Selon la Société camerounaise de gastro- entérologie, les hépatites virales touchent cinq fois plus de personnes que le VIH. Ils seraient environ 4,5 millions de Camerounais à être atteints de cette maladie qui, bien qu’elle soit souvent dépourvue de symptômes, tue 10 000 personnes par an.
La journée mondiale contre l’hépatite, qui se célèbre ce jeudi 28 juillet 2022, le Centre Pasteur de Yaoundé organiser une vaste campagne de sensibilisation au Cameroun, avec au programme des tests de dépistage et des vaccinations gratuites ainsi qu’un cycle de conférences.
« Suivant les enquêtes épidémiologiques, environ 13% (des Camerounais) souffrent de l’hépatite C et 10% de l’hépatite B, a-t-il affirmé lors d’une conférence organisée à Yaoundé, lundi 29 juillet. C’est donc globalement 4,5 millions de personnes qui sont concernées » sur environ 21 millions d’habitants. Cela représente presque un quart de la population du pays, alors que la moyenne mondiale tourne autour des 6%.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi exhorté le gouvernement camerounais à agir contre ces maladies, plus largement propagées que le VIH, dont le taux de prévalence parmi les adultes est d’environ 4,6%. Certes moins mortelle, l’hépatite virale tue pourtant chaque année environ 10 000 Camerounais, selon la Société camerounaise de gastro-entérologie.
La mise en place de mesures préventives est urgente
En 2005, le ministère de la Santé a rendu gratuit l’accès au vaccin contre l’hépatite virale B pour les enfants de moins d’un an, dans le cadre du Plan élargi de vaccination, dans l’objectif d’immuniser au moins 85% de la jeune génération. Cependant, les chiffres de l’OMS montrent que seulement 66% des enfants ont été vaccinés contre cette maladie en 2011.
L’hépatite B et l’hépatite C sont des maladies virales qui s’attaquent au foie, où elles peuvent causer une infection chronique et, ainsi, créer un risque important de décès par cirrhose ou cancer du foie. En ce qui concerne l’hépatite B, les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans sont largement plus susceptibles de développer une infection chronique que les adultes ayant contracté le virus postérieurement. D’où la nécessité de mettre en place une politique de vaccination préventive dans tout le territoire.
Pour ce qui est des personnes déjà atteintes, l’OMS considère que le nombre de cas diagnostiqués est nettement inférieur au nombre réel de malades, notamment dans les cas d’hépatite C où 8 porteurs sur 10 ne présentent aucun symptôme.
Le gouvernement a décidé, depuis le 5 janvier dernier, de la baisse des coûts des protocoles traitant les hépatites B, C et D. Les plus heureux sont les patients soumis aux traitements mensuels les plus onéreux. Pour les personnes atteintes d’hépatite virale C (génotypes 1 et 4), par exemple, au lieu de 280.000 francs CFA, ils débourseront désormais 120.000 francs CFA pour avoir accès à leur traitement (Sofosbufir 400 mg et Ledispavir 90 mg).
Mais quelques patients rencontrés apprécient la décision. « Cette baisse des coûts est une bonne initiative pour moi qui n’ai pas assez de moyens », se réjoui Luc Kana, patient souffrant de l’hépatite C. Les protocoles de l’hépatite virale C dont les prix étaient élevés, ont considérablement baissé. Pour le Sofosbuvir 400 mg et Ribavirine 200 mg, le prix passe désormais de 150 000 F à 100 000 F, les deux boîtes par mois.
De même au lieu de débourser 280 000 F pour le Sofosbuvir 400 mg et Ledipasvir 90 mg, le patient va plutôt dépenser 120 000 F par mois. Pour les patients sous protocole hépatite B et D, la boîte d’interferon pégylé alpha 180 microgrammes (Pega-sys) sous forme d’ampoule injectable coûte désormais 50 000 F au lieu de 57 000 F.
La décision de cette baisse des tarifs des médicaments de l’hépatite B, C, D rentre dans le cadre de l’accélération de la prise en charge des hépatites virales, « Jusqu’ici, tous les efforts se sont concentrés sur le sida, insiste le professeur Oudou Njoya, hépato-gastro-entérologue du CHU de Yaoundé et membre de la Société camerounaise de gastro-entérologie. Il faut donc que les pays adoptent une volonté politique pour lutter contre les hépatites virales. »
C’est dans ce contexte que l’Initiative panafricaine de lutte contre les hépatites a formulé le « Consensus de Dakar », lors de la conférence organisée dans la capitale sénégalaise. Cette déclaration se pose comme un appel aux gouvernements du continent afin de développer des mesures concrètes en termes de prévention, de dépistage, de traitement et de recherche.