellectuel. Il vaut mieux connaitre que de rester dans l’ignorance, et envoyer ces enfants vers nous pour que nous puissions redorer l’image du Cameroun en matière de pratique sportive, surtout pour les déficients intellectuels. Le tout n’est pas simplement le football.