«Au Cameroun, on meurt encore de faim. Et pour cause, le régime alimentaire est déséquilibré dans la plupart des ménages ». Ces révélations ont été faites le vendredi 18 août 2017 dernier à Douala, au cours d’un exposé du professeur Marie Modestine Kana Sop, préparé dans le cadre de la deuxième édition des « Rencontres
nutrition », initiée par Nestlé Cameroun. D’après la nutritionniste, le Cameroun fait partie des zones à haut risque où le taux de prévalence se situe autour de 50%. A en croire l’expert, le Cameroun n’a d’ailleurs pas atteint les objectifs
du millénaire pour le développement.
Dans son exposé, l’enseignante révèle que la qualité de la nutrition dans les ménages laisse à désirer, du fait de l’absence des micronutriments tels que le zinc, l’iode, le fer et la vitamine A. L’enquête menée par l’expert en zone rurale et publiée en 2015 renseigne que la carence en zinc est observée à plus de 69%. La même enquête ajoute que les régions du Nord, de l’Est et les grandes métropoles du pays sont les plus affectées. « Plusieurs Camerounais n’ont pas la possibilité de manger de la viande constamment, encore moins de se procurer du lait, car les prix ne sont pas à la portée de tous », indique-t-elle.
Selon une étude réalisée entre 1991 et 2011 sur la situation nutritionnelle du Cameroun, le taux de faible poids des Camerounais est de 6%. Au moment où les résultats font ressortir que 20% de Camerounais souffrent d’amaigrissement et 37% ont un retard de croissance. Pourtant, la prévalence des valeurs du seuil de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) publiée en 2005 est de 2% dans chaque cas. Les carences en micro-nutriments, à en croire cette nutritionniste,
sont à l’origine de l’abaissement du quotient intellectuel et compromettent le dé-
veloppement physique et mental de l’enfant.
Tout comme ces carences causent également des dégâts dans le système immunitaire, avec la perte d’un million d’enfants et environ 60.000 femmes par an, pendant la grossesse et l’accouchement. Une étude menée en 2011 par Food and Agriculture Organisation (Fao) sur la malnutrition dans le monde, montre que près d’un milliard de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, souffrent tous les jours de la faim. Toutes les dix secondes, un enfant meurt de faim ou des maladies causées par la faim », y apprend-on.