C’est la quintessence du projet de loi défendu le 3 avril 2022 à l’Assemblée Nationale. « Un recrutement supplémentaire de 25 000 personnes, étalé sur 5 ans », a indiqué le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, lors de la défense dimanche dernière, du projet de loi sur la recherche médicale impliquant la personne humaine.
Le recrutement envisagé va permettre de réduire pratiquement de moitié le déficit de personnel dans le secteur de la santé au Cameroun, que le ministère estimait à 55 000 à fin septembre 2021. L’on apprend également de la bouche du Minsanté qu’un plaidoyer a été déposé sur la table du gouvernement en vue de la contractualisation de 20 000 personnels temporaires.
Pareille opération devrait permettre de régulariser le statut du plus gros contingent des effectifs des personnels de santé actuellement en activité dans le pays. En effet, sur les 39 720 personnels de santé recensés par le ministère de la Santé publique à fin septembre 2021, les temporaires sont au nombre de 20 116, contre 11 346 fonctionnaires, 4 846 contractuels et 3 412 agents décisionnaires.
Ce projet de recrutement intervient dans un contexte marqué par un désir de rationalisation des recrutements au sein de la Fonction publique camerounaise, en raison d’une masse salariale de plus en plus intenable. Dans un document annexé à la loi de finances de l’État pour l’exercice 2022, il est indiqué que « L’analyse de l’évolution des dépenses de personnel au cours des 10 (dix) dernières années a permis de révéler que la masse salariale effectivement payée aux agents publics dans le budget de l’État connait une forte croissance dont la moyenne annuelle est de 5,6%, malgré les multiples actions d’assainissement du fichier solde de l’État. Cette progression est essentiellement portée par les recrutements massifs effectués au cours de cette période ».
Il y est également indiqué qu’entre l’année 2011 et fin juin 2021, les effectifs de la Fonction publique camerounaise sont passés de 206 212 à 346 557 personnes, soit une hausse de 68%. Les dépenses des personnels ont connu la même courbe ascendante, passant au cours de la même période, de seulement 681,4 milliards de FCFA à plus de 1 000 milliards de FCFA.
Un accroissement qui semble principalement dû aux recrutements massifs des personnels dans l’enseignement secondaire fragilise de plus en plus le budget de l’État. Cette état de chose a amené le gouvernement à envisager une réduction des effectifs à recruter chaque année à la Fonction publique.
Cela explique par exemple qu’en 2021, 28 de concours pour le recrutement de nouveaux personnels dans différents corps de l’État ont été lancés pour un total 1 536 postes ouverts, loin en deçà des chiffres des années précédentes. Cette réduction significative du volume des recrutements à la Fonction publique, l’Etat pourra respecter le ratio de soutenabilité de la masse salariale fixé à un maximum de 35% dans le cadre des critères de surveillance multilatérale édictés par la Cemac.