L’Association des Raffineurs des Oléagineux du Cameroun (ASROC) est montée au créneau pour dénoncer « les huiles qui ne respectent pas la norme et la qualité », « qui tuent l’industrie locale » et qui « bloquent le marché ». Lire l’interview.
Q’est ce qui justifie la sortie médiatique de l’Association des Raffineurs des Oléagineux du Cameroun dans la journée d'hier?
Nous vivons des perturbations sérieuses au niveau de nos activités du fait du non-respect des lois et règlements en ce qui concerne l’activité commerciale qui est libre. Lorsqu’on voit des huiles importées circulées dans les marchés à 1000 FCFA il y a matière à réflexion et cela pose un problème au niveau de la concurrence. Les importateurs qui ont réussi à ne pas payer les droits de douanes dues, les importateurs qui n’ont pas respecté les normes en vigueur, notamment la norme NC77 qui prescrit l’enrichissement et la norme NC04 qui a trait à l’étiquetage des denrées alimentaires pré-emballées, ont l’avantage de pouvoir vendre les huiles végétales importées à des prix qui défient toute concurrence. Lorsque vous avez des huiles périmées, qui ne sont pas enrichies, vous convenez avec moi qu’il y a problème.
La vitamine A qu’on doit introduire dans l’huile pour la fortifier a un coût. Lorsqu’on omet de l’injecter dans l’huile vous gagner et lorsque vous arrivé dans le marché vous faites ce que vous voulez. La filière des oléagineux dans son segment amont qui concerne ceux qui produisent les matières premières et dans son segment aval qui concerne ceux qui la transforme se plombe. Lorsque vous ne pouvez pas acheter la matière première, celui qui la produit se plante et c’est l’économie qui prend un coup.
Nous sommes dans une filière productive qui emploie 50 000 personnes et investit près de 630 milliards. Lorsque le secteur des oléagineux a des problèmes comme c’est le cas actuellement, il ne faudra pas s’attendre à grand-chose au niveau des impôts. Dans nos marchés il y a des huiles qui sont dangereuses pour la santé. Dangereuses parce qu’elles ne respectent pas la norme et la qualité. Ces huiles posent un sérieux problème à l’économie et tue l’industrie locale qui ne peux plus vendre ce qu’elle produit. Ces huiles entrent sans payer les droits de douanes, ne sont pas conformes en termes de qualité, sont vendus à un prix résiduel et bloquent le marché.
Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une contre-publicité que vous faites à ces importateurs d’huile ?
C’est un problème de respect de la norme. Les bidons sont jaunes, non-conformité majeure, les huiles ne sont pas enrichies, non-conformité majeure, les huiles sont périmées, non-conformité. Il ne s’agit pas de concurrence. Localement nous produisons 90% des huiles végétales raffinées de palme, de coton et de soja et 90% de savons de ménage disponibles dans l’espace commercial camerounais. C’est un problème de protection de la santé et nous sommes tous concernés. Cette interpellation a trait à la protection des consommateurs, protection de l’environnement, protection de l’économie.
Comment ces huiles réussissent-elles à échapper aux contrôles de norme pour se retrouver sur les marchés ?
Ces huiles arrivent sur le marché par la voie de la fraude. Dès lors que le problème de gouvernance se pose au niveau de l’opérateur économique et au niveau des administrations, par des manœuvres pour ne pas payer des droits de douanes, mettre en œuvre des manœuvres pour faire passer ce qui n’est pas conforme. Les administrations chargés de s’assurer que les huiles qui rentrent et qui seront commercialisées sont conformes et ont un certificat de conformité on ne les retrouverait pas sur le marché et il y aurait moins de problèmes.
Par le fait de la corruption, lorsque ces huiles réussissent à passer et qu’elles se retrouvent sur le marché, ça devient difficile, parce qu’on ne peut avoir un inspecteur derrière chaque opérateur. Les administrations concernées sont celles qui sont à l’entrée, dans le marché, et si malgré toutes les actions qui sont menées elles se retrouvent dans le marché cela voudrait dire qu’il y a un problème au niveau du contrôle.
Quel est le procédé à suivre pour qu’une huile arrive sur le marché ?
Avec l’entrée en vigueur du Programme d’Evaluation de la Conformité Avant Embarquement (PECAE), depuis le 01 er juillet 2016, il n’est plus possible de faire entrer une huile végétale au Cameroun sans que celle-ci ne soit passée par un contrôle au niveau du pays de production. Après évaluation une attestation de conformité est délivrée afin de permettre au Conseil National des Chargeurs de faire embarquer la marchandise.
Une fois la marchandise au Cameroun, elle doit faire l’objet d’une certification sur la base de l’attestation de conformité délivrée par les organes agréés et par l’ANOR. Si vous n’avez pas ce certificat, votre huile doit sortir du marché.