Le ministre camerounais en charge de la Santé publique, André Mama Fouda, vient de demander au personnel médical du pays de «proposer, systématiquement et en routine, le test de dépistage du VIH» à toute personne en consultation dans les services hospitaliers, quel que soit le motif de la consultation.
Dans une lettre circulaire dont APA a pu obtenir copie, il indique que cette directive doit être mise en œuvre conformément à la stratégie de conseil et dépistage initié par le prestataire (CDIP), «et dans le strict respect des principes déontologiques en la matière».
La directive du ministre de la Santé, note-t-on, constitue une reculade par rapport à ses instructions aux mêmes personnes, le 22 juin dernier, et qui demandaient de «dépister systématiquement toute personne qui se présente dans une formation sanitaire, quel que soit le motif de la consultation».
Dans le même document, André Mama Fouda exigeait de «mettre directement sous traitement toute personne dépistée et confirmée séropositive sans l’obligation d’une évaluation préalable des CD4», dans le but de «rapprocher les services de prise en charge des populations».
Ce retournement de situation intervient également au lendemain de la publication, par la Fondation camerounaise des consommateurs, d’une violente diatribe contre le même membre du gouvernement, dans laquelle l’ONG estime que le dépistage systématique du VIH «viole l’éthique et le droit des patients».
«Le caractère obligatoire contrarie l’approche médicale du consultant et entrave le suivi thérapeutique et psychologique», écrit la Fondation pour qui, dans le cas du VIH et du sida, maladie transmissible et non contagieuse, l’annonce du statut de séropositivité, qui concerne la vie à venir de l’intéressé, faite froidement et parfois par simple voie administrative (courrier de laboratoire), «aura le plus souvent des effets négatifs : angoisse, solitude pour le sujet et tentative de suicide».