Des chaises et des tables sous une tente, et le centre provisoire de dépistage des pathologies cardiovasculaires est installé. Des personnes défilent sous la tente, d’abord, pour mesurer la tension artérielle, puis, pour mesurer le poids et la taille. Ceux qui ont une tension artérielle trop élevée sont orientés vers une salle, où on leur fait un électrocardiogramme, un examen spécifique pour le cœur.
« Je suis un sportif depuis mon jeune âge. Mais, j’ai dû arrêter le sport il y a deux ans car lorsque je revenais du sport je sentais des douleurs au niveau de la poitrine, une impression d’étouffement et des douleurs au thorax. J’ai profité de cette campagne pour faire un examen du cœur et elle m’a été bénéfique », explique Etoua Edima, un patient à qui on vient de détecter une maladie cardiovasculaire.
« Maintenant je suis édifié sur mon état de santé et je sais désormais quelle est la conduite à tenir », ajoute-t-il.
Il s’agit en fait d’une campagne mensuelle gratuite de dépistage des maladies cardiovasculaires, campagne organisée par un groupe de médecins.
« Généralement, les maladies cardiovasculaires ne font pas de bruits. Lorsque les premiers symptômes se font sentir, il est déjà presque trop tard. Beaucoup de personnes ont eu des crises cardiaques alors qu’elles ne se savaient pas malades. D’où l’intérêt d’une telle campagne », explique à le docteur André Michel Yomba, l’un des cardiologues qui participe à cette campagne.
Le cardiologue explique qu’au cours de ces campagnes, les médecins recherchent les facteurs de risques cardiovasculaires, surtout les facteurs modifiables. Ces facteurs sont le diabète, les problèmes de cholestérol et le tabagisme. Il y a également l’obésité, l’âge ou encore l’hypertension artérielle.
« En fait, la tension artérielle trop élevée est l’un des signes qui doivent alerter. L’hypertension artérielle multiplie par sept le risque d’avoir un accident vasculaire cérébral. Certains de ces facteurs sont modifiables en changeant de comportement, ou avec une prise en charge adéquate, ce qui permet de diminuer ce que l’on appelle le risque cardiovasculaire », explique le docteur Nganou, un autre cardiologue qui participe à la campagne.
"Au cours des séances de dépistage comme celle-ci, on trouve par exemple des gens avec des hypertensions artérielles sévères qui, en principe, auraient nécessité un traitement immédiat," ajoute le médecin qui révèle qu’environ 300 personnes sont ainsi dépistées chaque mois, ce qui réduit le nombre de personnes susceptibles de décéder brusquement des suites de maladies cardiovasculaires.
Selon la Société camerounaise de cardiologie, les maladies cardiovasculaires sont en hausse au Cameroun et touchent déjà près de « 35% de la population adulte, soit environ 17 000 cas officiellement recensés chaque année».
Tout le monde est concerné par cette pathologie, y compris les grandes stars à l’instar du footballeur Rigobert Song qui en a récemment été victime.
Les hôpitaux camerounais n’ont pas de plateaux techniques suffisamment modernes pour la prise en charge des accidents cardiovasculaires, et tout le monde n’a pas les moyens pour procéder à une évacuation sanitaire en Europe. Dans le même temps, les examens, tels que l’électrocardiogramme, qui permettent de détecter les problèmes cardiaques et ainsi d’éviter ces pathologies, coûtent chers.